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Faire parler les « traces » d’empreintes digitales

Posté le par Matthieu Combe dans Entreprises et marchés

Les scènes de crimes pourraient révéler davantage de secrets grâce à de nouveaux marqueurs fluorescents.

Contrairement à ce que laissent présager les séries policières, il est généralement difficile de faire parler les empreintes digitales laissées sur des armes ou d’autres surfaces métalliques. Une nouvelle méthode de détection et de révélation des empreintes digitales utilisant des films fluorescents à couleur variable devrait permettre d’améliorer cette identification. Cette technique a été développée par l’Université de Leicester, l’Institut Laue-Langevin et la source pulsée de neutrons et de muons ISIS.

Sur les scènes de crimes, les assassins essayent d’essuyer leurs empreintes. Ils arrivent généralement à enlever les empreintes visibles mais ont plus de mal à supprimer toutes les traces non visibles à l’œil nu. Ce sont ces empreintes que la police scientifique voudrait pouvoir davantage exploiter. Car il n’est pas aisé de les faire ressortir de façon nette.

Améliorer les techniques existantes

La méthode de révélation la plus répandue repose sur l’application d’une poudre colorée qui va adhérer aux dépôts de sueur et d’huiles naturelles déposées par les extrémités des doigts. Elle crée ainsi un contraste qui révèle l’empreinte digitale. Malheureusement, les empreintes sont dégradées par le temps, les agressions extérieures et les lavages. Ainsi, cette technique ne permet d’identifier clairement que 10 % des empreintes digitales relevées sur les scènes de crimes. Les 90 % restant ne peuvent pas être utilisées devant un tribunal !

Pour ne pas laisser fuir impunément les assassins, la technique devait être améliorée. C’est le travail entrepris par des chercheurs de l’Université de Leicester. Leur principe ? Utiliser les caractéristiques d’isolant électrique des résidus ! La technique consiste à déposer un film polymère électroactif coloré sur des objets métalliques. Comme les résidus agissent comme un écran, le film ne se dépose qu’entre les espaces de résidus, ce qui crée une sorte de négatif de l’empreinte. Une fois déposés, il est possible de les exposer à une tension électrique qui les fait changer de couleur et permet de révéler l’empreinte. Mais il y a encore mieux ! L’équipe a affiné la technique en intégrant dans le film des molécules fluorophores qui réémettent la lumière d’une troisième couleur quand elles sont exposées à la lumière ou à toute autre forme de radiation électromagnétique comme des rayons ultra-violets.

Ainsi, la technique combine électrochimie et fluorescence. Il est possible de jouer à la fois sur l’électricité et la lumière car la tension électrique pour changer la couleur du polymère n’a aucun effet sur les molécules fluorophores. Ces deux leviers renvoyant une couleur différente, il est possible de joueur sur les deux techniques pour améliorer l’image finale de l’empreinte et obtenir le contraste optimal avec la surface métallique.

Cette technique est ultra-sensible et permet d’exploiter les résidus d’empreintes de quelques nanomètres d’épaisseur. La sensibilité de la technique permet donc de faire parler beaucoup plus d’empreintes que les techniques traditionnelles !

« Cette combinaison entre l’analyse par absorption optique et les observations à base de fluorescence élargit considérablement le champ des échantillons d’empreintes analysables, notamment en cas d’érosion due au vieillissement ou à un environnement agressif », estime leProfesseur Robert Hillman, chef du projet à l’Institut Laue-Langevin.

En utilisant cette nouvelle technique sur des empreintes de laboratoire, le Professeur Hillman et son équipe ont déjà démontré une amélioration des identifications formelles due à une meilleure résolution des échantillons. Néanmoins, comme tient à le souligner l’équipe, ces empreintes ont été prises dans des conditions de laboratoire. La prochaine étape consistera à appliquer la méthode à des empreintes digitales exposées à des conditions plus conformes à la réalité : eau, chaleur d’un incendie ou produits de nettoyage.

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique

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