Logo ETI Quitter la lecture facile
Le marché du drone civil est-il en plein boom ?

En ce moment

Le marché du drone civil est-il en plein boom ?

Posté le par Arnaud Moign dans Innovations sectorielles

Depuis 10 ans, le marché du drone civil ne cesse de se développer. Malgré cette croissance, les drones sont encore peu visibles dans l’espace aérien, du moins en Europe. Le boom du drone est-il déjà là ? Doit-on s’attendre à un déploiement du drone plus progressif ?

En 2015, le marché mondial du drone civil et militaire atteignait 4 milliards de dollars. Selon un rapport du Sénat paru en 2017, celui-ci devrait atteindre 14 milliards d’ici 2025. D’autres sources spécialisées avancent même le chiffre de 72 milliards en 2028, avec un taux de croissance annuel moyen de 14,4% !

Des prévisions optimistes au niveau mondial, mais qu’en est-il de la France ?

Pourtant, malgré ces prévisions optimistes, en France, le marché des drones civils professionnels semble toujours en phase de maturation. Il se concentre essentiellement sur des segments spécialisés, alors que les concurrents américains, chinois et israéliens ont pris la majorité des parts sur le marché des usages audiovisuels de loisirs.

Au cours de l’interview qu’il nous a accordé, David Miret, CTO de la plateforme de gestion de drone Clearance, a déclaré :

« Cela fait 10 ans qu’on entend parler de la révolution des drones et malgré tout, on ne voit toujours pas apparaître de milliers de drones au-dessus de Paris. En réalité, le marché du drone demeure modeste. Si on compte aujourd’hui une dizaine de milliers d’exploitants de drones professionnels[1] en France, ces entreprises sont en majorité des autoentrepreneurs, donc des personnes seules exerçant une activité annexe. Il y a aussi beaucoup de cabinets de géomètres qui se sont équipés en drones et qui utilisent ces outils, mais pas forcément de manière régulière. »

Si le secteur français des drones civils ne semble pas gigantesque à l’heure actuelle, la croissance du marché des drones est en revanche indéniable. Selon la DSAC, 2 000 nouveaux exploitants professionnels apparaissent chaque année et aucun ralentissement n’aurait encore été observé.

Une observation confirmée par David Miret : « Clearance fournit ses services à l’aéroport et l’aérodrome de Toulouse depuis 2017, ce qui nous permet d’avoir accès à des chiffres représentatifs. Sur la zone gérée par l’aérodrome, on observe bien une croissance de l’utilisation des drones de 20 % à 30 % par an. Ça peut sembler beaucoup, mais les chiffres sont modestes, car c’est toujours un marché de niche. »

Cette croissance n’est donc pas forcément un signal fort pour les investisseurs, car les applications business sont pour le moment modérées et les drones employés sont relativement peu onéreux.

« Il est difficile de donner des chiffres précis, mais on estime à quelques centaines de milliers le nombre de vols de drones annuels, en France. Sachant que les missions sont facturées quelques centaines d’euros en moyenne, les enjeux financiers restent faibles en comparaison avec les chiffres de l’aviation. »

Pour ce qui est des applications, le drone révolutionne néanmoins la pratique de certains métiers, notamment l’inspection (des bâtiments, des réseaux, des usines) ainsi que le métier de géomètre (photogrammétrie par drone, lidar, etc.). Ce succès vient également du fait que les sommes à investir sont relativement modérées.

« Pour réaliser le bilan thermique d’un bâtiment ou faire de l’inspection, inutile d’investir des sommes gigantesques. La plupart des exploitants de drones volent avec un DJI qui coûte quelques milliers d’euros et convient parfaitement à la plupart des applications. Les plus gros utilisateurs de drones en France sont d’ailleurs les exploitants de réseaux. RTE et ENEDIS ont ainsi formé des centaines de techniciens à l’utilisation des drones, car cela facilite considérablement le travail d’inspection et permet des économies tout en sécurisant les interventions. »

Le transport de marchandises et de passagers par drone : un marché voué à se développer ?

Bien que le drone ne semble pas destiné à remplacer les autres modes de transport aérien, de nouvelles applications pour le transport de marchandises et de passagers sont néanmoins en train d’émerger.

Des démonstrations de taxis volants expérimentaux seront même organisées lors des prochains Jeux olympiques de 2024, qui auront lieu à Paris. Si les projets concernant la mobilité urbaine se multiplient, avec le soutien de l’Union européenne, la question de la sécurité et de l’intégration des drones dans l’espace aérien reste néanmoins centrale et le développement de l’automatisation et du U-Space est une condition nécessaire.

La start-up française CAPS, dont nous avons interrogé le CEO, dans cet autre article, veut par exemple réinventer la mobilité urbaine en développant un système de transport par drone automatisé et 4 fois plus rapide que les modes de transport actuels ! En attendant d’obtenir les autorisations pour transporter des passagers (ce qui prendra du temps en Europe, mais ira beaucoup plus vite dans d’autres pays), CAPS va déployer son système pour le transport de marchandises, dans le but de fluidifier la supply chain.

Un développement du drone à plusieurs vitesses

C’est un fait, le marché du drone ne semble pas se développer à la même vitesse en Europe, aux États-Unis et en Asie et les stratégies employées seraient différentes.

En effet, dans des pays comme les États-Unis, ou ailleurs en Asie, on procède beaucoup par expérimentation et on se concentre d’abord sur la démonstration technique. L’aspect réglementaire est alors traité a posteriori, en fonction des retours d’expérience. En Europe il y a une tendance à vouloir légiférer en amont, sur des technologies qui ne sont pas totalement matures, ce qui peut aussi être perçu comme un facteur de ralentissement.

La livraison à domicile par drone en est peut-être le meilleur exemple. Il y a peu, la société Wing, détenue par Alphabet, la maison mère de Google, affirmait ainsi qu’en 2024 elle serait capable de gérer des millions de livraisons pour des millions de consommateurs. Au-delà du simple coup de com’, le service de livraison automatisé proposé par Alphabet semble presque arrivé à maturité, puisqu’ils annoncent avoir déjà dépassé les 200 000 livraisons commerciales par drone et que le service est déjà testé dans plusieurs villes du monde.


[1] En 2019, on dénombrait déjà plus de 15 000 aéronefs professionnels

Pour aller plus loin

Posté le par Arnaud Moign


Réagissez à cet article

Commentaire sans connexion

Pour déposer un commentaire en mode invité (sans créer de compte ou sans vous connecter), c’est ici.

Captcha

Connectez-vous

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous et retrouvez plus tard tous vos commentaires dans votre espace personnel.

INSCRIVEZ-VOUS
AUX NEWSLETTERS GRATUITES !