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Recyclage chimique des plastiques : état des lieux 2025

Posté le par Arnaud Moign dans Chimie et Biotech

Polyvia vient de publier l’édition 2025 de son rapport intitulé « Recyclage chimique : où en sommes-nous ? ». Selon l’étude, bien que le secteur de la pétrochimie soit en crise, les démarrages d’usines de recyclage chimique des plastiques se sont multipliés durant les années précédentes. Sur la vingtaine d’usines actuellement actives, 15 sont sur le sol européen. Leur pérennité dépendra néanmoins de leur rentabilité, du soutien qui sera apporté à l’UE par la filière et aussi de la clarification du flou réglementaire.

Les difficultés économiques que rencontrent la Chine et les tensions géopolitiques actuelles provoquent un ralentissement de la croissance du secteur pétrochimique, au niveau mondial. Si Polyvia constate un ralentissement des investissements dans le recyclage chimique et l’annulation de certains projets, environ 45 unités de recyclage chimique supplémentaires devraient néanmoins être installées dans le monde à partir de 2028, selon le document produit en février 2025 par le service Affaires économiques de Polyvia.

L’Europe, futur leader du recyclage chimique ?

75 % des unités de recyclage chimique actuelles sont situées en Europe. Selon Plastics Information Europe, cette position de leader du continent européen devrait se confirmer dans les années qui viennent, puisque, parmi les 45 futures unités annoncées dans le monde, 31 seront en Europe.

Toutefois, si cette tendance est positive, la mise en place d’une vraie filière de recyclage chimique va nécessiter un fort soutien de la part de l’UE. C’est d’autant plus essentiel que le marché européen du recyclage chimique est stimulé par les obligations réglementaires d’incorporation de matières recyclées, en particulier la PPWR¹ !

Pour que ces nouvelles usines prospèrent, il leur faudra :

  • un cadre réglementaire spécifique au recyclage chimique ;
  • des normes de qualité et de sécurité harmonisées, pour les produits fabriqués à partir de plastiques recyclés chimiquement ;
  • un soutien financier et des incitations.

Concernant ce dernier point, notons que la Commission européenne vient récemment de faire un pas en avant, en autorisant la France à aider la filière, à hauteur de 500 millions d’euros.

La Commission a ainsi jugé que « le régime est nécessaire et approprié pour permettre le déploiement du recyclage chimique des plastiques ».

Cette autorisation ouvre donc la voie à un recyclage chimique à grande échelle en France, un premier signal fort pour la filière.

Densité et volume, les deux principaux critères des pétrochimistes

Tous les projets de recyclage chimique ne suscitent pas le même intérêt. Selon Polyvia, les projets d’unités de recyclage chimique les plus populaires concernent les applications à fort volume et à forte densité de déchets. Il y a deux cas emblématiques : le recyclage chimique des pneus en fin de vie et celui des matelas, deux produits difficiles à recycler par les méthodes traditionnelles.

Prenons l’exemple des pneus. La société Bolder Industrie, basée aux États-Unis, va installer une filiale à Anvers, en Belgique, dans le but de recycler 4 millions de pneus en fin de vie, chaque année. Ce volume représente à peine 2 % des 200 millions de pneus usagés annuels produits par l’Europe : le potentiel industriel est donc important ! Le projet est ainsi fortement subventionné, par l’Europe (32 millions d’euros du Fonds d’innovation) et par la Région flamande (2 millions d’euros).

D’autres projets sont également en cours, et impliquent à la fois des fabricants de pneus, des investisseurs et des sociétés qui maîtrisent les technologies de recyclage chimique (voir tableau ci-dessous).

Projets en lien avec le recyclage chimique des pneumatiques
Projets en lien avec le recyclage chimique des pneumatiques (source : Polyvia)

Des projets annulés ou retardés

Polyvia constate néanmoins que les volumes disponibles ne sont pas un critère suffisant pour susciter un intérêt de la part des pétrochimistes, ceux-ci étant plus frileux sur les applications utilisant des déchets à faible densité, notamment les emballages plastiques.

Fin 2024, Suez a ainsi annulé son projet de recyclage chimique du PET et autres déchets plastiques mixtes, alors que les travaux devaient débuter en 2025. Deux raisons sont invoquées : « L’inflation des coûts du projet et la situation macroéconomique ».

De son côté, le groupe Eastman a décidé de retarder son projet d’usine de Port-Jérôme2, mais pour des raisons réglementaires. Selon Eastman, le point bloquant serait le flou réglementaire de l’UE sur le sujet.

Car la nouvelle directive de l’UE connue sous le nom de PPWR devrait favoriser le recyclage des emballages, donc ce type de projet, la décision de l’UE « d’ouvrir la voie à l’importation de plastiques recyclés provenant de pays tiers », créerait en parallèle « un déséquilibre concurrentiel dans le marché européen de la matière recyclée ». Si le projet est maintenu, Eastman attend néanmoins d’y voir plus clair pour se lancer.


1 Packaging and Packaging Waste Regulation
2 sur la commune de Saint-Jean-de-Folleville, en Seine-Maritime – 76

Pour aller plus loin

Posté le par Arnaud Moign


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