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Stellantis : Antonio Filosa saura-t-il insuffler un souffle nouveau ?

Posté le par Aliye Karasu dans Entreprises et marchés

L'arrivée d'un nouveau dirigeant à la tête de Stellantis suscite de grands espoirs. Quelle forme prendra le nouveau cap fixé pour sortir la multinationale de l'automobile de la mauvaise passe qu'elle traverse ? La transition vers l'électrification pourra-t-elle redresser une rentabilité en berne ?

En reprenant le flambeau à partir du 23 juin prochain, Antonio Filosa inaugurera une nouvelle ère pour Stellantis[1]. Sa nomination, annoncée en mai dernier, met fin à plusieurs mois d’incertitudes concernant l’identité du successeur de Carlos Tavares suite à la démission de ce dernier en décembre 2024.

Homme du sérail, Antonio Filosa pourra mettre à profit ses 25 ans d’expérience. Il a débuté au sein de FCA[2] où il dirigea notamment les opérations sud-américaines. En 2023, après la fusion avec PSA survenue deux ans auparavant, il prit les rênes de la marque Jeep. Il aura la lourde mission de redresser un groupe en perte de vitesse, marqué par une baisse des ventes de 14 % au premier trimestre 2025 par rapport à 2024 sur la même période. Quant au bénéfice net, celui-ci a plongé de 70 % en 2024.

Composer avec l’héritage légué par Carlos Tavares

Difficile de prévoir quelle direction prendra le groupe avec son nouveau dirigeant ; sa position concernant l’électrification demeure mystérieuse.

Carlos Tavares, quant à lui, n’était pas un ardent militant de la voiture électrique. Il dénonçait régulièrement le surcoût de production et la sévérité des normes européennes qui affectent la rentabilité de la voiture électrique face à la concurrence des constructeurs chinois.

Néanmoins, en octobre 2023, il avait créé la surprise en choisissant de s’associer avec le Chinois Leapmotor, spécialisé dans le 100 % électrique. Avec une prise de participation de 20 %, il étoffait ainsi son offre de voitures électriques abordables en Europe, avec notamment la citadine T03 et le SUV C10.

En 2022, Carlos Tavares avait même initié une stratégie ambitieuse du 100 % électrique à l’horizon 2030 sous le nom du plan « Dare Forward ».

L’agenda électrique remis en cause

Antonio Filosa va-t-il marcher dans les pas de son prédécesseur en maintenant la transition vers l’électrique ou reculer en optant pour l’hybride et le thermique ? Une prise de position qui ne devra pas négliger les réalités du marché qui peuvent retarder le virage de l’électrification.

C’est ainsi que le 14 mai dernier, une note interne relayée par Les Échos dévoilait que Stellantis avait changé ses plans et décidé de repousser l’objectif du 100 % électrique pour 2030. En cause, les ventes décevantes des véhicules électriques sur l’année 2024 en Europe avec une baisse de 6 % par rapport à l’ensemble de l’année 2023.

Un changement de cap qui est déjà visible dans l’usine de Metz, spécialisée dans les moteurs électriques. Elle devait fournir 800 000 unités cette année. Elle n’en produira finalement que 450 000.

Autre revirement : en février dernier, le groupe automobile a annoncé le maintien de sa production diesel et son renforcement. Cette décision, motivée par le manque d’attrait des véhicules électriques, est à rebours d’une industrie automobile qui souhaite en finir avec le diesel. Alors qu’elle devait initialement cesser la production des moteurs 1.5 et 2.2 diesel afin d’aboutir à leur retrait du marché en 2025, l’usine de Trémery va maintenir cette activité jusqu’en 2030.

Un avenir placé sous le signe de la prudence ?

Pour le moment, Stellantis préfère miser sur le principe des plateformes multiénergies qui offrent des alternatives thermiques ou hybrides. La prise de risque pour les marques est minimale. Est-ce judicieux quand on assiste à l’avancée frénétique des constructeurs chinois ou à la spécialisation du groupe Renault dans l’électrique avec sa filiale Ampere ?

Stellantis, en offrant une longueur d’avance à ses concurrents, pourrait pâtir de son manque d’audace.


[1] Groupe composé de 15 marques (dont Peugeot, Citroën, Fiat, Jeep, Opel) issues de la fusion PSA-FCA

[2] Fiat Chrysler Automobiles

Pour aller plus loin

Posté le par Aliye Karasu


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