L’ébullition est le processus de transfert thermique d’une paroi chauffée vers un liquide, associé à un changement de phase se traduisant par la formation de bulles de vapeur dans le liquide. L’ébullition libre (ou ébullition en vase, qui se rapproche davantage de son équivalent anglais « pool boiling ») fait référence à l’ébullition dans un liquide immobile en l’absence de sollicitation thermique et se distingue de l’ébullition convective pour laquelle le fluide est mis en mouvement par un organe externe comme une pompe. Le phénomène d’ébullition occupe une grande place dans de nombreux domaines industriels car il permet de dissiper des densités de flux élevées avec des écarts de température entre la paroi et le fluide relativement faibles. Il est ainsi mis en œuvre dans des opérations de refroidissement de systèmes dissipatifs (composants électroniques, moteurs, etc.), dans des échangeurs thermiques (évaporateurs de systèmes frigorifiques, de systèmes de conversion d’énergie thermo-mécanique, etc.), ou encore dans le domaine du génie chimique ou du génie des procédés.
Que les dispositifs techniques, mentionnés précédemment, fassent appel à l’ébullition libre ou à l’ébullition convective, la compréhension des phénomènes fondamentaux (thermodynamique des équilibres de phase, dynamique de croissance de bulles) régissant l’ébullition est essentielle à une bonne maîtrise des transferts thermiques et de leurs couplages avec le comportement hydraulique du volume de liquide (régimes d’ébullition). Cette compréhension constitue la clef pour envisager des conceptions améliorées de ces dispositifs en tirant parti de phénomènes locaux, après un dimensionnement constituant une esquisse basée sur des lois d’échanges thermiques macroscopiques.
En raison d’une recherche de compacités accrues pour limiter les quantités de fluide ou pour répondre aux contraintes imposées par la miniaturisation d’un grand nombre de systèmes qui dissipent des densités de flux sans cesse croissantes (notamment les composants électroniques), les échangeurs diphasiques ont évolué vers des conceptions tirant partie des microtechnologies d’usinage. Les lois macroscopiques établies pour des géométries conventionnelles cessent d’être utilisables car d’autres phénomènes interviennent aux petites échelles.
La mise œuvre de l’ébullition de mélanges de fluides est une pratique courante dans le domaine du génie des procédés, par exemple pour des opérations de distillation. De même, du fait de l’évolution de la nature des fluides utilisés dans les évaporateurs frigorifiques, liée aux problèmes environnementaux, les fluides frigorigènes sont de plus en plus des mélanges non azéotropiques. L’ébullition de mélanges de fluides diffère de l’ébullition des corps purs en raison de la différence de volatilité de chaque espèce ainsi qu’en raison de la diffusion d’une espèce au sein de l’autre. Des outils spécifiques à ces situations ont par conséquent été développés.
Enfin, en raison de son application à des évaporateurs de systèmes de réfrigération par sorption, qui connaissent un regain d’intérêt de par leur empreinte environnementale réduite, la thématique de l’ébullition sous très faible pression (c’est-à-dire à proximité du point triple du fluide) s’est développée au cours des dernières années. De ces conditions thermodynamiques particulières naissent des phénomènes dont l’impact sur la thermohydraulique de l’ébullition est majeur. Au-delà de la nécessité de les prendre en compte pour concevoir des évaporateurs à basse pression, leur étude permet de renforcer la connaissance générale du phénomène d’ébullition que cet article s’efforce de présenter.