La bioacoustique est une branche de la science issue de l’éthologie*. Si de tout temps les hommes se sont intéressés aux sons produits par les animaux, c’est à un biologiste slovène, Ivan Regen, que l’on doit la naissance dans les années 1920 de la bioacoustique en tant que véritable discipline scientifique. Ce biologiste s’est intéressé aux stridulations produites par différentes espèces d’Orthoptères* (criquets et sauterelles), stridulations qu’il a enregistrées puis rediffusées à des individus pour observer leurs réponses. C’est ensuite le développement d’outils et de méthodes permettant d’enregistrer, d’analyser et de traiter les signaux acoustiques qui a permis l’évolution de la recherche dans le domaine de la bioacoustique. En 1945, l’invention par le laboratoire Bell du sonagraphe a permis de visualiser les trois paramètres fondamentaux du son : temps, fréquence et intensité. En 1951, l’ingénieur suisse Stefan Kudelski fabrique un magnétophone de petites dimensions et autonome en énergie qui va révolutionner l’enregistrement en milieu naturel. C’est ainsi que dans les années 1950-60, les progrès techniques dans le domaine de l’analyse et de la synthèse acoustiques ont permis véritablement d’étudier de façon précise les vocalisations animales. La bioacoustique, en tant que domaine de recherche, s’est développée d’abord dans les pays anglo-saxons, principalement à l’université de Cambridge en Angleterre et au Cornell Lab. of Ornithology aux États-Unis… puis en Europe. Petit cocorico : un laboratoire français, sous l’égide de René-Guy Busnel (directeur du laboratoire d’acoustique animale à l’EPHE et du laboratoire de physiologie acoustique à l’INRA de Jouy-en-Josas), a dès 1965 lancé la bioacoustique en France et ce laboratoire a rapidement acquis une renommée internationale. Les premiers modèles animaux étudiés par les bioacousticiens ont été les Orthoptères, les oiseaux et les cétacés. Aujourd’hui, on peut estimer que plus d’une centaine de laboratoires à travers le monde travaillent dans ce domaine. Les recherches impliquant des études en physiologie et neurophysiologie et celles impliquant des animaux domestiques s’effectuent essentiellement en laboratoire, alors que celles à visées plus éthologiques et écologiques sont davantage menées sur le terrain avec des animaux sauvages.
Nota
*un glossaire est présenté en fin d’article.