La dendrochronologie est une discipline vaste qui consiste à analyser les chronologies de largeurs des cernes annuels de croissance des arbres. Les domaines d'application de cette discipline sont très variés (géologie, anthropologie, climatologie) et, à l'heure actuelle, sous elle regroupe toutes les disciplines qui utilisent directement ou indirectement l'information « date » contenue dans une série chronologique de cernes.
La dendroécologie, dérivée de la dendrochronologie, se rapporte à l‘étude des relations spatio-temporelles entre les végétaux ligneux et leur habitat. Cette discipline se concentre sur l'influence des signaux environnementaux communs à tous les arbres d'une communauté : les signaux climatiques et leurs interactions avec les conditions écologiques locales, mais aussi les perturbations à grandes échelles externes à la communauté forestière. Elle s'est diversifiée en plusieurs branches au cours des dernières années afin de répondre à l'apparition de problématiques nouvelles en sciences de la terre et de l'environnement.
Le présent article présente les bases de la dendroécologie (formation des cernes et principes de la méthode, § 1 et 2), les développements récents de la discipline et des exemples d'utilisation en sciences de l'environnement (paragraphe 3 à 8). Le paragraphe 1 présente succinctement les principes de la xylogenèse en milieu tempéré. Le paragraphe 2 est consacrée aux principes qui régissent l'approche dendroécologique : un principe fondamental, l'interdatation, qui permet d'attribuer à chaque cerne l'année exacte de sa formation et quatre principes additionnels permettant d'appréhender les relations cernes-climat. Ces principes qui régissent l'ensemble des études dendroécologiques font des cernes de croissance des arbres les proxies (bioindicateurs) à haute résolution spatio-temporelle les plus utilisés pour la reconstruction des environnements passés.
Le paragraphe 3 présente ainsi les apports de la dendroclimatologie pour la reconstitution du climat, la compréhension des forçages climatiques et la caractérisation du réchauffement actuel. Le paragraphe 4 est centré sur la reconstitution du fonctionnement hydrologique des cours d'eau et sur les apports de la dendrohydrologie pour la gestion des ressources en eau. Les recherches récentes concernant la reconstitution des fluctuations écologiques (incendies de forêt, épidémies de tordeuse) et des fluctuations glaciaires sont présentées dans les paragraphes 5 et 6. Enfin, les paragraphes 7 et 8 sont consacrés à l'approche dendrogéomorphologique et à ses apports en matière de reconstitution et spatialisation des aléas naturels et pour la quantification de l'érosion aréolaire.