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Décryptage

Les sciences participatives révolutionnent le suivi de la biodiversité

Posté le par Pierre Thouverez dans Environnement

En matière de biodiversité, les sciences participatives ont le vent en poupe. À l’instar du programme Vigie-Nature, porté par le Muséum national d’Histoire naturelle, de nombreux observatoires font appel à des contributeurs volontaires, tantôt néophytes, amateurs ou spécialistes. Quelle contribution apportent-ils aux connaissances actuelles ? Comment changent-ils les questionnements scientifiques ? En vertu de quels enjeux ?

Le Suivi temporel des Oiseaux Communs (STOC), le plus ancien observatoire participatif français, vient de fêter son trentième anniversaire, fournissant l’occasion de dresser le bilan des millions de données collectées depuis 1989. Animé par la Ligue de protection des oiseaux (LPO), son efficacité repose sur une communauté d’ornithologues amateurs mais passionnés.

L’Observatoire des Saisons (ODS), dédié depuis 2007 à la phénologie, a un spectre taxonomique bien plus large puisqu’il porte aussi bien sur la flore, avec l’aide du réseau de botanistes amateurs Tela Botanica, que sur la faune terrestre, des reptiles aux insectes et aux oiseaux, et s’adresse aux débutants autant qu’aux naturalistes aguerris. Il a fourni, en 2020, 2 990 observations réparties sur 2 870 stations. Le bilan des participants est plus mitigé : s’il a attiré 373 nouveaux inscrits, seuls 160 observateurs ont été réellement actifs.

Le Collectif National des Sciences Participatives, formé depuis 2012, a mis en place 165 observatoires fonctionnant avec plus de 70 000 participants, un nombre multiplié par trois en 10 ans.

De plus, le réseau national Vigie-Nature, les Sentinelles de la Mer et les centres permanents d’initiatives pour l’environnement (CPIE) s’impliquent dans la diffusion des sciences participatives au niveau régional ou local.

La vogue des inventaires naturalistes 2.0

Les observatoires participatifs font partie intégrante de démarches de recherche coordonnées par des organismes comme le Cefe-CNRS (Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive) pour l’ODS ou le CRBPO (Centre de recherche sur la Biologie des Populations d’Oiseaux, MNHN) pour le STOC. Leurs protocoles scientifiques sont conçus pour faciliter la collecte des données et garantir leur fiabilité, à travers des guides techniques et des outils informatiques adaptés, comme les applications mobiles.

Ce regain d’intérêt pour les inventaires naturalistes vient répondre aux défis écologiques actuels. Il n’est plus seulement question de chercher les spécimens endémiques et rares, apanage des spécialistes, mais de rendre compte de la nature ordinaire – en particulier en milieu urbain – perturbée par l’anthropisation, de documenter la crise de la biodiversité ou de révéler les effets du changement climatique à l’échelle du quotidien.

La participation répétée du public, répartie entre un très grand nombre de sites, permet de multiplier les observations, dans une gamme étendue de situations. Elle s’intègre aux dispositifs plus pointus et aux systèmes d’information experts, afin de suivre les évolutions et de repérer les facteurs de changement.

Une véritable politique de soutien aux sciences participatives

La Stratégie nationale de Biodiversité 2011-2020 a ainsi fait de la mobilisation et de l’initiative citoyenne un objectif stratégique. La participation publique est ainsi devenue un passage obligé de la politique de conservation de la biodiversité, utilisée pour évaluer l’efficacité des politiques publiques comme pour réguler les activités économiques, au travers de la séquence ERC : Éviter, Réduire et Compenser les impacts sur la biodiversité. L’Office français de la biodiversité (OFB), devenu le bras armé de ces politiques, inclut même le nombre de participants à ces programmes d’observation parmi ses indicateurs de transition écologique.

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Posté le par Pierre Thouverez


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