Les nanotechnologies ont permis l’émergence de nombreuses applications industrielles, notamment dans le domaine pharmaceutique en tant que vecteurs de substances actives. Elles permettent ainsi d’adresser ces substances vers un tissu particulier de l’organisme. Les nanomédicaments, qui résultent de l’association d’une substance active et d’une nanotechnologie, ne sont pas des médicaments comme les autres. Ils sont généralement constitués d’un cœur liquide ou solide, contenant la substance active, entouré d’une couronne (figure 1). Cette couronne sera exposée au milieu biologique et permettra d’exercer trois fonctions importantes : i) une fonction de stabilisation colloïdale pour éviter les phénomènes d’agrégation en milieu biologique, ii) la possibilité de contourner la destruction des nanomédicaments par les cellules du système immunitaire et enfin iii) l’association à leur surface d’un ligand pour la reconnaissance d’une cible cellulaire. Les nanomédicaments sont, cependant, des médicaments comme les autres pour toute une partie de leur développement puisqu’ils subissent l’évaluation clinique exigée par la réglementation et qui précède toute demande de mise sur le marché.
Toutefois, les matériaux nanostructurés possèdent des propriétés physico-chimiques différentes de celles des substances chimiques en vrac. Ces propriétés résultent de leur petite taille et d’une très grande surface d’exposition au milieu environnant et notamment le milieu biologique. Les interactions avec le milieu biologique vont se traduire par des propriétés pharmacocinétiques et une distribution tissulaire tout à fait spécifiques ainsi que par le franchissement de certaines barrières biologiques, normalement infranchissables. Toutes ces propriétés sont considérées comme des atouts importants pour le développement pharmaceutique des nanomédicaments. Toutefois, elles sont susceptibles d’entraîner l’apparition de nouveaux effets toxiques. Ces effets, ainsi que dans certains cas la persistance des nanomédicaments dans le corps humain, constituent des objets de préoccupation qui nécessitent une réglementation particulière.
Il est cependant extrêmement difficile d’établir une réglementation unique étant donné la diversité des nanomédicaments, celle de leur nature chimique ainsi que leurs nombreuses applications. C’est pour cette raison que dans la plupart des pays, des recommandations ont été produites par les agences du médicament. Cet article a pour objectif de faire le lien entre les connaissances fondamentales acquises au niveau de la caractérisation et le devenir cellulaire et tissulaire des nanomédicaments et ces recommandations.