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RÉSUMÉ
Les fluides d'usinage jouent un rôle déterminant dans l'efficacité des opérations d'usinage des composants mécaniques. Ils constituent un levier important pour augmenter la productivité et la qualité des pièces usinées, ainsi que pour optimiser la durée de vie des outils de coupe. Les fluides d'usinage constituent donc un facteur de compétitivité important dans le domaine de l'usinage. Cet article explique le rôle des fluides d'usinage afin de mieux comprendre les enjeux liés à leur utilisation, ainsi que les choix à faire dans un environnement hautement technique, concurrentiel et stratégique.
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Benoît BROQUERIE : Formateur en liquides de coupe-process, Nancy, France
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Julien THIL : Ingénieur mécanique – Docteur ès mécanique et énergétique – Expertise coupe/usinabilité, Metz, France
INTRODUCTION
Des études réalisées vers 1883 sur l’organisation du travail et la coupe des métaux font, les premières, état de l’utilisation de l’eau de savon pour l’arrosage des pièces en cours d’usinage. Les vitesses de coupe augmentaient, de ce fait, de 30 à 40 % et l’on pouvait espacer l’affûtage des outils.
L’eau de savon posait alors les bases de l’utilisation des fluides de coupe en usinage, cela en remplissant les fonctions essentielles d’une assistance efficace du processus d’enlèvement de matière, à savoir :
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refroidir la zone de coupe grâce à la capacité thermique massique élevée de l’eau ;
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lubrifier l’interface outil/matière en diminuant le coefficient de frottement grâce à la teneur en corps gras du savon ;
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rincer l’environnement de coupe grâce à la densité du fluide qui transporte la matière usinée (copeaux et matière usinée) hors de la zone de coupe et de la surface usinée.
En outre, l’eau de savon était plus « mouillante » que l’eau pure. Pour autant, elle ne permettait pas d’éviter la corrosion et tachait les pièces et les machines. L’eau de savon fut remplacée par des huiles végétales ou animales, puis par des émulsions d’huiles minérales et, enfin, par des mélanges d’huiles minérales et de matières grasses dans lesquels sont ajoutés des additifs pour leur conférer des propriétés supplémentaires. La technique de distribution des huiles de coupe se modifia. Un bac central dans chaque atelier permit de distribuer le liquide aux diverses machines. Les liquides d’arrosage furent désignés sous le nom d’huiles de coupe car, solubles ou non, ces liquides comportaient toujours des huiles et, le plus souvent, un pourcentage important d’huiles minérales.
Un nouveau pas fut franchi quand il fut possible de trouver sur le marché des fluides de coupe qui ne contenaient plus d’huile d’aucune sorte. C’est pourquoi il est plus pertinent d’employer le terme « fluide de coupe » car il fait la synthèse de l’importante diversité technique de tous les liquides de coupe présents sur le marché. La norme NF ISO 6743-7 établit une classification des fluides de coupe selon la famille des « fluides aqueux » et la famille des « huiles entières ».
Le marché mondial des lubrifiants industriels, dans lequel il est possible de retrouver les fluides de coupe, connait une croissance soutenue, portée par une demande croissante dans les secteurs de la fabrication, de l’énergie, des transports et de la construction. En 2024, la consommation mondiale de lubrifiants industriels est estimée à 22,07 milliards de litres : elle devrait atteindre 26,06 milliards de litres à l’horizon 2029, soit un taux de croissance annuel d’environ 3,4 %.
Dans un contexte de demande soutenue et de responsabilité environnementale accrue, les fluides de coupe se réinventent afin d’être plus vertueux, cela à efficacité constante ou améliorée. C’est ainsi que les notions suivantes apparaissent.
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Usinage propre : il permet d’exploiter le plein potentiel de la consommation des fluides de coupe, d’éviter les gaspillages et de valoriser les déchets, tout en optimisant la production des pièces. Cette notion englobe à la fois un meilleur impact environnemental, technique et économique, donc une meilleure compétitivité.
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Biolubrifiant : cette appellation définit les produits permettant de réduire les risques pour l’environnement, de protéger les ressources naturelles et d’améliorer la qualité des eaux. Cette définition reste néanmoins complexe à appréhender pour les fabricants et fournisseurs, même si de nombreux efforts sont continuellement déployés pour améliorer les produits.
Eu égard aux enjeux liés aux lubrifiants industriels pour l’optimisation des usinages ainsi que pour l’amélioration de l’impact environnemental, cet article expose le rôle des fluides de coupe afin de mieux maitriser les enjeux de leur utilisation, mais aussi pour mieux appréhender les choix dans un environnement éminemment technique, concurrentiel et stratégique.
Cette étude se compose de trois articles complémentaires : [BM 7 064] ; [BM 7 065] ; [BM 7 066]. Ceux-ci visent à livrer une vision technique et pratique des fluides de coupe en usinage afin de procéder aux meilleurs choix possibles et à une utilisation opportune.
MOTS-CLÉS
VERSIONS
- Version archivée 1 de avr. 2001 par Benoît BROQUERIE
- Version archivée 2 de juil. 2005 par Benoît BROQUERIE
DOI (Digital Object Identifier)
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4. Conclusion
Les fluides de coupe constituent un pilier incontournable des procédés d’usinage. Ils remplissent des fonctions essentielles – refroidissement, lubrification, évacuation des copeaux et protection des pièces comme des outils – qui conditionnent la qualité des surfaces usinées, la durée de vie des outils et la productivité des ateliers. Au-delà de leur rôle technique, ils influencent directement la compétitivité industrielle en représentant à la fois un levier de performance et une source de coûts non négligeables (jusqu’à 10 % du coût de production d’une pièce).
Malgré leurs apports, les fluides de coupe posent plusieurs défis. Leur gestion engendre des coûts additionnels liés au stockage, à la filtration, au recyclage et au traitement des déchets. Ils peuvent également provoquer des impacts négatifs sur l’environnement (pollution des copeaux, consommation annuelle importante) et sur la santé des opérateurs (affections respiratoires, irritations cutanées). Ces contraintes imposent une surveillance régulière (concentration, pH, contamination) et une maîtrise stricte des bonnes pratiques afin de maximiser leur durée de vie et de minimiser leurs effets indésirables.
L’avenir des fluides de coupe s’oriente vers des solutions plus durables, performantes et intelligentes. Les recherches actuelles visent à développer des biolubrifiants et des formulations moins polluantes, répondant aux exigences croissantes de responsabilité environnementale (ISO 14000). Les notions d’usinage propre et de valorisation des déchets gagnent en importance pour limiter le gaspillage et optimiser les cycles de production. Par ailleurs, l’essor du monitoring numérique en temps réel (capteurs, analyse en continu, corrections automatiques) promet une gestion plus fine et réactive des fluides. Enfin, des alternatives ou assistances complémentaires, comme l’usinage cryogénique, la lubrification en quantité minimale (MQL) ou l’intégration de fluides multifonctionnels pourraient réduire significativement la dépendance aux méthodes conventionnelles.
En définitive, les fluides de coupe, longtemps considérés uniquement comme des auxiliaires techniques, s’affirment comme des leviers stratégiques, à la croisée de la performance industrielle, de la compétitivité économique et de la transition écologique.
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - BIERLA (A.) - Usinage des aciers prétraités à l’huile de coupe entière – Effets physico-chimiques des additifs soufrés. - Thèse de l’École nationale supérieure d’arts et métiers (2009).
-
(2) - PRUNIAUX (R.), CRUZ GARCIA (M.), JAY (J.) - Guide des bonnes pratiques : Les fluides de coupe, - Cetim (2022).
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(3) - CORDEBOIS (J.P.) et al - Fabrication par usinage. - Coll. Industrie et technologies, série matériaux. Dunod (2003).
-
(4) - BARLIER (C.) - MEMOTECH : Génie Mécanique – Productique Mécanique. - Casteilla (1993).
-
(5) - BARLIER (C.) - MEMOTECH Plus : Industrialisation & mécanique. - Casteilla (2010).
-
(6) - HAAN (D.M.) et...
DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
NORMES
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Géométrie de la partie active des outils coupants. Notions générales. Systèmes de référence, angles de l’outil et angles en travail [annulée et remplacée par NF ISO 3002-1] - NF E66-502 - 1978
-
Lubrifiants, huiles industrielles et produits connexes (classe L) – Classification – Partie 7 : famille M (travail des métaux) - NF ISO 6743-7 - 1987
-
Lubrifiants, huiles industrielles et produits connexes (classe L) – Classification – Partie 8 : famille R (protection temporaire contre la corrosion) - NF ISO 6743-8 - 1987
-
Grandeurs de base pour la coupe et la rectification – Partie 1 : géométrie de la partie active des outils coupants – Notions générales, système de référence, angles de l’outil et angles en travail, brise-copeaux - NF ISO 3002-1 - 1993
-
Domaine de fonctionnement des outils coupants – Couple outil-matière – Partie 3 : application à la technologie de tournage - NF E66-520-3 - 1997
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Domaine de fonctionnement des outils coupants – Couple outil-matière – Partie 4 : mode d’obtention du couple outil-matière en tournage - ...
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