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Décarboner le ciment : Ecocem mise sur l’innovation en France

Posté le par La rédaction dans Matériaux

Ecocem vient de dévoiler un nouveau centre de recherche et d’innovation en France pour renforcer ses technologies de ciment à faible émission de carbone. Ce projet s’inscrit dans sa stratégie ambitieuse de décarbonation rapide de l’industrie du ciment.

Ecocem[1] a officiellement inauguré un centre de recherche et d’innovation à Chilly-Mazarin, en Ile-de-France, doté d’un investissement de plus de 10 millions d’euros. Ce nouvel établissement a pour mission de soutenir le développement de ses technologies de ciment à faible émission de carbone et d’accélérer leur adoption industrielle.

Le centre, d’une surface de 3 300 m², s’inscrit dans la feuille de route technologique d’Ecocem, qui vise à repousser les limites des matériaux cimentaires par des substituts au clinker, des matériaux cimentaires complémentaires (supplementary cementitious materials, SCM) ou d’autres adjuvants minéraux. Grâce à cette infrastructure, l’entreprise entend dépasser les progrès déjà apportés par sa technologie ACT (Advanced Cement Technology), aujourd’hui proche de la phase de commercialisation.

ACT est une innovation majeure développée par Ecocem pour réduire de façon drastique l’empreinte carbone du ciment. La technologie combine des substituts largement disponibles, un dosage optimisé et des procédés compatibles avec les installations existantes. Elle permettrait de réduire jusqu’à 70 % les émissions par rapport à un ciment classique. Le nouveau centre doit favoriser le perfectionnement d’ACT, l’expérimentation de variantes technologiques et la validation de nouveaux matériaux compatibles avec les contraintes industrielles et réglementaires.

L’équipe de recherche interne est dirigée par Roberta Alfani. Elle compte trente ingénieurs et techniciens aux profils multidisciplinaires, provenant de plus de dix nationalités. Elle travaille sur le ciment propre, les mortiers industriels et les solutions de chimie du bâtiment, tout en collaborant avec des universités et des acteurs de l’infrastructure. L’un des objectifs affichés est de soutenir l’élaboration de normes industrielles et d’orienter les pratiques de l’ensemble de la filière ciment-béton.

L’inauguration a été marquée par la présence de Niall Burgess, ambassadeur d’Irlande en France et Monaco, soulignant le rôle d’Ecocem comme pont industriel entre l’Irlande et la France. Le groupe, fondé en Irlande, est solidement implanté sur le marché français. Il s’appuie sur une stratégie d’industrialisation accélérée. Ainsi, récemment, Ecocem a annoncé un plan d’investissement de 170 millions d’euros pour installer quatre nouvelles lignes de production ACT en France, en complément d’une ligne initiale à Dunkerque, afin de porter sa capacité à 1,9 million de tonnes par an. Ces extensions permettront, selon ses estimations, d’éviter 800 000 tonnes de CO₂ par an et de créer environ 60 emplois pérennes.

À ce jour, Ecocem revendique déjà 18 millions de tonnes de CO₂ évitées grâce à ses innovations. Le nouveau centre devra rendre possible une réduction encore plus ambitieuse, avec une cible de 90 % de diminution des émissions dans la filière ciment d’ici 2030. L’entreprise affirme vouloir atteindre la neutralité carbone pour le ciment dès 2040, soit dix ans avant de nombreuses prévisions globales, sans recourir massivement à la capture et au stockage du carbone (CCUS).

Ce choix technologique est stratégique. En effet, la plupart des cimentiers misent sur la CCUS comme élément central de leur stratégie de décarbonation. Ecocem, en s’appuyant sur la chimie des matériaux et l’optimisation des formulations, propose une voie alternative. Le défi pour le secteur est immense : le ciment représente environ 8 % des émissions mondiales de CO₂, une part comparable à celle de l’aviation ou du transport maritime.

Cependant, réussir la transition implique plusieurs exigences. Les formulations alternatives doivent notamment répondre aux performances mécaniques, à la durabilité, aux coûts, à la compatibilité avec les procédés existants, et à l’acceptation par les maîtres d’ouvrage, les bureaux de contrôle et les standards normatifs. Le nouveau centre devra aussi alimenter les validations en conditions réelles.

Enfin, la dimension partenariale est essentielle. Ecocem prévoit ainsi de travailler avec des industriels du bâtiment, des laboratoires universitaires, des institutions de normalisation et des acteurs de l’infrastructure pour accélérer l’adoption de ses technologies bas carbone. Ce hub français se présente ainsi non seulement comme un moteur interne de R&D, mais aussi comme un point de convergence de l’écosystème européen du ciment « vert ».


[1] Ecocem

Pour aller plus loin

Posté le par La rédaction


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