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La géo-ingénierie solaire ne peut s’envisager comme une mesure temporaire

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La géo-ingénierie solaire ne peut s’envisager comme une mesure temporaire

Posté le par Nicolas LOUIS dans Environnement

Des scientifiques démontrent que le recours à des technologies de modification du rayonnement solaire pour réduire artificiellement la température moyenne globale de l'air ne peut pas être envisagé comme une mesure de courte durée pour lutter contre le réchauffement climatique. Dans la plupart des scénarios du dernier rapport du GIEC, elles devraient être utilisées pendant plus d'un siècle.

La géo-ingénierie solaire regroupe l’ensemble des technologies qui visent à baisser artificiellement la température moyenne globale de l’air en renvoyant une plus grande partie de l’énergie du soleil dans l’espace. Face à la difficulté à respecter l’accord de Paris qui fixe l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré d’ici à la fin du siècle, de plus en plus de publications étudient la modification du rayonnement solaire, également appelée SRM pour Solar radiation modification. Par contre, elles se concentrent essentiellement sur leurs potentiels ainsi que sur leurs effets secondaires, mais accordent peu d’attention aux délais nécessaires à leur déploiement. Une étude, publiée dans Earth System Dynamics et impliquant un laboratoire du CNRS-INSU, s’est précisément penchée sur ce point.

Rappelons que trois techniques font principalement l’objet de discussions dans la littérature scientifique. La première, nommée injection d’aérosols stratosphériques (ou SAI pour Stratospheric aerosol injection) consiste à augmenter le nombre de petites particules réfléchissantes dans la stratosphère pour dévier et renvoyer plus de rayons du soleil dans l’espace. L’éclaircissement des nuages marins (ou MCB pour Marine cloud brightening) est une technique qui repose sur la diffusion de particules dans la basse atmosphère au-dessus des océans pour rendre les nuages plus lumineux, ce qui augmenterait la quantité de lumière solaire renvoyée. Et enfin, la technique d’amincissement des cirrus (ou CCT pour Cirrus cloud thinning) consiste à modifier les propriétés des nuages de glace à haute altitude pour augmenter la transparence de l’atmosphère au rayonnement thermique.

Toutes ces méthodes pourraient en théorie stopper l’augmentation de la température mondiale très rapidement, à condition qu’elles soient activement soutenues. Elles ne s’attaquent pas à la cause du réchauffement, mais sont présentées comme pouvant être utilisées temporairement, le temps que les émissions de gaz à effet de serre se réduisent, et que des méthodes d’élimination et de stockage du CO2, encore appelée CDR pour Carbon Dioxide Removal, deviennent suffisamment efficientes pour qu’il ne soit plus nécessaire de recourir à la géo-ingénierie solaire.

Une durée allant de 150 à 300 ans pour limiter le réchauffement à 1,5 degré

Dans cette étude, les chercheurs ont analysé quelle serait la durée de déploiement des techniques de SRM pour limiter le réchauffement à 1,5 degré. Pour cela, ils ont examiné 355 trajectoires d’émissions de gaz à effet de serre tirées du dernier rapport du GIEC à l’horizon 2030, et ils les ont extrapolées jusqu’en 2500. L’étude ne fait pas la distinction entre les différentes approches technologiques de SMR existantes. Elle n’aborde pas non plus les questions de faisabilité ou d’effets secondaires environnementaux de ces techniques, qui sont nombreux, ni ne propose de stratégies et de conceptions de mise en œuvre potentielle. Elle vise plutôt à fournir un cadre conceptuel pour explorer la durée de déploiement des techniques SRM dans un contexte où elles seraient utilisées comme une mesure temporaire.

Résultat, les scientifiques constatent qu’il existe un large éventail de durées potentielles de déploiement allant de zéro à plus de 470 années, et que dans la plupart des scénarios, ce déploiement devrait durer entre 150 et 300 ans. Ils réfutent donc l’idée que les technologies SRM sont une mesure de courte durée et montrent que leur déploiement risque d’être un engagement sur plusieurs siècles, avec des coûts, des risques et des effets secondaires associés. « Étant donné que leurs effets seront pour la plupart incertains au moment de l’initialisation du SRM, une prédiction de la durée du déploiement semble peu probable, avec des possibilités allant de décennies à plusieurs siècles. Il s’agit d’une lacune dans les connaissances qui doit être prise en compte avant que toute proposition de SRM ne soit sérieusement envisagée », écrivent les auteurs de cette étude.

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Posté le par Nicolas LOUIS


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