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Décryptage

« La réalité virtuelle se démocratise »

Posté le par La rédaction dans Informatique et Numérique

[Interview] Sabine Coquillart - INRIA

En décembre 2009, l'INRIA a organisé à Lyon, la première édition de la "Joint Virtual Reality Conference". Un évènement qui a rassemblé pas moins de 220 experts mondiaux de la réalité virtuelle. Avancées de la recherche, diversité des applications, Sabine Coquillart, directrice de recherche à l'INRIA, revient sur cet évènement et sur les suites qui lui seront données.

Début décembre 2009, l’Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique (INRIA) organisait à Ecully, près de Lyon, la première édition de la « Joint Virtual Reality Conference ». Une première qui a rassemblé environ 220 experts mondiaux de la réalité virtuelle. Sabine Coquillart, directrice de recherche à l’INRIA, revient sur cet évènement, sur les suites qui lui seront données, ainsi que sur les avancées de la recherche et la diversité des applications.

ETI : Il s’agissait de la première édition de la Joint Virtual Reality Conference. Quels étaient les objectifs de cette nouvelle manifestation ?

Sabine Coquillart :  » En tant que telle, il s’agissait bien de la première édition de cette manifestation. Mais en fait, elle est le fruit de la réunion de trois conférences existantes : l’Eurographics international symposium on Virtual Environment (EGVE) dont c’est la 15ème édition, l’International Conference on Artificial Reality and Telexistence (ICAT) qui est la plus ancienne puisqu’il s’agit de la 19ème édition, et EuroVR qui en est à sa 6ème édition. Nous devons cette évolution en partie à la volonté d’un certain nombre de personnes de mêler plus intimement la recherche académique et l’expérimentation industrielle, et pour l’autre, aux circonstances, l’ICAT ayant décidé cette année d’organiser sa conférence en Europe. La fusion des trois conférences n’aura lieu qu’en 2009 puisque l’ICAT se déroulera en 2010 dans une autre partie du monde. Mais étant donné l’intérêt qu’a suscité l’association de l’EGVE et de l’EuroVR, il a été décidé de renouveler l’expérience l’année prochaine. La prochaine édition sera donc européenne et elle se déroulera en septembre 2010 en Allemagne à Stuttgart.

Concrètement, comment êtes-vous parvenus, tout au long de cet évènement, à associer recherche académique et expérimentation industrielle ?

Nous avons organisé trois cessions en parallèle. La première était dédiée à la présentation de papiers académiques. Au cours de la deuxième, nous avons donné la parole à des industriels qui ont expliqué leur projet et leur démarche en matière de réalité virtuelle ou d’interfaces 3D. La troisième cession, elle, était une journée réservée aux présentations des laboratoires, l’objectif étant ici de brosser une vue globale des travaux d’une équipe. Pour les deux autres journées, différents thèmes avaient été retenus tels que les neurosciences et la réalité virtuelle, ou encore les systèmes informatique et haptique. A cela s’ajoutait des posters, une dizaine de démonstrations réalisées par des laboratoires et des produits présentés par des industriels.

Manipulation d’objets déformables par contrôle d’une main virtuelle de grande dextérité. © INRIA
Au vu des travaux présentés lors de cette conférence et des avancées réalisées, quelles sont aujourd’hui les finalités de la réalité virtuelle ? Ont-elles évolué ?

Aujourd’hui, nous savons faire de plus en plus de choses dans un domaine qui est encore très immature. Les applications sont elles aussi de plus en plus variées. Elles concernent aussi bien l’éducation, que la médecine, la formation, le prototypage et la réalisation de tests d’assemblage industriels ou encore, les applications collaboratives. Enfin, les réalisations sont de plus en plus réalistes et leur coût est de moins en moins élevé ce qui conduit à démocratiser ces technologies. Mais de manière générale, la finalité de la réalité virtuelle reste la même. Il s’agit de simuler une tâche et de mettre une personne dans une situation, que celle-ci existe ou non, comme dans le cas d’entraînements en milieu hostile.

Vous parlez d’une certaine démocratisation. Mais jusqu’où va-t-elle ?

Il reste il est vrai de fortes dominantes. L’usage de la réalité virtuelle reste très attaché à des industries spécifiques comme l’automobile ou l’aéronautique, avec, en particulier, un intérêt actuel fort pour les produits haptiques, permettant la simulation du retour d’effort, et pour le travail collaboratif. Mais il existe de nombreuses autres applications, notamment dans le domaine médical pour simuler, par exemple, des interventions chirurgicales. Au delà, nous l’utilisons également pour faire de la recherche sur les perceptions humaines et notamment pour tenter de comprendre certaines pathologies neurologiques.

Manipulation 3D virtuels permettant à plusieurs utilisateurs d’interagir sur un même élément. © INRIA
Quels sont les défis qu’il reste à relever ?

Mêmes si les avancées scientifiques et techniques sont importantes, la réalité virtuelle reste un domaine encore très récent. Un des principaux objectifs à atteindre serait de parvenir à simuler n’importe quelle tâche réelle. Nous en sommes encore très loin et ce, sur de multiples domaines. Sur l’aspect visuel, il y a encore des choses à faire évoluer pour obtenir des configurations plus légères, plus collaboratives ou moins intrusives. Au niveau restitution d’efforts et restitution tactile, les défis sont encore plus nombreux. L’information haptique est souvent ponctuelle ou locale, et les systèmes encore très volumineux et intrusifs. Enfin, au niveau de la collaboration à distance, l’objectif est de faire en sorte que tous les intervenants aient l’impression d’être sur place en train de travailler sur une tâche donnée.   video

© newscientist.com. Les innovations en matière de réalité virtuelle
Hormis l’organisation d’une conférence européenne de la réalité virtuelle en Allemagne en 2010, cette manifestation aura-t-elle d’autres suites ?

Oui. Nous allons créer, dans les six mois qui viennent, une association européenne de la réalité virtuelle. L’objectif étant de structurer ce domaine au niveau européen. Car si l’Europe, dans sa globalité, a une assez bonne place, ce sont le Japon et les Etats-Unis qui tiennent le haut du pavé dans ce domaine. Au delà, l’idée est toujours la même. Il s’agit de rapprocher la recherche académique et les industriels.  »     Le parcours de Sabine Coquillart Après une thèse en science de l’informatique et un post doc aux Etats-Unis dans l’informatique graphique, Sabine Coquillart intègre le centre de recherche INRIA de Rocquencourt où elle travaille pendant de nombreuses années en informatique graphique. Un poste qu’elle quitte, dans le cadre d’une année sabbatique, pour rejoindre Thomson avant d’être affecté, quelques années plus tard, en détachement en Allemagne au sein du groupe Visualization and Media Systems Design (VSMD) du GMD institute. De retour en France, elle crée en 1997 le groupe de recherche consacrée à la réalité virtuelle et à l’interaction 3D (I3D pour 3 dimensional interaction) au sein de l’INRIA. Aujourd’hui, elle y occupe le poste de directrice de recherche. Ses travaux portent sur l’interaction 3D, prioritairement en réalité virtuelle. Liens utiles Groupe de recherche I3D – INRIA Grenoble Site de la Joint Virtual Reality Conference, ed 2009     Propos recueillis par Anne-Laure Béranger

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