Face à un marché fortement concurrentiel, les constructeurs automobiles rivalisent de promesses sur les temps de recharge de leurs véhicules électriques. Mais derrière les chiffres parfois spectaculaires, le conducteur se heurte aux limites des réseaux de bornes de recharges électriques, ainsi qu'au coût de la recharge ultra-rapide.
Si l’autonomie reste un critère central dans le choix d’une voiture électrique, le temps de recharge s’impose désormais comme un facteur tout aussi déterminant pour le confort du conducteur au quotidien. Lors du dernier salon international des batteries de Shenzhen[1], le constructeur chinois SEVB a marqué les esprits en dévoilant une nouvelle batterie, baptisée Xinxingchi 2.0, capable de récupérer jusqu’à 150 km d’autonomie en seulement une minute. Une annonce spectaculaire, lorsque l’on sait qu’une Tesla Model 3, dont la batterie est pourtant bien classée dans ce domaine, peut récupérer 100 km d’autonomie en 6 minutes.
Cette prouesse du fabricant de batteries chinoises est tout de même à nuancer, car elle n’est pour l’instant observée que sur des bancs de test, c’est-à-dire sans contrainte réelle de chaleur ou même d’âge de batterie, des paramètres qui sont souvent absents des annonces officielles. Autre limite importante : pour gagner 150 km d’autonomie en une minute, la borne de recharge doit être capable de délivrer un courant de 1 400 kW, un niveau qui constitue un véritable défi technique, puisque la plupart des bornes les plus rapides en Europe plafonnent à environ 350 kW.
Ensuite, un tel flux d’énergie va produire une chaleur intense, et bien que SEVB évoque des systèmes de refroidissement sophistiqués, la fiabilité en usage réel, sur une durée prolongée, reste à confirmer. Enfin, même si le fabricant chinois promet une durée de vie élevée pour des usages industriels, avec jusqu’à 100 000 cycles de recharge sans dégradation, une charge ultra-rapide risque de provoquer une forte sollicitation des cellules et donc de diminuer leur longévité.
Au printemps dernier, BYD avait également frappé un grand coup en présentant une nouvelle plateforme électrique, appelée Super e-Platform, permettant de récupérer environ 400 kilomètres d’autonomie en seulement cinq minutes de charge. Dans la foulée, le géant chinois avait annoncé équiper deux de ses modèles avec cette technologie, mais aussi de bâtir un réseau de 4 000 stations de charge ultrarapide en Chine. Mais là encore, la puissance délivrée par les bornes électriques doit atteindre 1 000 kW et un tel niveau n’est pour l’instant pas envisagé sur le réseau européen.
Une multiplication des bornes de recharge ultra-rapide sur les grands axes
Parmi les véhicules les plus efficients en matière de recharge sur le sol européen, figure la Lotus Eletre, capable de passer d’une charge de 10 à 80 % en 20 minutes grâce à une borne de 350 kW, et ainsi de gagner environ 400 km d’autonomie. Le constructeur automobile britannique affirme qu’avec une borne de recharge de 400 kW, son véhicule pourrait réduire ce temps de recharge à seulement 14 minutes. On peut aussi citer la nouvelle version de l’Audi e-tron GT dont la puissance maximale admissible est à présent fixée à 320 kW (contre 270 kW pour la génération précédente), et qui peut recharger sa batterie de 10 à 80 % en seulement 18 minutes.
En Europe, face au développement des voitures électriques, les bornes de recharge ultra-rapide, capables de délivrer 150 à 350 kW, tendent à se multiplier sur les grands axes. Si elles permettent de regagner plusieurs centaines de kilomètres d’autonomie en quelques minutes, cette vitesse a un coût, puisque plus la puissance délivrée est élevée, plus le prix du kilowattheure (kWh) facturé augmente.
Ainsi, selon les données publiées par plusieurs opérateurs, le kWh peut être facturé jusqu’à deux fois plus cher sur une borne à 300 kW comparé à une borne de 50 kW. En cause : des infrastructures plus coûteuses, une sollicitation accrue du réseau électrique et des frais d’entretien plus élevés. Pour les automobilistes pressés, la recharge ultra-rapide reste un gain de temps précieux, mais elle devient aussi un facteur d’arbitrage économique à ne pas négliger, notamment sur les longs trajets où la facture peut rapidement grimper.
[1] du 15 au 17 mai 2025









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