« De tous les actes, le plus complet est celui de construire. » Paul Valery
Le concept de constructibilité a été introduit en France en même temps qu’était lancé l’Institut de recherche en constructibilité (IRC) c’est-à-dire en 2010.
Dès son origine, une distinction affirmée a été faite avec les termes anglo-saxons de « constructability » et de « buildability » :
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par « constructability », il est entendu l’ensemble des moyens organisationnels et techniques permettant de mener à bien une opération de construction ;
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le terme « buildability » concerne plus spécifiquement les technologies autorisant la production du bâti et il est plus souvent utilisé par les experts britanniques.
En fait, l’expression française a voulu marquer le périmètre d’un questionnement à la fois plus large et plus spécialisé. Il s’agit d’aider à anticiper les difficultés de production induites par toute décision à chacun des stades d’un projet.
Une complémentarité avec toutes les disciplines de la construction a été recherchée. L’objectif est de les enrichir en tenant compte d’un point de vue dynamique et jamais de s’y substituer.
C’est sans doute ce positionnement délibéré qui en rend l’accès assez compliqué quand la majorité des professionnels est d’abord absorbée, surtout par une activité habituelle que certains qualifient de BAU (Business As Usual).
L’objet de cet article est justement de revenir sur les éléments constitutifs de la constructibilité et d’en présenter les avantages lors de son déploiement. Ce faisant, il faut espérer une meilleure appropriation de ce concept et une reconnaissance de la discipline qui y correspond.
Pour conforter ces allégations, il sera respecté deux étapes :
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la première correspond à l’observation de la constructibilité du point de vue opératoire. Sur quoi agit-elle ? Comment opère-t-elle ? Quels sont ses développements ? ;
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la seconde s’interroge sur les ressorts de son fonctionnement. À quoi obéit-elle ? À quelles conditions est-il possible d’en tirer le meilleur bénéfice ? Quels en sont les ressorts ?
En fait, ce mode d’analyse rejoint la démarche privilégiée en génie industriel qui distingue deux dimensions à toute méthodologie à savoir :
Cette complémentarité de point de vue permet alors de mieux comprendre l’intrication des éléments mobilisés pour constituer la trame de ce concept.
Mais, comme le génie industriel, la constructibilité n’a pas encore un statut académique reconnu. Cet article a pour ambition, dans ces conditions, de contribuer à vulgariser cette nouvelle approche.