La tarification idéale de l'électricité répond à deux objectifs : d'une part fournir les recettes qui permettent de financer le fonctionnement du système de production et d'acheminement et d'autre part envoyer des signaux de prix permettant l'optimisation du système.
Or, l'électricité est caractérisée par la grande variabilité de la demande au cours du temps et la quasi-impossibilité de son stockage. Toute la chaîne de production, de transport et de distribution doit être conçue pour satisfaire en temps réel une demande connaissant d'amples fluctuations. Par exemple, la demande en France a évolué entre 32 et 89 GW en 2006. Il est aisément concevable que le coût de la fourniture d'un kilowattheure soit alors très dépendant de la période (pointe ou creux de la demande) pendant laquelle il est appelé.
Au niveau de la production, pour satisfaire la demande d'électricité, il existe une grande variété de moyens de production dont les caractéristiques technico-économiques sont très variables, depuis les moyens de base, pour lesquels les investissements sont élevés et les coûts proportionnels à l'énergie produite très faibles, jusqu'aux moyens de pointe sensiblement plus légers en capital, mais pour lesquels le combustible est un poste important du prix de revient. La forme de la demande d'électricité, qui détermine la composition optimale du parc de production, a donc une incidence majeure sur les coûts de production.
Au niveau de la consommation, de nombreux clients sont sensibles aux modulations de prix. Ainsi, l'offre de prix bas lorsque les coûts sont bas et des prix élevés lorsque les coûts sont hauts, peuvent les inciter à modifier leurs habitudes de consommation en adéquation avec les coûts engendrés par cette consommation. La tarification n'a toutefois pas pour but d'agir a priori sur la courbe de charge en distordant artificiellement les prix, mais de refléter le coût des kilowattheures consommés.
Le présent article explique la méthode utilisée pour déterminer la structure, théoriquement optimale, qui guide l'évolution des tarifs réglementés de vente de l'électricité en France, c'est-à-dire des prix régulés par les pouvoirs publics et proposés uniquement par les opérateurs historiques de l'électricité en France et qui était appliquée du temps du quasi-monopole de vente d'EDF. À ces tarifs réglementés de vente s'ajoutent maintenant des offres de prix libres proposées par les opérateurs historiques et les nouveaux opérateurs du marché aval de l'électricité.
Il est important de préciser que, du fait de l'évolution de l'environnement institutionnel, cet article ne présentera pas la détermination fine du tarif d'acheminement (qui est du ressort de la Commission de régulation de l'énergie) mais fera référence à ce tarif pour la détermination des tarifs intégrés (donc y compris l'acheminement).