Depuis un siècle, les avions civils ont adopté une architecture commune, optimisée dans un certain contexte. Cette conception « classique » répond parfaitement aux trois missions dévolues à un aéronef, à savoir : créer de la portance (voler !), emporter une charge utile (transporter) et contrôler la dynamique du vol (piloter). C’est ainsi que chacun de nos avions assument ces trois missions de manière cartésienne avec respectivement leur voilure, leur fuselage et leurs empennages.
Cette architecture présente précisément l’avantage de spécialiser les différents éléments, et d’offrir à la fois une possibilité de certification segmentée et une organisation industrielle par lots (« work packages ») très clairement attribués ; par exemple, un partenaire réalise la voilure, un autre réalise l’empennage horizontal, un troisième la dérive, et d’autres industriels se partagent le fuselage et l’assemblage final.
L’objectif de cet article est de synthétiser les perspectives actuelles offertes par une architecture profondément différente : le « tout en un » de l’aile volante dans le nouveau contexte du développement durable et du transport aérien. Cette formule présente des avantages certains en matière de performance et d’intégration mécanique et de systèmes, mais recèle aussi un certain nombre de défis techniques et réglementaires que nous allons explorer.
L’aile volante exigera ainsi un certain nombre d’évolutions en matière de contrôle, de gestion des volumes et d’aménagements internes et aéroportuaires. Elle nécessite également une conception intégrée « dès le premier coup de crayon » et une vision globale, toutes le fonctions devenant intrinsèquement interdépendantes les unes des autres. Mais ces défis sont précisément porteurs de progrès, et ouvrent en particulier une voie vers l’avion à très faible empreinte carbone.