La prolifération des débris spatiaux crée un danger permanent pour les satellites opérationnels ainsi que pour la station internationale. Le nombre de débris de taille supérieure à un centimètre est estimé à plusieurs centaines de milliers. Une collision à grande vitesse avec un débris de cette taille est susceptible d’endommager gravement un satellite. Parmi les collisions les plus spectaculaires, on peut relever celle du satellite français Cerise avec un morceau d’un étage d’Ariane 1 le 24 juillet 1996, et celle des satellites russe Cosmos 2251 et américain Iridium 33 le 10 février 2009.
Une surveillance continue des orbites des débris est devenue nécessaire afin d’anticiper les conjonctions à risques et de programmer des manœuvres d’évitement. Ces manœuvres sont à réaliser uniquement en cas de risque avéré, car elles perturbent le service opérationnel (ou les expérimentations en microgravité pour la station internationale), et induisent des consommations imprévues d’ergols. L’objectif de la surveillance est, d’une part de détecter de manière sûre les conjonctions possibles avec l’ensemble des débris connus, d’autre part de mesurer le risque en lui associant une probabilité tenant compte des incertitudes d’orbitographie. Un seuil de probabilité critique déclenchera une décision de manœuvre. Ces évaluations doivent être réitérées fréquemment, au moins une fois par jour, pour déclencher les alertes le plus tôt possible. Les méthodes de type Monte-Carlo basées sur la simulation numérique sont trop coûteuses en temps de calcul pour traiter l’ensemble des débris. Des techniques spécifiques plus rapides sont employées avec l’objectif d’évaluer les risques de manière rapide, mais fiable.
Cet article rappelle les lois du mouvement orbital et la modélisation des incertitudes d’orbitographie. Il présente ensuite la méthode de détection des conjonctions, la formulation probabiliste du risque de collision et son expression analytique.