Le vieillissement de la population en France, mais aussi en Europe et dans le monde, représente d'abord une véritable chance pour les populations concernées si ce vieillissement est réussi, mais aussi un atout affiché pour l'économie au travers de la Silver Économie. C'est cependant également un défi majeur pour la société qui doit faire face à de nouveaux enjeux de santé et de prise en charge, que ce soit en prévention pour amener les personnes âgées à rester autonomes le plus longtemps possible, ou en suivi afin de trouver les réponses adaptées à l'apparition de fragilités de quelques sources qu'elles proviennent, dans un contexte de forte pression sociétale et de ressources financières limitées.
Le concept de fragilité est apparu dans les années 1980 en Amérique du Nord. Il peut être vu comme un état d'équilibre précaire entre facteurs médicaux et facteurs sociaux mais sans lien direct avec une pathologie spécifique. Repérer un état de fragilité ou une personne en risque de fragilisation nécessite donc d'en considérer et d'en évaluer toutes les facettes, physiques, physiologiques, sociales, cognitives. Cela implique des outils d'évaluation lourds constituant l'évaluation gériatrique standardisée. Il est illusoire de les mettre en œuvre dans le cadre d'examens médicaux standards pratiqués par les médecins généralistes, et plus encore en dehors d'un environnement médical quel qu'il soit.
Une approche intéressante est alors de développer des outils simples permettant de produire un pré-diagnostic, autrement dit des points d'alerte suggérant ensuite un examen gériatrique complet pour affiner le diagnostic et engager les actions adaptées thérapeutiques ou de modification de mode de vie. Le développement très rapide des technologies de l'information, le caractère intuitif de leur usage, leurs capacités de traitement et de communication, permettent d'imaginer des applications très simples sur le plan de la mise en œuvre par les personnes elles-mêmes ou par leur entourage immédiat, professionnel ou non. De plus, l'apparition des jeux sérieux, ayant à la fois un aspect ludique, motivant, et une vraie valeur de formation, d'évaluation ou d'entraînement, est un atout supplémentaire pour la création d'outils non stigmatisants d'évaluation de la fragilité et de suivi des progrès liés à une prescription. Enfin, les objets usuels du domicile sont de plus en plus communicants, du plus simple (la brosse à dents ou le pèse-personne), au plus complexe (la « Smart TV »), en passant bien évidemment entre autres par le Smartphone présent dans la plupart des foyers. Tous ces objets, au-delà de leur vocation première, ont la capacité à fournir de l'information relative à la personne dans son environnement habituel (perte de poids, activité physique, mobilité, usage de l'électroménager, etc.), ou à lui permettre de réagir à des situations de fragilisation (lien social grâce à la télévision connectée, reprise d'activité physique, meilleure nutrition...).
Cet article propose d'évaluer la fragilité physique par l'alimentation de quelques indicateurs en montrant que les capteurs correspondants peuvent être simplement inclus dans des objets usuels du domicile et que la personne elle-même, ou son environnement immédiat, peut réaliser ces mesures sans protocole particulier.