Le safer by design (SBD) est une théorie de la conception qui consiste à s’intéresser à l’optimisation du rapport bénéfices/risques d’un produit ou d’un service sur l’ensemble de son cycle de vie, en regardant à la fois les aspects environnementaux et de santé, et les aspects socio-économiques. Il s’agit de se placer au moment de la conception dans une perspective de cycle de vie totale du produit ou du service, et de privilégier une conception qui maximisera les bénéfices et qui minimisera les risques environnementaux et socio-économiques pour obtenir le meilleur rapport sur l’ensemble du cycle de vie. Ainsi, par exemple, une conception qui aurait de grands bénéfices socio-économiques et environnementaux pour les phases fabrication et utilisation, mais qui serait associée à de très grands risques pour la phase recyclage et/ou fin de vie serait écartée au profit d’une autre solution de conception qui aurait un meilleur bilan sur l’ensemble du cycle de vie, même avec des bénéfices moindres pour les phases fabrication et utilisation (voir pour plus de précisions l’article « Le safer by design : une nouvelle voie pour le management ? » [SF 2 250]).
À l’intérieur de ce contexte général, quels sont les enjeux du safer by design pour les nanotechnologies, qui concernent les briques de base de la conception de nouveaux produits ? Les nanotechnologies permettent la modification de la matière à l’échelle des atomes et des molécules pour obtenir des propriétés nouvelles, et introduisent des modifications dans les rapports à l’environnement et à la santé sur l’ensemble du cycle de vie. En outre, en termes d’évaluations des risques, elles introduisent des problématiques nouvelles pour lesquelles il n’existe pas d’historique supérieur à une trentaine d’années.
La suite de l’article est structurée comme suit. La première section clarifie les moyens technico-pratiques qui permettent d’envisager une approche safer by design pour les nanotechnologies ; la deuxième section étudie comment les éléments-clés de la gouvernance des différentes parties prenantes s’articulent autour de l’approche safer by design ; la troisième section analyse le fonctionnement des méthodes utilisées pour cette approche ; enfin, la conclusion reprend l’ensemble des points abordés dans les trois sections pour apporter des éléments de réflexion prospective.