Avec l'avènement de technologies comme celles du web, les langages de scripts connaissent un succès important. Ils permettent la mise en œuvre rapide de programmes quelquefois complexes, grâce à la fois à leurs propres qualités, aux bibliothèques dont ils disposent et à l'efficacité des ordinateurs.
Mais qu'est-ce qu'un script et qu'est-ce qu'un langage de scripts ? Quelles sont les caractéristiques communes aux langages de scripts, et quelles sont les particularités des plus connus d'entre eux ? Commençons d'abord par formuler quelques réponses à ces questions.
Traditionnellement, le terme « script » désigne la transcription du déroulement d'un film ou d'une action. En informatique, les ordinateurs ont vite été en mesure d'enchaîner des exécutions de programmes, et se sont donc dotés de langages pour décrire ces enchaînements. Dès les années 1950, on a appelé « script » la description d'un tel enchaînement de tâches. L'exécution d'un script stocké dans un fichier permettait alors d'exécuter ces enchaînements sans nécessiter la présence de l'opérateur.
Le système d'exploitation Unix a banalisé cette notion en développant un langage interactif dédié à ces écritures de scripts, le « shell », et en le proposant comme interface avec l'utilisateur. Un script shell est un fichier qui peut être rendu exécutable et être paramétré par des arguments, devenant ainsi une nouvelle commande.
Le shell d'Unix n'est qu'un langage de scripts parmi d'autres, mais deux de ses traits sont caractéristiques des langages de cette famille :
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1. c'est un langage dont les programmes – les scripts – sont faciles à mettre en œuvre : il n'y a pas de compilation explicite qui soit nécessaire, un script est tout de suite prêt à être exécuté ;
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2. c'est un langage doté d'opérations primitives puissantes, telles le filtrage de motifs ou la mise en cascade (pipelining) de commandes, et qui donne accès à une volumineuse bibliothèque, puisqu'un script shell peut utiliser n'importe quelle autre commande Unix comme fonction de bibliothèque.
Face à un langage de programmation classique, le programmeur s'attache à adapter finement ses propres structures de données à son problème, à choisir les constructions offertes par le langage en fonction de leur coût d'exécution afin de maîtriser la complexité de ses algorithmes, à compiler son programme afin de bénéficier des différentes vérifications opérées par le compilateur et d'en produire un exécutable optimisé.
A contrario, l'écriture d'un script doit être rapide, et on attend du langage qu'il fournisse des fonctionnalités de très haut niveau, sous la forme de constructions du langage, de primitives ou encore de bibliothèques, afin que le problème à résoudre le soit par un script aussi court que possible. De la même façon, certaines techniques de développement peuvent nécessiter l'exécution de scripts dont certains composants restent à définir, par exemple pour en tester ou en présenter certains aspects. Une telle flexibilité amène souvent les concepteurs de langages de scripts à les doter d'une syntaxe légère et à renoncer aux vérifications effectuées par les compilateurs des langages traditionnels.
Ainsi, comme nous le verrons tout au long de cet article, les langages dits « de scripts » possèdent au moins ces deux propriétés :
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leurs programmes, les scripts, sont d'une mise en œuvre aisée afin de pouvoir être exécutés dès qu'ils sont écrits. Ainsi, les langages de scripts seront généralement des langages dont les programmes ne subissent pas de transformation explicite avant l'exécution : ils sont ou bien compilés à la volée à chaque exécution, ou bien exécutés directement, sans compilation préalable ;
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ils sont équipés de puissantes primitives et/ou d'une large bibliothèque pour programmer rapidement et de façon concise des tâches complexes.
Bien sûr, pour être reconnu comme un langage de scripts, il n'est pas suffisant de posséder ces deux propriétés : il faut aussi le revendiquer ! En effet, quelques langages de programmation auraient très bien pu être ou devenir des langages de scripts, mais, apparus trop tôt, catalogués dans une autre famille ou simplement oubliés par la mode, ils n'ont pas bénéficié du mouvement qui a vu naître et qui a popularisé les langages de scripts d'aujourd'hui.