L’innovation : un concept multifacettes qui recouvre des réalités très variées
Alors que le terme « innovation » est fréquemment employé tant en entreprise que dans les médias, en établir un sens partagé par tous demeure un exercice délicat. En effet, l’innovation est polysémique de par la diversité des sciences et métiers qui s’y intéressent et la variabilité des périmètres pris en compte dans les définitions qui lui sont consacrées.
L’origine étymologique de ce mot se retrouve dans « nouveau » ou « nouveauté ». Cependant, le terme innovation s’emploie rarement seul et est associé à d’autres termes ou concepts tels que « innovation incrémentale versus de rupture », « valeur économique », « usage ou business model ».
Aussi, comment se repérer dans cette galaxie de termes, concepts et approches différents ?
Créer n’est pas obligatoirement innover. En effet, l’innovation ne se limite pas à une idée nouvelle, à de la production de connaissances, à la maîtrise d’une technologie ou d’un procédé, au dépôt de brevets, même si ces éléments y contribuent.
L’innovation est en lien avec la stratégie déployée par l’entreprise. Cette stratégie est-elle de nature incrémentale ou de rupture ? Soit l’entreprise définit sa stratégie en fonction d’un besoin client exprimé, et elle innove en quelque sorte « à façon » pour répondre à un cahier des charges – c’est de l’innovation incrémentale –, soit elle innove en rupture sur des marchés et produits nouveaux. Quand on parle de rupture, la notion s’entend comme création d’un fort différentiel de performance technique du produit ou process par rapport à la concurrence.
Dans ce cas, la stratégie d’innovation de rupture se déploie sur de nouveaux territoires de croissance. Il s’agit souvent d’entreprises qui occupent des positions de fournisseurs et dont la relation avec le client est plus lointaine, alors que les entreprises en contact direct avec les clients finaux tendent à avoir une innovation de nature incrémentale.
Par ailleurs, on ne parle d’entreprise innovante que lorsque l’innovation qu’elle réalise est réussie. C’est-à-dire quand celle-ci rencontre un marché et dégage une valeur économique pour l’entreprise et de la valeur d’usage pour le client. Ainsi, si l’acquisition de connaissances ou de savoir-faire contribue à créer de la valeur pour l’entreprise, elle ne suffit pas à elle seule pour que l’on puisse parler vraiment d’innovation. Il en va de même quand un produit réellement innovant fait un « flop » sur le marché et ne rencontre aucun client.
L’entreprise innovante est dépendante de ce qui l’entoure, de son environnement extérieur – dénommé son écosystème – et de son histoire personnelle passée qui influence favorablement ou non sa capacité à innover. Par exemple, pour les entreprises qui ne produisent pas directement de la technologie, leur innovation va plutôt se concentrer sur les usages du produit, les services offerts ou la mise en œuvre de nouveaux business models. La connaissance de leur écosystème leur permet de mieux connaître les habitudes de consommation de leurs clients, les évolutions sociétales et d’y répondre par des gammes nouvelles de produits et de services (vente à distance, mise en réseau).
Une typologie de l’innovation
Une entreprise innovante est soumise à de fortes exigences (marché, concurrence, clients) et contrainte de choisir, parmi des formes d’innovation, celle qui sera le plus en phase avec son modèle de croissance.
A noter
Les formes d’innovation sont évidemment « multiples » :
- innovation dans le produit (technique ou matériau nouveau) ;
- innovation de procédé (nouveau processus de fabrication) ;
- innovation sous forme de service (usage nouveau) ;
- innovation dans l’usage du produit ou du service (nouvelle modalité) ;
- innovation d’organisation (ex. : nouveau canal de distribution) ;
- innovation sous forme de business model (nouveau paradigme).