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Comment l'IA agentique s'impose comme le nouveau moteur des usines américaines

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Comment l’IA agentique s’impose comme le nouveau moteur des usines américaines

Posté le par Nicolas LOUIS dans Entreprises et marchés

De l'automatisation des flux de production à l'optimisation des services après-vente, une nouvelle génération d'IA apparaît désormais comme un levier majeur de productivité pour l'industrie américaine. Mais sa montée en puissance se heurte encore à plusieurs obstacles, à commencer par l'incertitude géopolitique et la pression sur les coûts, héritées des politiques commerciales passées.

Tandis que les relations entre les grandes puissances mondiales se recomposent, les usines américaines sont confrontées à une révolution silencieuse susceptible de rebattre les cartes bien plus vite que prévu. Dans son dernier rapport publié en novembre, Deloitte s’appuie sur une enquête menée auprès de 600 dirigeants du secteur manufacturier américain. Le cabinet de conseil et d’audit met en lumière une dynamique majeure : l’essor d’une nouvelle génération d’IA capable de transformer l’organisation des sites de production, dans un contexte où les politiques commerciales de l’administration Trump continuent de faire grimper les coûts.

Près de 80 % des industriels interrogés prévoient d’allouer au moins 20 % de leurs budgets destinés à améliorer leurs processus dans des technologies telles que l’automatisation, les capteurs, l’analyse de données ou les infrastructures cloud. Ils considèrent que l’IA appliquée au « smart manufacturing » est désormais le principal moteur de la compétitivité pour les trois prochaines années. L’industrie 4.0 apparaît ainsi comme le levier le plus efficace pour augmenter la productivité dans un secteur confronté à une pression accrue sur les coûts de fabrication.

Au cœur de cette transformation : l’IA agentique, qui désigne un modèle de machine learning autonome, capable de gérer des flux de travail complexes en temps réel et d’améliorer les processus de prise de décision sans supervision constante. Dans les usines, il pourrait identifier des fournisseurs alternatifs en cas de rupture d’approvisionnement, capter et transmettre le savoir des employés expérimentés, rédiger des instructions de travail ou encore maximiser la disponibilité des machines.

Cette IA serait aussi susceptible de jouer un rôle clé dans les services après-vente. Selon le rapport, elle pourrait apporter une source de revenus importante pour les industriels, en générant des marges plus de deux fois supérieures à celles des seules ventes d’équipements. Par exemple, un système agentique pourrait détecter l’usure de composants, commander les pièces nécessaires, reconstituer les stocks, planifier les interventions ou encore analyser les données de télémétrie pour valider des demandes de garantie.

Veiller à une stratégie de transformation interne cohérente

Mais pour que cette mutation s’opère, plusieurs obstacles devront être levés, comme la maîtrise des coûts associés au déploiement de cette nouvelle génération d’IA, la résolution des questions liées à la gouvernance des données, l’organisation de formations pour faire monter les salariés en compétences ou encore la sécurisation de ce nouveau système intelligent. Deloitte appelle les industriels à une vigilance et recommande de déployer progressivement cette IA, de manière structurée, en l’accompagnant d’une véritable stratégie de transformation interne.

Le contexte économique ne facilite par ailleurs pas la tâche. En 2025, le secteur a évolué dans un climat tendu avec un indice manufacturier en contraction, une hausse des coûts, un recul de l’emploi et un ralentissement des investissements dans de nouvelles capacités de production. L’une des principales causes identifiées reste l’incertitude commerciale, alimentée par les politiques tarifaires de l’administration américaine. Résultat, trois industriels sur quatre placent cette instabilité en tête de leurs préoccupations, anticipant une hausse moyenne de plus de 5 % de leurs coûts de production en 2026.

Pour amortir le choc, les entreprises ont multiplié les réponses en constituant des stocks, en diversifiant ou en relocalisant des fournisseurs, et en restructurant leurs chaînes d’approvisionnement. L’année 2026 pourrait tout de même apporter un début d’éclaircie grâce à de nouveaux accords commerciaux avec le Royaume-Uni, certains pays d’Asie ou l’Union européenne, même si la volatilité demeure élevée. Dans cet environnement, l’IA agentique devient là encore un atout stratégique pour cartographier les risques, anticiper les perturbations, mesurer les impacts financiers et recommander en temps réel des alternatives, tout en automatisant certaines négociations sous validation humaine.

Cette convergence entre révolution numérique et recomposition géopolitique place l’industrie américaine à un véritable carrefour. Ceux qui sauront investir dans les technologies, moderniser leurs organisations et repenser leurs chaînes d’approvisionnement pourraient sortir renforcés de cette période d’instabilité. Les autres risquent au contraire de se retrouver pris dans un étau entre coûts croissants, pénurie de compétences et dépendance à des partenaires vulnérables.

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Posté le par Nicolas LOUIS


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