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Décryptage

Les Français et les ENR, une histoire d’amour en péril ?

Posté le par Matthieu Combe dans Énergie

Qualit’ENR vient de publier son 5e baromètre annuel « Les Français et les énergies renouvelables ». Riche d’enseignements sur la perception de ces énergies, ce sondage OpinionWay pour Qualit’ENR montre comment la situation géopolitique actuelle de l’énergie influe sur la perception des énergies renouvelables par les Français et sur leur envie d’entreprendre ou non des travaux.

Selon ce nouveau baromètre de Qualit’ENR, 89 % des français estiment que les énergies renouvelables (ENR) doivent être encouragées pour le développement de la chaleur et de l’électricité. Le gaz garde également une place importante dans les esprits avec 68 % d’avis favorable. Le nucléaire continue de faire débat, situé aux alentours de 45 % d’intérêt. En queue de peloton, on trouve le gaz de schiste (27 %), le charbon (25 %) et le fioul (25 %). Sur la question du nucléaire, il y a un fort écart générationnel. « 66 % des plus de 65 ans soutiennent le nucléaire contre 26 % des plus jeunes », précise Frédéric Micheau, Directeur des Etudes d’opinion chez OpinionWay.

Si les ENR et le gaz restent fortement plébiscités, il faut remarquer qu’entre 2013 et 2015, les ENR ont perdu près de 7 % d’avis favorable, le gaz 12 %. Pendant ce temps, les énergies fossiles ont quant à elles suscité un regain d’intérêt. Le gaz de schiste a gagné 3 % d’intérêt, le fioul et le charbon tous deux 4 %.

Si encore 86 % des Français pensent que les énergies renouvelables sont respectueuses de l’environnement, 82 % qu’elles favorisent l’indépendance énergique et 71 % qu’elles permettent de faire des économies, là encore, les énergies renouvelables perdent du terrain. En un an, par exemple, les Français sont 10% en moins à estimer que les énergies renouvelables permettent de faire des économies. Le contexte économique actuel semble faire naître un doute quant à l’intérêt de s’équiper. 

Le prix du pétrole a baissé, la crise est passée par là

Deux raisons peuvent être avancées pour justifier des baisses aussi marquées pour l’attrait des ENR par rapport à 2014, selon les auteurs de l’étude. Tout d’abord, le prix du pétrole brut a chuté de 60 % depuis juin 2014. Il s’en est suivi une baisse conséquente du prix de l’essence à la pompe, ce qui a participé à ralentir le sentiment d’urgence à s’équiper en énergies renouvelables. Parallèlement, la hausse du prix de l’électricité a été limitée par le Gouvernement (+1,6% hors rattrapage tarifaire au lieu de 6,7% demandés) et le prix du gaz a quelque peu baissé en 2014, baisse qui devrait se poursuivre en 2015. Le climat est donc quelque peu différent en 2015 ! Cela est perceptible au niveau de notre facture : 86% de nos concitoyens estiment que le montant total de la facture énergétique est élevé, contre 91 % en 2014. 

Mais en y regardant de plus près, ce contexte énergétique peut constituer une aubaine pour la filière des énergies renouvelables. Comme l’a souligné Laurent Fabius le 21 janvier sur RTL, « Il y a deux interprétations : la pessimiste, qui dit que comme le prix baisse, il n’est pas nécessaire de développer d’autres énergies, explique le ministre des Affaires étrangères. Mais on peut aussi penser qu’avec les économies réalisées, on va pouvoir aller vers des énergies nouvelles ». En somme, investir les économies réalisées dans le développement des énergies renouvelables. Cette baisse du prix du pétrole pourrait être momentanée ou durer quelques années, mais cette évolution devrait avoir un impact important sur le développement des énergies renouvelables chez les ménages. 

Quelles sont les ENR chez les français ?

Pour le moment, la conséquence de cette baisse relative d’attrait pour les énergies renouvelables est que le désir de travaux perd du terrain. Les équipements utilisant des énergies renouvelables demeurent stables chez les Français : 27 % sont équipés d’un appareil de chauffage au bois (insert, poêle et/ou chaudière), 12 % d’une pompe à chaleur, 7 % de panneaux photovoltaïques et 6 % de solaire thermique (chauffe-eau et/ou système combiné). 35 % des Français disposent d’au moins un de ces équipements dans leur résidence principale, mais 21 % des Français envisagent de s’équiper d’au moins un de ces dispositifs à l’avenir.

Il est intéressant de noter que parmi ceux qui montrent leur désir d’investir dans un équipement, 21 % à 42 % ont l’intention de s’équiper d’au moins appareil dans moins d’un an. Mais entre 22 % et 38 % ont l’intention de le faire dans environ 1 à 2 ans et entre 30 % et 38 % dans plus de 2 ans. Cette latence s’expliquerait par l’investissement important que ces travaux représentent. Dans un contexte de baisse de prix du pétrole et du fioul, ces travaux semblent moins rentables. Ainsi, les Français préfèrent en partie repousser les travaux, ce qui leur permettra d’étudier plus en détail l’évolution de leur facture énergétique dans les années à venir. Ils pourront ainsi se convaincre de l’intérêt ou non d’investir dans les énergies renouvelables. S’il y a une forme d’attente, « cela n’attaque pas la dynamique de fond de l’intérêt pour les énergies renouvelables », insiste Frédéric Micheau.

Cette dynamique pourrait encore s’amplifier. En effet, seulement un Français sur deux sait qu’il peut bénéficier de certaines aides publiques (éco-prêt à taux zéro, crédit d’impôt pour la transition énergétique de 30% …) si les travaux sont réalisés par des professionnels qualifiés de RGE (Reconnu Garant de l’Environnement). De plus, des aides de l’Agence nationale de l’habitat (Anah) pour les ménages modestes (46 % des Français) permettent aujourd’hui de financer jusqu’à 50 % du montant total des travaux. Il s’agit là d’aides non négligeables qui sauront certainement attirer l’intérêt des Français ! 

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Par Matthieu Combe, journaliste scientifique

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