Pollution des micro-plastiques : quelles solutions ?

Plus de 5 250 milliards de micro-fragments de plastique polluent les océans, soit près de 270 000 tonnes de plastique, selon une étude parue dans PLoS ONE fin 2014. Ces micro-plastiques de moins de 5 millimètre proviennent de la fragmentation de plastiques déversés dans les océans (sacs, bouteilles, emballages…), sous l’effet mécanique des vagues, du vent et du sable et l’action chimique des UV. Ils peuvent également directement provenir de rejets industriels lors de la fabrication des plastiques, mais aussi des rejets de l’industrie cosmétique et de l’industrie des textiles synthétiques. Si ces micro-plastiques émanent directement des usines de production, d’autres résultent des usages des citoyens : ils sont rejetés lors de l’utilisation de cosmétiques contenant des micro-billes de plastique et des micro-fibres proviennent du lavage des matières synthétiques dans nos machines à laver.

Les études scientifiques dressent un triste constat : chaque année, entre 4 et 12 millions de tonnes de plastiques supplémentaires entreraient dans les océans. Les macro-déchets flottants se fragmentent pour donner des micro-déchets ; les autres coulent dans les profondeurs. D’ici 2025, la quantité de déchets plastiques entrant dans le milieu marin pourrait être multipliée par dix si la gestion des déchets n’est pas améliorée. Selon une étude dévoilée par le Forum économique mondial de Davos, le ratio tonnes de plastique- tonnes de poissons était de un pour cinq en 2014, sera de un pour trois en 2025, et dépassera un pour un en 2050 si la gestion des déchets n’est pas améliorée.

Les scientifiques estiment que les macro-déchets en plastique retrouvés en mer proviennent à environ 80 % de terre, principalement des décharges à ciel ouvert, des déchets abandonnés dans la nature et des événements climatiques extrêmes (tempêtes, tsunamis…). Il reste 20 % de déchets jetés par dessus bord à partir des bateaux de loisirs, de la marine marchande et des pêcheurs. Il faut donc s’attendre à ce que la fragmentation de ces macro-déchets en micro-plastiques augmente fortement dans les années à venir, en raison de l’augmentation de la population et de la consommation de plastique. Dans cette perspective, comment se mettre en ordre de marche pour mettre fin à cette pollution sournoise ?

Diminuer les rejets industriels et domestiques

Les fabricants européens de plastique, représentés par PlasticsEurope, s’accordent sur un point : il faut développer le recyclage du plastique, diminuer sa mise en décharge et éviter que des macro et micro-déchets en plastique finissent dans les océans. Plus la filière sera organisée, moins il y aura de macro-déchets en plastique dans les cours d’eau et dans la mer, et a fortiori, moins de micro-plastiques à l’avenir. Leur principal engagement vise la sensibilisation des employés d’usines pour qu’aucun granulé de plastique servant de matière première à la confection d’objets ne se retrouve dans les océans (via l’opération Clean Sweep). « Il faut aller au-delà de nos usines, dans toute la chaîne de valeur, c’est-à-dire chez nos clients : les transformateurs, les transporteurs et les distributeurs », expliquait récemment Michel Loubry, directeur de la région Ouest de PlasticsEurope à Techniques de l’ingénieur. « Il faut aller jusque dans les ports où est réalisée l’exportation des matières plastiques vers les pays étrangers », jugeait-il.

De nombreuses micro-billes de polyéthylène ou polypropylène finissent dans les océans à cause des cosmétiques, gels douches et dentifrices. Plusieurs études récentes analysent l’impact de ces micro-billes sur les écosystèmes aquatiques. La dernière en date : l’Ifremer montre comment des micro-billes de polyéthylène perturbent la reproduction des huîtres du Pacifique. Une solution simple existe pourtant pour diminuer cette pollution : interdire les micro-billes dans les cosmétiques. Les Etats-Unis viennent de franchir le cap. Fin 2015, ils ont adopté une loi qui interdira l’usage de ces produits début 2017. L’Union Européenne pourrait prochainement emboîter le pas. Plusieurs industriels n’ont pas attendu l’entrée en vigueur de cette interdiction pour agir. Fin 2012, l’entreprise Unilever a annoncé qu’elle allait arrêter d’utiliser des micro-billes de plastique dans ses produits cosmétiques d’ici 2015. Depuis, d’autres entreprises ont suivi le mouvement : Colgate-Palmolive, L’Oréal, Clarins, The Body Shop, Lush, etc. Pour choisir des produits ne contenant pas de micro-billes, le site beatthemicrobead.org regroupe les engagements des industriels, les produits de remplacement et les dates d’engagement.

Malgré les bonnes intentions des industriels et la sensibilisation de la population, plusieurs milliards de micro-plastiques vont continuer de se déverser dans les rivières et océans. Pour diminuer ces rejets au maximum, il convient donc de s’attaquer à cette pollution à la source. La première étape est d’améliorer le traitement des eaux usées pour que les stations d’épuration retiennent au maximum ces micro-plastiques. Des pilotes testent des filtrations poussées pour les retenir. Affaire à suivre…

Instaurer une volonté politique forte et sensibiliser tous les acteurs

En France, les choses évoluent. La loi de transition énergétique pour la croissance verte prévoit l’interdiction des sacs plastiques à usage unique au 1er juillet 2016 et l’interdiction de la vaisselle je table en plastique au 1er janvier 2020. Pour améliorer le recyclage des plastique, les consignes de tri seront étendues à l’ensemble des emballages plastiques, au plus tard en 2022. La loi prévoit aussi la diminution de la mise en décharge du plastique, au profit de la valorisation énergétique.

Ce sont de bonnes nouvelles, mais elles ne suffiront pas à résoudre le problème. Il faut être actif en Europe, mais aussi dans les zones qui polluent le plus, notamment en Asie, aider les producteurs à s’organiser et sensibiliser l’ensemble des acteurs. Cela pourrait notamment se faire au sein du conseil mondial des producteurs de matières plastiques, le World Plastics Council (WPC), regroupant des producteurs provenant d’Europe, d’Asie, du Moyen Orient, d’Amérique du Sud et du Nord, mais pas de producteurs africains.

Proche de nous, l’exemple de la mer Méditerranée, berceau de 450 millions d’habitants issus de 22 pays, montre la responsabilité partagée des différents pays, mais aussi la complexité des solutions à mettre en place en concertation. Il s’agit de l’une des mers les plus polluées au monde par le plastique, que cela soit des plastiques flottants, des plastiques retrouvés sur les plages ou dans les fonds marins. Elle contiendrait 247 milliards de particules de plastiques flottants, soit 23 150 tonnes, selon l’étude parue dans PLoS ONE. La pollution provient majoritairement du Maghreb, de l’Egypte et du Liban : les structures de traitements de déchets y demeurent rudimentaires et les décharges à ciel ouvert encore largement développées. La task force Beyond Plastic Med a été créée pour rechercher et promouvoir des solutions concrètes pour lutter contre l’afflux des pollutions plastiques en Méditerranée. Elle a pour but de fédérer et de créer des liens de coopération entre le secteur privé, les initiatives citoyennes et les politiques locales et régionales.

Les projets « fous » pour nettoyer les océans

Malgré toute la bonne volonté du monde, des micro-fragments vont continuer de polluer les océans dans les décennies à venir. A contre-courant de propos souvent fatalistes, misant uniquement sur la sensibilisation  pour diminuer les rejets, plusieurs projets ambitionnent de s’attaquer directement à la pollution flottant à la surface des océans. Le projet le plus médiatisé est Ocean Cleanup porté par le jeune néerlandais Boyan Slat. Son idée : déployer une série de barrières flottantes, une sorte d’entonnoir géant, concentrant et ramenant les débris vers une plateforme capable de les traiter. Sa solution s’attaquera aux macro-déchets flottant en surface des océans, mais n’interceptera que peu de micro-plastiques flottants.

Un projet pourrait compléter la solution de Boyan Slat pour retirer les micro-fragments de plastique situés en surface. Il s’agit de SeaVax, un bateau propulsé à l’énergie solaire et éolienne, développé par l’entreprise Bluebird Marine Systemes LTD. Un prototype est en cours de développement. Selon ces concepteurs, un navire SeaVax devrait générer suffisamment d’énergie pour traiter 89,9 millions de litres d’eau de mer. Dans une soupe riche en micro-plastiques, il pourrait aspirer et stocker 150 tonnes de débris plastiques par sortie. SeaVax ambitionne d’avoir des lieux de traitement à terre, avec des partenaires industriels.

Mi-mars une découverte faite par des chercheurs japonais, parue dans Science, a fait les gros titres des journaux : une bactérie serait capable de manger le plastique et briser ses liaisons moléculaires ! Les médias se sont emparés du sujet et ont partagé l’enthousiasme des chercheurs qui y voient la fin possible de la pollution marine. Si la bactérie découverte ne s’attaque qu’au polyéthylène téréphtalate (PET), les chercheurs ambitionnent de découvrir d’autres bactéries dégradant d’autres matières plastiques. Malgré de nombreuses applications industrielles potentielles, cette solution ne permettrait pas de lutter contre la pollution plastique dans les océans. « Est-il raisonnable de penser que pulvériser des millions de tonnes de bactéries génétiquement modifiées sur la surface de l’océan va élimer le 7e continent sans effet sur l’environnement marin ? », s’interroge l’expédition 7e continent.

La seule solution pérenne est bel et bien d’agir sur la terre ferme, près de la source, pour éviter que le plastique n’entre dans l’eau. Dans cette perspective, la  Fondation Race for Water souhaiterait développer de petites unités de gazéification du plastique pour la production d’électricité. « Une unité de cinq tonnes peut transformer 1680 tonnes de déchets plastiques par année en 3500 mégawattheures d’énergie. Soit assez pour couvrir les besoins en électricité de 2000 insulaires », rapporte Swissinfo. La Fondation espère utiliser cette technologie pour lancer un projet pilote sur l’Ile de Pâques dès la fin de 2016, avant de l’étendre à d’autres îles et  aux villes côtières, principales sources de pollution des océans.

La solution, dans les mains des citoyens ?

Malgré tous ces projets, la majorité des fragments de plastique déjà présents en mer et la totalité des déchets ayant coulé dans les fonds marins, resteront dans les océans. Pour éviter que cette pollution continue de s’intensifier, il est essentiel que les consommateurs modifient leurs comportements. Les projets de ramassage en mer sont complexes, d’où l’importance de se mobiliser à terre pour changer les comportements. Différentes campagnes de sensibilisation ou opérations de nettoyage sont organisées par Surf Rider Foundation, Mer Terre, Vacances Propres, Let’s do it… et de nombreuses associations locales.

Le changement de comportement des citoyens implique en premier lieu de ne plus jeter un seul déchet dans la nature. Il suppose de comprendre que toute action peut avoir un impact sur la pollution aquatique : un mégot jeté dans le caniveau, des cosmétiques contenant des micro-billes ou le lavage de vêtements synthétiques…

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique

Le capital-investissement français revient soutenir l’industrie

Selon l’étude présentée par l’AFIC et le cabinet d’audit Grant Thornton, les fonds français de capital-investissement ont été particulièrement actifs en 2015. Ainsi, les investissements ont bondi de 23% en valeur l’année dernière, atteignant 10,7 Md€. Ce sont ainsi, 1645 entreprises (78% de TPE/PME) qui ont été soutenues. Un niveau qui n’avait pas été atteint depuis 8 ans, c’est-à-dire depuis la crise financière de 2007.

Le capital-innovation a la cote

Si les indicateurs des principaux secteurs du capital-investissement sont au vert, c’est le capital-innovation qui touche le pactole, enregistrant un double record : celui du  nombre d’entreprises accompagnées (499) et celui du montant (758 M€, soit une augmentation de 21%).  Mais cela ne doit pas cacher la très forte dynamique des autres branches comme le capital-développement qui a augmenté de 48% pour un montant de 3,9 Md€. Ces investissements ont profité à des secteurs traditionnels comme l’industrie (2,6 Md€), les services et transports (2,6Md€) ou encore l’informatique et le numérique (1,8Md€).

Des levées de fonds stables

Si les levées de fonds ont diminué de 4%, totalisant un montant de 9,7 Md€, Michel Chabanel, président de l’Afic, explique que, pour autant, l’année n’en est pas moins bonne. En effet, contrairement aux deux années précédentes, il n’y a pas eu de levée exceptionnelle supérieure au milliard d’euros, si bien que ce résultat est le fait d’une forte progression des levées de taille moyenne.

Doubler les montants d’ici 5 ans ?

Malgré ces chiffres très positifs, l’AFIC aimerait rejoindre le niveau atteint par les britanniques dont les « Private Equity » investissent de l’ordre de 20Md€ chaque année dans leurs entreprises non cotées. Un objectif qu’elle pense pouvoir atteindre d’ici 5 à 6 ans si le Politique donne le coup de pouce nécessaire : favoriser le retour des banques et assurances vers le capital-investissement en baissant les charges par exemple ou mettre en place un vrai fléchage de l’épargne, notamment l’assurance-vie, vers l’investissement dans l’économie réelle.

Par Sophie Hoguin

La plus grande usine de France ouvre ses portes à Paris

Techniques de l’ingénieur : cette édition 2016 présente-t-elle des changements par rapport à 2014 ?

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Sébastien Gillet ©Xavier MUYARD

Sébastien Gillet : Oui, beaucoup de changements. Tout comme le monde industriel évolue, le salon évolue lui-aussi. L’occupation de l’espace a donc été complètement revu. On a supprimé les sectorisations qui existaient auparavant et conçu le salon sur un espace unique simulant une gigantesque usine en fonctionnement. Plus de 400 machines en démonstration autour desquelles le visiteur pourra trouver composants, accessoires, outils nécessaires à l’optimisation du process en question. Avec, pour faciliter l’orientation des visiteurs, neuf parcours technologiques thématiques comme « mesure, contrôle, vision » ou « robotique ». En prime, un point focal sur la peinture et les traitements de surface avec la mise en service d’une chaîne complète qui montrera les dernières innovations techniques en la matière.

Attendez-vous des changements concernant votre visitorat ?

Oui en partie. Bien sûr, notre cœur de cible reste les utilisateurs qui cherchent des solutions, des nouveautés, c’est-à-dire les responsables des achats, de la maintenance ou d’autres types de fonctions techniques. Mais cette année nous allons faire du salon, aussi, un moment de rencontre entre les grands décideurs de l’industrie française. Ainsi, le mardi 5 avril, en coopération avec les Arts et Métiers nous organisons le Club des 100. Une centaine de directeurs, cadres supérieurs de grandes industries françaises se réuniront pour découvrir le salon, discuter, débattre et assister à la soirée de remise des trophées de l’innovation.

Industries Paris est-il ouvert aux jeunes, aux étudiants ?

Comme nous l’avons toujours fait, la promotion de la formation est un axe fort de notre salon. Ainsi, nous mettons en place des visites guidées spécifiques pour les jeunes, les étudiants, les associations de parents d’élèves comme la FCPE afin de leur faire découvrir les métiers de l’industrie. Un moyen privilégié de les « rééduquer » à l’industrie. Car malheureusement l’usine a une image vieillotte, négative et pauvre auprès des jeunes et de leurs parents. Très loin de la réalité des métiers d’aujourd’hui ouverts sur les nouvelles technologies, la robotique, ou des machines de pointe et pour lesquels la France est en pénurie de compétences.

Trois villages thématiques font leur apparition, à quoi servent-ils ?

Ils permettent de donner de la visibilité, sur un espace restreint, à des ressources clés. Ainsi, le village 3D (déjà testé à Lyon en 2015) réunit les solutions autour de la fabrication additive qui prend une place grandissante dans nos usines ; le village start-up, permet à des TPE de présenter leurs savoir-faire, souvent pointus, complémentaires et attractifs pour des grandes entreprises et enfin le village « Stratégies et développement », créé à la demande des visiteurs, accueille une dizaine de cabinets de référence, pour le financement, les RH, le commercial ou encore la normalisation.

Comment se traduit le concept d’usine du futur sur le salon ?

Outre les trophées de l’innovation ou encore certaines conférences, le concept d’usine du futur sera au cœur du Labo Industrie : 200 m² de parcours initiatique et concret autour des différentes solutions qui existent ou vont entrer dans les usines à l’avenir.

Comment abordez-vous cette édition ?

Plein de confiance et d’espoir. Parce que les exposants se sont investis de manière exceptionnelle, que tous les leaders des secteurs automobile, aéronautique, énergie ou médical ont répondu présents et parce que l’ambiance est beaucoup moins morose qu’il y a quelques années.

Salon Industrie Paris – Le salon des technologies de production

Du 4 au 8 avril 2016 au Parc des Expositions Paris Nord Villepinte
En savoir plus : industrie-expo

Propos recueillis par Sophie Hoguin

Découverte de changements inattendus dans les taches brillantes qui parsèment la surface de Cérès

Cérès est le corps le plus volumineux de la ceinture d’astéroïdes située entre Mars et Jupiter et le seul objet de ce type classé parmi les planètes naines. La sonde spatiale Dawn de la NASA est demeurée en orbite autour de Cérès durant plus d’une année et a livré une cartographie détaillée de sa surface. La découverte de taches très brillantes, qui réfléchissent bien plus de lumière que le reste de la surface, beaucoup plus sombre, a constitué l’une des plus surprenantes découvertes. La tache la plus étendue occupe le centre du cratère Occator et suggère que Cérès présente une activité interne nettement plus importante que la plupart de ses voisins de la ceinture d’astéroïdes.

This artist’s impression is based on a detailed map of the surface compiled from images taken from NASA’s Dawn spacecraft in orbit around the dwarf planet Ceres. It shows the very bright patches of material in the crater Occator and elsewhere. New observations using the HARPS spectrograph on the ESO 3.6-metre telescope at La Silla in Chile have revealed unexpected daily changes on these spots, suggesting that they change under the influence of sunlight as Ceres rotates.  

De nouvelles observations très précises ont été effectuées au moyen du spectrographe HARPS installé sur le télescope de 3,6 mètres de l’ESO à La Silla au Chili. Ces observations ont permis de mettre en évidence les effets de la rotation de Cérès autour de son axe sur le mouvement des taches ainsi que quelques modifications inattendues suggérant que la matière qui compose ces taches est volatile et s’évapore à la lumière du Soleil.

Paolo Molaro, auteur principal de cette étude et chercheur à l’INAF – Observatoire Astronomique de Trieste, nous conte cette histoire : “Lorsque la sonde spatiale Dawn a révélé l’existence de mystérieux points brillants à la surface de Cérès, j’ai immédiatement songé à la possibilité de les étudier depuis la Terre. Au fil de la rotation de Cérès, les taches s’approchent de la Terre puis s’éloignent de nouveau, ce qui se traduit par des modifications dans le spectre de lumière solaire réfléchie arrivant sur Terre.”

La période de rotation de Cérès avoisine les neuf heures. Les calculs ont montré que les effets dus au mouvement des taches en direction et à l’opposé de la Terre sous l’effet de cette rotation sont très faibles, de l’ordre de 20 kilomètres par heure. Ces vitesses s’avèrent toutefois suffisantes pour être mesurables par effet Doppler au moyen d’instruments très précis tel HARPS.

L’équipe a donc observé Cérès avec HARPS au cours de deux nuits d’été, en juillet et août 2015. “Le résultat fut une réelle surprise” confie Antonino Lanza de l’INAF – Observatoire Astronomique de Catane et co-auteur de l’étude. “Nous avons effectivement découvert les effets attendus de la rotation de Cérès sur le spectre de lumière, mais également d’autres changements considérables d’une nuit à l’autre”.

L’équipe a conclu que les changements observés pouvaient résulter de la présence de substances volatiles qui s’évaporent sous l’action du rayonnement solaire. Lorsque les taches situées au cœur du cratère Occator sont éclairées par le Soleil, elles forment des panaches qui réfléchissent la lumière solaire de manière très efficace. Puis ces panaches s’évaporent rapidement, perdent en réflectivité et produisent les changements observés. Toutefois, cet effet varie d’une nuit à l’autre, générant des motifs aléatoires supplémentaires sur de courtes et longues échelles de temps.

Si cette hypothèse se trouvait confirmée, Cérès se distinguerait nettement de Vesta ainsi que des autres astéroïdes de la ceinture principale. En dépit de son isolement relatif, Cérès paraît actif. Impossible pour l’instant d’établir un lien de cause à effet entre la richesse de son contenu en eau d’une part, les taches brillantes à sa surface d’autre part. De même, la source d’énergie qui alimente ces panaches de matière demeure inconnue pour l’instant.

Dawn continue d’étudier Cérès ainsi que le comportement de ses mystérieuses taches. Les observations depuis le sol au moyen de HARPS et d’autres instruments pourront se poursuivre après la fin de la mission spatiale.

Source : eso

L’Inde : partenaire privilégié de l’Iran ?

La levée partielle des sanctions économiques contre la République islamique d’Iran, en janvier dernier, a eu un impact direct sur l’exportation de pétrole. « Nous pouvons  élever de 500 000 barils jour notre production immédiatement après la levée des sanctions, pour atteindre progressivement 4 millions de barils jour en quelques mois », rappelait Bijan Zanganeh, le ministre iranien du Pétrole, au lendemain de la signature de l’accord sur le nucléaire. Et il semblerait bien que l’Inde soit un des premiers bénéficiaires de ces nouvelles cargaisons. New Delhi a importé d’Iran 713 126 millions de tonnes (Mt) de pétrole brut en février, soit 86% de plus le même mois l’année précédente.

NIOC

Visite diplomatique

Le ministre indien de l’Energie, Dharmendra Pradhan, est attendu le 6 avril prochain en Iran. Objectif de cette visite : faire avancer des projets énergétiques, bloqués pendant des années par les sanctions économiques imposées au régime de Mollahs. L’Inde, qui a toujours soutenu diplomatiquement son ami iranien (il a continué à lui acheter du brut), espère enfin retirer les fruits de sa fidélité. Selon des sources indiennes, le principal sujet de conversation qui sera abordé portera sur le champ gazier de Farzad-B. Découvert en 2008 par un consortium mené par ONGC Videsh, la compagnie pétrolière indienne, il recèlerait quelque 362 milliards de m³ de gaz pour un investissement évalué à 3 milliards de dollars. S’il n’est pas certain que le contrat puisse être signé dès la semaine prochaine – le Parlement iranien doit encore approuver le nouveau cadre réglementaire pour l’industrie du pétrole et gaz – les officiels indiens auraient en revanche reçu l’assurance que ce champ leur sera réservé.

Gazoduc de la paix

Acheter le gaz est une chose, le transporter en est une autre. Au début des années 90, les bases d’un projet de gazoduc reliant l’Iran, le Pakistan et l’Inde commencent à se dessiner et d’aucuns le dénomment « gazoduc de la paix ». En effet, il réunit trois pays ayant des relations complètement asymétriques entre d’une part une relation irano-pakistanaise perturbée par leur conflit d’intérêt en Afghanistan, une relation indo-iranienne d’amitié se basant sur un socle culturel et historique commun, et enfin une relation indo-pakistanaise caractérisée par trois guerres en l’espace de 60 ans. Mais le renforcement des sanctions économiques à l’encontre de Téhéran et la détérioration des relations indo-pakistanaises ont empêché toute avancée. De fait, le projet de gazoduc IPI (Iran-Pakistan-Inde), le plus court, le plus logique et le moins coûteux n’a jamais vu le jour. New Delhi cherche désormais à développer des routes alternatives. En décembre dernier, la National Iranian Gas Export Company (NIGEC) a indiqué être en discussion avec son homologue indien pour construire un gazoduc sous-marin qui relierait la Mer d’Oman et l’Océan indien. L’infrastructure aurait l’avantage de contourner le problème pakistanais à l’image du North Stream en Europe, mais serait bien plus coûteuse (estimée à 4,5 milliards de dollars).

L’énergie ne sera probablement pas le seul secteur où les Indiens décrocheront des marchés. Un autre dossier urgent est notamment sur la table : le développement du port de Chahbahar. Si les Indiens se sont montrés moins actifs sur ce projet que sur les champs gaziers, ils pourraient également obtenir des contrats liés à l’agrandissement de ce port stratégique. Enfin, un projet de ligne ferroviaire reliant le port à l’Afghanistan est également à l’étude.

Par Romain Chicheportiche

Chimie : le secteur s’est bien consolidé en 2015

En 2015, l’industrie chimique française a continué sa croissance entamée les années précédentes mais à un rythme moins soutenu : +0,9% en volume contre +2,8% en 2013 et 2014. Cette croissance a notamment été soutenue par une amélioration de la situation industrielle en général, ainsi que de la consommation privée en France et en Europe. A l’international, la dépréciation de l’Euro et une plus forte demande ont contribué à cette hausse de l’activité.

Encore un solde commercial record

A l’instar de 2014, 2015 a été une année faste au regard de son solde commercial : 7,3 milliards d’euros (contre 7,4 Md€ en 2014). On notera toutefois qu’en proportion, les importations ont augmenté légèrement plus que les exportations (+2% contre +1,6%). « Les échanges extérieurs avec l’Union européenne (UE28) sont restés prédominants, la zone représentant 62,7 % des exportations et 69 % des importations totales. Pour les pays hors UE, les échanges se font en priorité avec les continents américain et asiatique. », précise l’UIC dans son rapport.

Les spécialités chimiques font la croissance

Pour 2015, ce sont clairement les spécialités chimiques qui ont tiré la croissance vers le haut : la production a ainsi augmenté de 10%. Et ce, grâce à une demande variée de tous ses secteurs d’application : agriculture, industrie ou ménages tant sur le marché intérieur qu’à l’international.

Chimie minérale : forte concurrence des importations

Avec une production en baisse de 2,7% en 2015 (même si cela fait suite à plusieurs années de hausse), la chimie minérale a du mal à maintenir un niveau de croissance élevée en raison de marchés très concurrentiels. C’est ainsi que le secteur des engrais, qui a connu des problèmes techniques, n’a pas pu profité d’une demande en hausse et a laissé la place à des approvisionnements étrangers.

Chimie organique : un début d’année difficile

Après un premier semestre très en retrait suite à des arrêts techniques imprévus sur certains sites, la production 2015 s’est bien rétablie pour finalement finir en légère baisse de 1,6% par rapport à 2014. Le secteur des matières plastiques a particulièrement bien profité de l’augmentation de la demande tant en France qu’à l’étranger.

La chimie a beaucoup investi

Si 2014 avait marqué le pas en matière d’investissement, 2015 l’a largement compensé : +5,6% en dépenses d’investissements pour un total de 3,4 Md€. Un effort qui représente tout de même 20 % de la valeur ajoutée. Les trois quarts de ces investissements sont prévus pour une modernisation ou une amélioration de la sécurité-environnement. L’UIC déplore que les dépenses liées à la réglementation française (plan de prévention des risques technologiques, séisme, plan de modernisation pour les installations soumises à autorisation, réduction des rejets de substances dans l’eau,…) pénalise l’industrie chimique française comparativement à ces voisins européens. Un surcoût qu’elle évalue à 7% des dépenses totales.

Un secteur qui va embaucher

L’effectif 2015 de l’industrie chimique (activités de production, sièges sociaux et R&D) était stable en 2015 et estimé à 157000 personnes, soit 5,1% de l’industrie manufacturière. En incluant les emplois indirects, l’effectif se monte à 630000. L’accord de branche signé en 2014 prévoit une hausse des embauches de 15000 personnes et un objectif de 5000 contrats d’alternance. Pour ces derniers, la cible est presque atteinte (4640 en 2015, soit +20% par rapport à 2010).

2016 : la croissance encore au rendez-vous

Alors que le rythme de croissance de la chimie française sur ces dix dernières années se situe aux alentours de 0,5%, 2016 pourrait encore être une bonne année. Les prévisions de croissance pour l’industrie chimique annoncent une progression de l’ordre de 1% pour cette année. Y compris pour des secteurs qui ont baissé en 2015. Comme les savons, parfums et produits d’entretien qui ont enregistré une baisse de production de 2,7%.

Par Sophie Hoguin

Chimie : records prévus pour les fusions-acquisitions en 2016

Avec la confirmation en décembre 2015, de la fusion entre Dow Chemical et DuPont qui va donner naissance à une entreprise de 130 milliards de dollars (115 Md€), évidemment les transactions, en valeurs, vont s’envoler en 2016. Loin devant la très faste année 2011 (plus de 151 Md$ de transactions) et certainement deux fois les valeurs échangées en 2015.

2015 : la chimie a suivi le reste de l’industrie

Si l’on considère l’ensemble du secteur industriel dans le monde, les fusions-acquisitions ont atteint leur plus haut niveau depuis le pic de 2007. La chimie a suivi le mouvement, et les transactions en 2015 ont augmenté en valeurs pour la 4éme année consécutive atteignant 110Md$ (98MdE), soit +30% par rapport à 2014. Les plus grosses opérations concernent Merck qui a acquis Sigma-Aldrich pour 17Md$ et ChemChina qui s’est payé Pirelli pour 9Md$.

2016 : une activité très forte en vue

L’autre grosse transaction annoncée pour 2016, c’est l’offre de ChemChina sur Syngenta pour 43 Md$. Cependant, les « méga-transactions » ne doivent pas cacher le reste des opérations qui sont toujours nombreuses. Comme le souligne le cabinet AT Kearney, les deux tiers des cadres interrogés lors de leur enquête annuelle s’attendent à ce que l’activité soit forte voire très forte en 2016. Et parmi les facteurs principaux identifiés comme moteurs possibles des transactions, ils énoncent : les retours limités via la croissance organique, la chute du prix du pétrole (qui selon les branches est une aubaine ou une difficulté), l’optimisation des portefeuilles, les actionnaires activistes et les prix favorables des matières premières.

Vers un changement de modèle

La fusion Dow-DuPont est révélatrice de l’évolution des grands groupes de chimie actuellement. En effet, derrière cette fusion géante, il y aura finalement trois sociétés distinctes cotées en bourse (chimie des matériaux, agrochimie, chimie de spécialité). Les grands groupes intégrés et diversifiés n’ont plus la cote ; selon AT Kearney, les groupes dont le cœur d’activité est orienté matières premières / produits de base essaieront de consolider cette activité par des opérations de fusions-acquisitions dans un domaine proche ou identique pour augmenter les économies d’échelle, alors que les sociétés plus spécialisées se tourneront vers des opérations visant à compléter leurs offres de services (entreprises du numériques, de services etc). Cette tendance est illustrée, par exemple, par l’acquisition par Bayer de proPlant et Intelmax, deux sociétés qui offrent des solutions numériques pour une production agricole durable.

La Chine talonne l’Amérique du Nord

C’est clairement l’Amérique du Nord qui sera sur le devant de la scène en 2016 : outre la transaction DowDuPont, plusieurs autres « deals » sont dans les tuyaux, notamment l’acquisition de plusieurs parts du néerlandais OCI par l’américain CF Industries pour près de 8Md$. Mais la Chine ne sera pas en reste. Alors qu’il y a encore 10 ans, la chimie était la portion congrue de l’industrie chinoise, elle représente à présent le deuxième plus grand marché derrière les USA et compte pour 21% des transactions. Emmenée par ChemChina, qui est devenu un acteur d’importance au niveau international, c’est toute l’Asie qui émerge sur le secteur chimique et nombre de sociétés asiatiques lorgnent vers l’Europe et ses entreprises sous-évaluées pour grossir rapidement et acquérir facilement le savoir-faire des acteurs de marchés plus matures. Quant à l’Europe, son activité de fusion-acquisition, après une stagnation en 2015, devrait lui aussi augmenter pour 2016.

Sophie Hoguin

Les grandes tendances de Laval Virtual 2016

La 18e édition du salon Laval Virtual s’est à peine achevée, depuis ce dimanche 27 mars précisément, que les premiers chiffres sont déjà connus. Le bilan quantitatif est sans aucun doute positif. «Nous avons dénombré 170 exposants, contre 154 l’an dernier, détaille Thierry Frey, responsable des opérations chez Eon Reality et par ailleurs administrateur du salon. Concernant la fréquentation, quelque 6200 professionnels se sont rendus à  Laval Virtual cette année, soit une hausse de 20%. Enfin, on a compté 9300 visiteurs grand public, 200 de plus que l’année dernière

Toutes ces personnes ont probablement observé la généralisation des casques de réalité virtuelle, ou casques HMD (Head Mounted Display), HTC Vive et Oculus Rift en tête. «Cela fait plusieurs années que l’on attend l’avènement de ces casques, confie Thierry Frey. On les apercevait, certes, mais les Moverio d’Epson n’étaient montrées que sur le stand d’Epson, les lunettes d’Optinvent sur le stand d’Optinvent… Désormais, les industriels qui exposent à Laval Virtual s’approprient ces équipements et commencent à les utiliser dans leurs propres applications

C’est d’autant plus remarquable que les modèles mentionnés ciblent aussi le grand public. «Tous les casques de réalité augmentée/réalité virtuelle (RA/RV) ont été développés à l’origine pour le monde professionnel, note Thierry Frey. Mais la donne avait changé au moment du lancement de la campagne Kickstarter dédiée à l’Oculus Rift : l’objectif était de produire du matériel de très bonne qualité à destination du grand public. L’aspect médiatique contribue aussi à cette démocratisation, car Google a les moyens de faire le buzz autour des Google Glass, sans oublier le rachat d’Oculus Rift par Facebook

Le contenu gagne en visibilité

L’équation économique est ô combien importante. «Mettre en place un système de RA/RV ne coûte plus des millions d’euros, mais quelques centaines voire quelques milliers d’euros, estime Thierry Frey. La conjonction s’opère entre une technologie qui s’est améliorée, devenue abordable, et le besoin de nouveaux contenus, de nouvelles applications

Une deuxième nouveauté se fait jour, bien qu’initiée l’an dernier. «De grands industriels, qui font déjà usage de la RA dans leurs process, envisagent de  commercialiser leur solution, conçue en interne, auprès d’entreprises tierces, observe Thierry Frey. Ils créent des spin-off – Testia chez Airbus par exemple – qui s’occupent de cette démarche. C’est la preuve que la technologie a atteint un certain degré de maturité. Les professionnels qui parcourent les allées de ces salons en prennent conscience et seraient prêts à franchir le cap. Des techniciens, des opérateurs, des médecins jugent que ces outils pourraient les aider dans leur métier

Dernière tendance et non des moindres : le contenu se ménage une place plus importante. «Cette année, un pavillon entier était consacré aux acteurs qui produisent du contenu RA/RV, commente Thierry Frey. Ces producteurs sont prêts à investir du temps et de l’argent dans des projets adaptés à cette technologie. Présenté sur le salon, un court-métrage de 15 minutes et filmé à 360°, inspiré de l’univers de Philips K. Dick, a mobilisé 80 personnes pendant 1 an. Industrial Light and Magic, pour sa part, a ouvert l’an dernier une nouvelle division, ILMxLAB, en charge d’inventer des contenus pour des plateformes RA/RV et immersives. L’industrie utilise beaucoup la RA/RV à des fins de formation professionnelle. Aujourd’hui apparaissent de nouvelles applications ludo-éducatives ou associées au pur divertissement

Des partenariats avec d’autres salons ?

Conscients que le contenu est un facteur-clé, les responsables de Laval Virtual cherchent des rapprochements avec d’autres organisations spécialisées. «Nous discutons avec le Festival d’Annecy, où se déroule chaque année le Marché international du film d’animation (Mifa), et aussi avec les Cross Video Days, un salon de contenus cross-media qui se tient à Paris, explique Thierry Frey. Ces mariages heureux assureraient la promotion de la RA/RV. Nos partenaires nous apporteraient du contenu et Laval Virtual leur apporterait de la technologie. Ils veulent montrer que les plateformes RA/RV sont un autre canal de divertissement

On assiste indéniablement à un renouveau de la réalité virtuelle, à tel point que certains experts proclament que 2016 sera l’an 1 de la RV.

Les contenus se font chaque jour plus nombreux, il est vrai, de même que les équipements.  Le casque de Sony, associé à la Playstation 4 et commercialisé en septembre prochain, est la dernière annonce en date. Il ne faut oublier non plus que les outils de prise de vue se démocratisent, à l’instar de la Giroptic, une caméra pour filmer à 360° imaginée par une start-up lilloise (et présentée sur le salon) ou du futur Jump de GoPro, un système de 16 caméras en cercle. Nonobstant des difficultés ergonomiques, pour les porteurs de lunettes notamment, voire des soucis de cinétose, il y a matière à développer des expériences immersives plus convaincantes que le simple relief 3D du cinéma et des écrans plats. Il reste à savoir si le grand public, cette fois, mordra à l’hameçon.

Par Frédéric Monflier

L’homme du futur : plus rapide, plus fort et plus intelligent ?

“Nous voulons voir les infrarouges, écouter les ultrasons, sentir les phéromones, cultiver nos gènes, remplacer nos neurones, ajouter de nouveaux sens, vivre vingt ans ou deux siècles, habiter la Lune, tutoyer les galaxies”, écrit Ray Kurzweil, chef de file des transhumanistes, dans son livre, “Humanité 2.0”. Un fantasme de fan de science-fiction ? Pas seulement. Les “Human Enhancement products” (produits destinés à augmenter nos capacités) se développent lentement, nous permettant déjà de devenir des Superman.

Aujourd’hui, les NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives) permettent d’aller plus loin que la simple réparation. Selon le biologiste français Serge Picaud, qui conçoit, à l’Institut de la vision à Paris, la rétine artificielle qui succèdera à Argus II, les interfaces homme-machine, qui permettent de bouger une prothèse ou un exosquelette par la pensée grâce à des implants, “feront partie du quotidien d’ici 10 ans”.

Superforce : les exosquelettes décuplent vos forces

Côté exosquelettes, l’idée n’est pas juste de permettre aux paralytiques de remarcher. Ainsi, la DARPA, agence de recherche de l’armée américaine, planche sur des combinaisons robotiques permettant aux soldats de porter des charges lourdes, décuplant ainsi leur “force”.

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Panasonic

De tels exosquelettes intéressent aussi le monde de l’assistance à la personne, notamment pour aider les infirmières à porter les patients. “Muscle Suit”, conçu par des chercheurs de l’Université des Sciences de Tokyo, se sangle dans le dos. Il permet de rendre une charge “trois fois plus légère”. En France, Exhauss commercialise déjà une gamme d’exosquelettes du même type. D’autres sont notamment utilisés par les ouvriers japonais de Panasonic : ils leur permettent de porter facilement des poids de 30 kilos.

Supervitesse : des “chaussures bioniques”

Les prothèses de jambes peuvent quant à elles, d’ores et déjà, permettre de courir plus vite. On se souvient du coureur handicapé Oscar Pistorius, et de ses prothèses en fibre de carbone, les “Flex-Foot Cheetah”, qui lui conféraient un avantage sur ses concurrents valides. L’inventeur américain Keahi Seymour s’en est inspiré, pour concevoir des chaussures permettant de courir à 40 km/h.

Grâce à des matériaux en fibre de carbone et à un système de ressorts imitant le talon de l’autruche, ses “Bionic Boot” permettent de courir plus vite et de sauter plus haut, sans se fatiguer. Selon Seymour, la prochaine version de ses chaussures seront munies d’un “retour de force électronique”, qui permettra de courir jusqu’à 70 km/h.

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Supervision : les lentilles bioniques améliorent la vue

Les rétines artificielles, les implants cochléaires, les systèmes de “feedback tactile” et les nez électroniques seront-ils un jour utilisés pour autre chose que la simple récupération d’une facultée perdue – jusqu’à décupler nos sens ? Certains transhumanistes se sont déjà lancés, allant jusqu’à “bricoler” leur corps pour augmenter leurs capacités, tel un mécano humain. Ils se sont surnommés les “body hackers”.

Plutôt que de simplement “rendre la vue”, des dispositifs permettent déjà de voir autrement. En 2015, Science for the masses, un groupe de “body hackers”, a mené une expérience. L’un de ces “chercheurs indépendants” s’est injecté une molécule chimique, qui transforme temporairement le fonctionnement de l’oeil. Cette molécule photosensibilisante, la chlorine e6 (Ce6), absorbe les rayons lumineux – on la retrouve dans l’organisme de certains poissons des abysses. Le body hacker qui a mené l’expérience, Gabriel Licina, indique dans son étude avoir été capable d’identifier “sans erreur” des formes d’objets en forêt, et des individus, en pleine nuit, à une distance de 25 à 50 mètres.

Rêvant d’aller plus loin que les rétines artificielles comme Argus II, un optométriste canadien, Garth Webb, fondateur d’Ocumetics, a conçu une lentille bionique, qui pourrait remplacer les lunettes et les lentilles de contact actuelles. Selon l’optométriste, il serait possible d’offrir, avec ses lentilles bioniques, d’améliorer la vision, et de voir “3 fois mieux” que quelqu’un ayant une vision de 20/20. Garth Webb repousse encore les limites en imaginant que ses lentilles puissent être un jour équipés d’une connexion Bluetooth, afin de les transformer en un dispositif bionique de réalité augmentée, façon Google Glass.

Superintelligence : l’interface homme-machine

Le cerveau n’est pas non plus en reste. Les scientifiques essaient de le “stimuler”, d’activer ou d’inhiber certaines de ses zones. “L’interface cerveau-machine”, c’est-à-dire la connection du cerveau et d’une machine via des électrodes, a déjà permis de supprimer les symptômes de 40.000 malades atteints de la maladie de Parkinson.

Cette technologie conçue par des chercheurs du CHU de Grenoble, qui passe par un “stimulateur cérébral”, devrait permettre de soigner les maladies neuro-dégénératives et la dépression. Pour les transhumanistes, la “neurostimulation” pourrait permettre de réduire, aussi, la sensation de faim, de soif ou de fatigue.

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Kevin Warwick, professeur de cybernétique, porte-drapeau des “body hackers”

Reste la possibilité de déplacer des objets à distance, permise par l’interface homme-machine. Le système BrainGate est utilisé par des tétraplégiques pour déplacer des objets par la pensée, allumer la lumière, surfer sur Internet ou zapper sur la télé. Une puce, implantée dans le cerveau, convertit l’intention de l’utilisateur en commandes informatiques, destinées à un ordinateur.

Bientôt, une interface cérébrale non invasive – c’est-à-dire sans implant, mais juste en apposant des électrodes sur le cuir chevelu, devrait permettre à un handicapé de bouger son fauteuil roulant de lui-même, par la pensée.

Bien décidé à profiter de l’interface homme-machine, le professeur de cybernétique Kevin Warwick, porte-drapeau des “body hackers”, s’est greffé des électrodes dans le corps, qui lui permettent de commander des machines par la pensée – il peut notamment ouvrir les portes sans y toucher. A noter que certains body hackers conçoivent aussi des stimulateurs cérébraux maison, destinés à augmenter leurs capacités cognitives. Mais leur efficacité reste évidemment à prouver.

Télépathie et “brain-to-brain communication”

Kevin Warwick voudrait aller encore plus loin, et s’injecter une puce dans le cerveau… afin de communiquer par télépathie. C’est le concept de la “Brain-to-Brain Communication” (communication cerveau à cerveau). Des chercheurs de  l’Université de Barcelone et de l’Ecole médicale de Harvard ont déjà mené l’expérience avec succès : deux scientifiques ont réussi à communiquer par télépathie – l’un basé en France, l’autre en Inde.

Pour s’envoyer des “messages par la pensée”, les chercheurs ont utilisé un casque EEG (électroencéphalographe – qui mesure l’activité électrique du cerveau par des électrodes), afin de “comprendre” et de “décoder” le message, avant de l’envoyer. Le destinataire était muni d’un dispositif de stimulation magnétique transcranienne (TMS), utilisé normalement dans un cadre médical, pour diagnostiquer des troubles neurologiques – et qui lui a permis de “comprendre” le message reçu… en modifiant l’activité électriques des neurones de son cerveau.

Par Fabien Soyez

Accepter ou non l’homme augmenté : et si le débat était ailleurs ?

Nicolas Ledévédec, sociologue (Université de Montréal et HEC Montréal) travaille depuis plusieurs années sur les questions que posent le concept actuel d’homme augmenté (Human Enhancement). Il est aussi une des rares voix qui s’élèvent pour replacer le débat dans une approche historique, sociale et politique. Humaine, quoi. Dépassant le simple et simpliste clivage « Pour ou Contre le transhumanisme ? ». A travers son ouvrage,  La Société de l’amélioration. La perfectibilité humaine des Lumières au transhumanisme (Ed. Liber – 2015) ou ses articles parus dans la revue SociologieS, il dénonce le renversement de paradigme de nos sociétés qui sont passées d’un idéal humaniste d’amélioration de l’homme dans et par la société à un idéal d’adaptation de l’homme à des contraintes normatives excluant généralement « la vie » et la collectivité.

Des extrémistes aux gestionnaires

Nicolas Ledévedec distingue trois groupes aux positions différentes face à la question de l’amélioration de l’Homme. Les « Pro » transhumanisme, comme ceux qui animent le mouvement officiel Humanity+, qui nient tout danger fondamental à l’augmentation technique de l’humain et y voient la suite logique de l’évolution de l’Homme. Les « contre », qu’il nomme « bioconservateurs », qui se construisent en opposition, refusant en bloc, les avancées techniques, quitte à nier celles déjà développées et utilisées. Dans ces deux groupes, l’approche est centrée sur la liberté individuelle, sortie de son contexte social. Le troisième groupe, les « bioéthiciens », qui veulent se placer dans une posture « responsable et pragmatique ». Ils avançent l’idée que l’amélioration de l’humain repose sur des avancées technologiques, qui ne sont que des outils dont il faut gérer les risques et les bénéfices possibles. Cette gestion doit, selon eux, se faire sur la base de concepts de liberté et d’autonomie, de santé et de sécurité et de justice et d’équité. Bien que leur position semble la plus raisonnable, souligne le sociologue, elle n’interroge en aucun cas le contexte culturel et social dans lequel naissent les techniques et les objets d’amélioration.

Un humain instrumentalisé, normé, compétitif

En partant de l’exemple des médicaments psychotropes, Nicolas Ledévédec, démontre comment l’amélioration des capacités cognitives par la prise de médicaments tels que le Ritalin n’est pas présenté dans notre société comme un « mieux que bien » mais en fait comme une béquille nécessaire « pour pallier notre condition fondamentalement déficiente ». Ces médicaments ne nous libéreraient pas de l’effort ou du travail, écrit-il, mais nous permettraient au contraire de nous y conformer. L’humain augmenté ne serait alors qu’un « humain biomédicalisé, adaptable aux exigences d’une société axée sur la performance et la concurrence ».

Un idéal opposé à celui des Lumières

Le sociologue rappelle que « l’humanisme, tel qu’il est proposé depuis le siècle des Lumières, se fonde sur l’émancipation de l’humain par l’amélioration des ses conditions de vie sociale et politique. » Et ces principes se retrouvent dans la plupart des textes fondateurs de nos sociétés. Prenons par exemple, le code du travail. L’article L4121-2 énonce les principes à la base de la santé-sécurité au travail (qui s’imposent à tous les employeurs en Europe) : adapter le travail à l’homme, donner la priorité aux mesures de protection collective… Le transhumanisme lui prône l’adaptation de l’homme et la gestion de la vie par l’individualisation. Mais à quoi ? Aux normes occidentales de l’homme idéal : toujours plus fort, plus beau, plus performant, efficace, vivant plus longtemps, sans faiblesse… Adieu donc, hasard, imperfection, sensibilités. Une déshumanisation liée à la technologie qui est aussi dénoncée par d’autres – comme Jaron Lanier et son manifeste pour remettre l’homme au centre de la technologie. Alors, quand on accepte « l’homme augmenté », la question à poser, c’est « l’homme augmenté » de quelle société ?

Par Sophie Hoguin

Transhumanisme : les théories sont-elles crédibles d’un point de vue scientifique ?

S’il y a un point sur lequel Jean Guilhem Xerri a insisté tout au long de la conférence, c’est bien de « regarder les choses avec son opinion, en essayant de croiser les réflexions ». Aussi, a-t-il été proposé différentes lectures de ce courant de pensée et surtout de nombreuses questions soulevées, sans qu’aucune réponse définitive n’ait été donnée ; seulement des observations pour nous aider à développer notre appréciation.

« L’affranchissement du corps », un idéal transhumaniste.

« Par essence le transhumanisme n’aime pas le corps humain, mortel, subissant sa propre biologie. Améliorer son corps grâce aux technologies, voire s’en affranchir, fait partie des espérances revendiquées. » La dynamique est d’ores et déjà lancée, d’une certaine manière, si l’on songe aux greffes d’organes, aux prothèses qui améliorent le quotidien de nombreuses personnes. « On se dirige vers une réalité artificielle, entendre non-biologique. Une nouvelle ère s’annonce, faites de greffes d’organes artificiels (reins, coeur, etc.), où les technologies s’intègreront davantage au corps humain (puces).» Les perspectives transhumanistes évoquent donc une hybridation homme/machine très forte dans un futur proche : l’homme ressemblerait à un cyborg.
Dans cette logique d’affranchissement, « s’attacher à son corps pourrait devenir archaïque. » Le conférencier fait ici référence à l’homme considéré comme le « pape des transhumanistes », Raymond Kurzweil qui défend le concept, qui paraît somme toute assez dingue, de téléchargement de la pensée pour atteindre « l’immortalité cybernétique ». Dans les grandes lignes, il s’agit de transférer la réalité biologique d’un individu, sa réalité cognitive, dans une réalité artificielle comme un environnement cybernétique.

« La vie avec les robots intelligents »

Ce n’est plus qu’une question de temps, au rythme où les technologies avancent, un jour, les robots ne seront plus seulement fonctionnels. Si l’on ne connaît pas encore tout à fait la direction que prendra leur évolution, il n’est pas exclu qu’ils aient bien d’autres usages. « On peut imaginer que des robots de compagnie disposeront de l’empathie nécessaire pour tenir une conversation ou que des robots instituteurs pourront répondre à toutes sortes de questions, plus rapidement et précisément que des humains, etc. » Des pays comme le Japon et la Corée, confrontés au vieillissement de leur population, seraient en avance sur ces problématiques et investiraient conséquemment dans cette recherche pour prendre en charge les seniors. À priori, ce ne serait donc qu’une question de temps, mais on y arrive. Tout comme nous nous approchons du jour où l’intelligence artificielle dépassera celle de l’homme.

Les perspectives transhumanistes sont-elles sérieuses ?

Faut-il y croire, ou plutôt, ces théories sont-elles crédibles, ne serait-ce que d’un point de vue scientifique ? Au travers de la conférence, Jean Guilhem Xerri a tenu à nous questionner sur les problématiques émergeant du transhumanisme, mais quid de la faisabilité ? Certaines choses pourraient nous faire dire que oui, selon lui, comme la qualification des acteurs se réclamant du transhumanisme (mathématiciens, philosophes, ingénieurs, Google) ou encore l’évolution fulgurante des technologies ces dernières décennies. « Qui aurait pu croire que l’on aurait pu faire tenir une bibliothèque dans un disque dur ou reprogrammer des cellules ? Dans un passé pas si lointain, cela relevait de la science-fiction ».
En contrepoint, le conférencier a rappelé que l’inverse était vrai aussi. Bon nombre d’acteurs de haute volée émettent des doutes. Des pointures telles que Elon Musk, Stephen Hawkins ou Bill Gates, pour ne citer qu’eux, s’en inquiètent, notamment de l’avancée de l’intelligence artificielle chez les robots. Qui plus est, le transhumanisme est fait de sensibilités et d’objectifs essentiels parfois très différents, ce qui peut compliquer la réussite du « défi du transhumanisme ».

« Le sujet du transhumanisme : la nature humaine »

La croyance en ces théories n’est pas importante, finalement, pour Jean Guilhem Xerri. Leur intérêt réside surtout dans le fait d’apporter de nouvelles questions sur la définition de l’humanité. Par exemple, « s’il n’y a plus de maladies, il n’y a plus de soins, très bien, mais qu’advient-il alors de l’attention à l’autre ? Si nous n’avons plus besoin les uns des autres, que l’on coupe court à l’interdépendance et que l’on tend vers une autonomie complète, cela n’aurait-il pas, à terme, un effet déshumanisant ? » Cela pose donc des questions sur ce qu’est la finalité réelle du transhumanisme.

À quel moment l’homme sort-il du cadre d’être humain ? Si le sujet de l’hybridation homme/machine a été abordé, comment doit-on ou peut-on le percevoir d’un point de vue philosophique : « un être humain transformé est-il toujours un être humain ? Ne sommes-nous qu’un amas de gènes mal foutus, de cellules que l’on peut améliorer ? Il me semble qu’il y a une réalité immatérielle chez l’homme que l’on pourrait définir par tout un ensemble de choses telles que la capacité à donner, l’imagination, la solidarité, les convictions, l’amour, le langage, ce que l’on appelle l’âme, quelque chose chez l’homme qui dépasse l’homme. » Jean Guilhem Xerri a évoqué aussi la vie intérieure et ce principe de liberté intérieure qu’il faut nourrir à chaque instant et que peut-être l’on ne pourra jamais créer ou remplacer.

Source : Conférence « Le défi du transhumanisme, de la réalité à la science-fiction »

Par Sébastien Tribot

Implants, prothèses, organes artificiels… jusqu’où réparer le corps ?

Les progrès de la science liés à la médecine font des bonds de géants. Dans le monde entier, des chercheurs tentent de “réparer“ ceux qui en ont besoin, parfois en les transformant en véritables cyborgs.

Aujourd’hui, grâce à la technologie bionique, le corps humain tend à devenir artificiel, fait de prothèses “intelligentes” (pouvant être contrôlées par la pensée), d’implants et d’organes imprimés 3D.

(KIKA) - LOS ANGELES - Ian Reis, 37enne pompiere scozzese, e' stata la prima persona al mondo a montare una protesi i-Limb Pulse. L'arto artificiale e' a tutti gli effetti un braccio bionico. I-Limb Pulse ha un software interno che sfrutta la connettivita' bluetooth per permettere all'utente di impostare, attraverso un programma per computer, i movimenti da far compiere all'arto a seconda dell'azione che intende effettuare. mh/CB2/ZOB/wenn©kikapress.com
(KIKA) – LOS ANGELES – Un pompier écossais qui a perdu sa main dans un accident, et sa main bionique “i-Limb Pulse”. (Credit: Touch Bionics)

Ce n’est pas de la science-fiction, et ce n’est pas non plus le simple fantasme des adeptes du courant transhumaniste – ces scientifiques et penseurs qui prédisent un futur où l’être humain pourra améliorer ses performances. Les exemples ne manquent pas, qui laissent entrevoir un avenir où (presque) tout pourra être réparé.

Un coeur artificiel

Aujourd’hui, un organe malade ou un membre amputé peuvent être remplacés, telles des pièces détachées. Le pacemaker était déjà une grande avancée, mais bientôt, les personnes souffrant de problèmes cardiaques devraient pouvoir se faire implanter un coeur totalement artificiel.

En France, la société Carmatsa a conçu le premier cœur artificiel bioprothétique. Cet organe “complet” est composé, comme un cœur naturel, de 4 valves, de 2 ventricules et d’un système de régulation. Techniquement, le coeur est au point. Reste à passer la phase des tests. Objectif, pour Carmat : produire en masse ce cœur artificiel “total”, une fois la “salle blanche” (de fabrication) prête.

Moins sophistiqué que la prothèse française, le cœur artificiel de l’américain Syncardia est alimentée par un système externe de 6 kilos. Il a déjà été posé chez plus de 1300 patients dans le monde (300 en France). Il est “provisoire”, car destiné aux malades en attente de greffe – mais des essais sont en cours aux Etats-Unis pour une implantation permanente.

D’autres organes sont susceptibles d’être remplacés par une version “artificielle”. Ainsi, au CHU de Montpellier, une équipe de scientifiques planche sur un système utilisant des cellules pancréatiques non humaines, implantées dans une poche en matériaux biocompatibles, et permettant de concevoir un pancréas bio-artificiel, qui “assurerait la sécrétion d’insuline” – un espoir pour les 10 millions de diabétiques à travers le monde.

Des prothèses intelligentes

Depuis plus de 20 ans, dans les pas des prothèses “intelligentes” conçues par l’armée américaine à destination de ses soldats blessés et amputés, les chercheurs en robotique rivalisent de projets. Finis, les bras en cire inertes. Désormais, les personnes amputées portent des membres “bioniques”, munis d’électrodes.

L’exemple le plus emblématique est celui de Jesse Sullivan. En 2005, cet Américain a perdu ses deux bras à la suite d’une électrocution. Aujourd’hui, il porte des prothèses de bras bioniques. Grâce à elles, il peut accomplir de nombreux gestes de la vie quotidienne – comme saisir un verre d’eau. Tout cela… par la pensée.

Pour parvenir à ce résultat, les ingénieurs en biomécanique de l’Université Northwestern et du Centre pour la médecine bionique de Chicago ont “relié” la prothèse au cerveau, grâce à des électrodes, qu’ils ont placés au niveau des terminaisons nerveuses du membre disparu. Depuis les nerfs, un “signal” est transmis à un micro-ordinateur, situé dans le bras bionique.

Les prothèses myoélectriques restent chères (environ 10 à 15 000 euros pour les modèles d’Otto Bock, de Touch Bionics et de RSLSteeper, leaders du marché). Mais les mains et les bras low cost se développent peu à peu – le plus souvent en open source.

Ainsi, la main bionique Handiii, mise à disposition des internautes par le japonais Exiii, est imprimable en 3D, pour un coût de 179 euros. Le système est moins sophistiqué que celui animant les bras de Jesse Sullivan : il s’agit d’un petit capteur, placé sur le bras, et qui s’active via un smartphone, lors de la contraction d’un muscle.

Lève-toi et marche

Plus fort encore : désormais, des exosquelettes, des prothèses et des implants permettent aux paraplégiques de remarcher. En 2012, Claire Lomas, paralysée suite à un accident de cheval, a parcouru plus de 40 km à pied lors du marathon de Londres, grâce à des jambes bioniques.

Conçu par le japonais Cyberdyne, l’exosquelette robotique HAL (Hybrid Assisted Limb) se porte comme une combinaison. Il utilise les signaux émis par le cerveau de son porteur (handicapé, le plus souvent paraplégique), afin de le faire marcher.

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La plupart des exosquelettes déjà disponibles sur le marché, comme HAL ou Ekso, nécessitent toutefois l’utilisation de béquilles pour se stabiliser. Pour remédier à ce problème, la startup française Wandercraft conçoit un exosquelette qui utilise l’équilibre dynamique de l’utilisateur afin de le stabiliser et de lui permettre de commander ses déplacements. Il permet ainsi aux paraplégiques ou aux myopathes de marcher à nouveau, sans béquilles. Sa commercialisation auprès des établissements de soin est prévue pour 2017.

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Imprime ton organe

Les prothèses de bras, de mains ou de jambes ne sont plus les seules “pièces” du corps humain susceptibles d’être conçues via une imprimante 3D. En février 2016, l’équipe du docteur Ralph Mobs a réalisé la greffe d’une vertèbre artificielle (en titane), imprimée en 3D.

En 2014, des chirurgiens néerlandais ont de leur côté utilisé une imprimante 3D… pour implanter un crâne artificiel, en polymère. “Pour fabriquer l’implant, il fallait d’abord créer un modèle en 3D du crâne de la patiente. Un scanner a été réalisé pour obtenir une image de sa forme optimale. Après l’impression d’une copie tridimensionnelle à partir du fichier numérique, l’opération a ensuite consisté à enlever le crâne malade et à le remplacer par l’artificiel”, explique Sciences et Avenir.

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UMC d’Utrecht

Enfin, last but not least, l’impression de vaisseaux sanguins. Grâce à une imprimante 3D, des chercheurs de l’Université de Sydney, de Harvard, de Stanford et du MIT, ont mis au point un “réseau vasculaire artificiel”. Il imite le système de circulation du sang dans le corps humain, et permet d’alimenter des cellules humaines en nutriments essentiels, ainsi qu’en sang. Une avancée technologique qui devrait permettre, un jour, d’aller plus loin que la fabrication de tissus imprimés simples, pour créer des structures vascularisées – et imprimer de véritables organes. Pourquoi pas un cœur artificiel, comme le prévoient depuis 2013 des scientifiques de l’université de Louisville ?

Par Fabien Soyez

Demain, vivrons-nous 1000 ans ?

Les transhumanistes espèrent et prévoient un avenir libéré des maladies. Dans cet idéal, l’homme vivrait plus longtemps puisque son corps ne serait plus entravé par le vieillissement de ses cellules et ses capacités physiques et cérébrales seraient bien plus poussées qu’aujourd’hui. Les spéculations vont bon train sur le sujet. Le transhumaniste Aubrey de Grey, dans une interview accordée à 01net, déclarait comme possible l’allongement de la vie à 1000 ans. D’autres ont estimé qu’il était plus probable que la durée de vie s’allonge de 20 à 30 d’ici quelques décennies. Tous, en tout cas, ont argué le fait que l’évolution de l’homme était continue, et que du fait des améliorations technologiques, elle irait sûrement de plus en plus vite. Après tout, la loi de Moore n’a toujours montré de signes de faiblesse, alors pourquoi pas ? Et puis, nous assistons à un bouleversement en médecine, grâce à l’émergence de nouvelles technologies. Selon Jean-Michel Besnier, philosophe à l’université Paris-Sorbonne, « nous sommes passés d’une médecine qui soigne à une médecine qui répare, la mort étant la panne ultime qui résiste. Dans le futur le docteur sera remplacé par une sorte d’ingénieur expert en données ».

La bio-impression 3D au service de la médecine régénérative
Le développement fulgurant de cette technologie ces dernières années offre de belles perspectives dans bien des domaines. Des objets en plastique, en métal, en bois, des textiles, et même des aliments sont déjà produits par des imprimantes 3D. L’innovation à présent se situe autour de l’impression de tissus et d’organes humains, ce que l’on appelle la bio-impression 3D. Là encore, les projets se multiplient. Une équipe de l’université de Harvard s’est par exemple servi de cellules vivantes pour élaborer des tissus cellulaires, allant même jusqu’à recréer un réseau de vaisseaux sanguins pour le transport de l’oxygène et des nutriments. L’Oréal, en partenariat avec la start-up américaine Organovo, projetterait la fabrication de peau humaine pour tester ses nouveaux produits. Toutefois, des limitations scientifiques demeurent encore. Il n’est pas, à ce jour, possible d’imprimer un organe entier à cause de sa complexité. Ce le sera peut-être dans une trentaine d’années, voir davantage, a avancé avec précaution Fabien Guillemot, fondateur de l’entreprise Poietis, spécialisée dans la bio-impression. En attendant, la recherche se concentre sur le développement des briques constituantes des organes, comme les tissus.

La médecine régénérative

La recherche dans le domaine des cellules souches – ces cellules qui ne se sont pas encore différenciées, et qui peuvent encore se transformer en n’importe quelle cellule – et de la médecine régénérative est pleine de promesses. Les cellules souches sont principalement connues pour être utilisées dans des thérapies visant à fournir des traitements pour des maladies cardiaques ou des maladies dégénératives (Parkinson, Alzheimer, etc.) mais elles sont aussi étudiées pour la culture d’organes fonctionnels et de différentes parties du corps. De nombreuses équipes scientifiques, partout dans le monde, basent leurs recherches sur ce point. Comme celle du Riken Center for Developmental Biology à Kobe, qui travaille à la création de glandes pituitaires, à partir de cellules souches embryonnaires humaines, dans l’idée de les transplanter un jour sur l’homme. Ou encore celle du chercheur japonais Shinya Yamanaka, dont les travaux sur les cellules souches pluripotentes induites (IPS), permettant de produite tout type cellulaire, ont été récompensés d’un prix Nobel de médecine en 2012. Beaucoup considèrent ce pan de la recherche scientifique biomédicale comme un moyen d’apporter des améliorations biologiques, qui pourraient un jour mettre fin au processus de vieillissement et, qui sait, à cette fatalité ultime : la mort.

Certains acteurs transhumanistes voient plus loin que la perspective médicinale, et s’imaginent un homme pourvu d’un attirail technologique qui décuplerait ses performances : un homme augmenté. Il serait doté de prothèses ou d’autres éléments, courrait plus vite que la moyenne, verrait la nuit, disposerait d’une force extraordinaire et pourrait effectuer des tâches humainement irréalisables. La technologie servirait à l’homme à surpasser sa condition. Si la nature de cette ambition reste à déterminer – doit-on la classer dans le domaine du fantasme, ou d’une réalité tangible ? – c’est aussi l’aspect éthique qu’il faut considérer. L’innovation au service d’un handicap n’est pas remise en cause. En revanche, si elle n’a plus finalité de guérir ou de réparer mais plutôt d’améliorer l’homme, et donc de le transformer, doit-on fixer des limites ?

Les prothèses

Quoi qu’il en soit, nous n’en sommes pas encore là bien que des technologies existantes remplacent déjà certaines parties du corps. On recense à ce jour une quantité de plus en plus importante de prothèses bioniques, comme le bras myoélectrique Bebionic, qui permet à son détenteur d’effectuer les mêmes mouvements qu’un bras ordinaire ; à ceci près que le sens du toucher n’est pas encore intégré. Ou encore, la main bionique Handiii, développée par la société japonaise Exiii, fonctionnelle et sensible aux évolutions grâce à sa disponibilité en open source, est actuellement la plus abordable sur le marché. Les technologies bioniques ne cessent de se développer, et les prix, grâce aux efforts collaboratifs et la mise en open source de quelques projets, tendent à se réduire considérablement.

Quel effet l’allongement de la vie aurait dans notre société ? Les années de travail seraient-elles augmentées en conséquence ou les années de retraite peut-être ? Le nombre d’être humain dépasserait-il un seuil critique, en matière de gestion des ressources et des espaces ?

Au-delà des enjeux éthiques derrière l’émergence de ces technologies, d’autres questions sont soulevées. Concernant la crédibilité d’une part, peut-on estimer que « la vieillesse est-elle une maladie comme une autre ? » Est-ce qu’en combinant toutes ces innovations et celles à venir, l’homme pourra défier la mort ou vivre jusqu’à 1000 ans ? À priori, le temps nous le dira, ou le dira aux générations suivantes.

Par Sébastien Tribot

Odorat, vue, toucher… Peut-on réparer les 5 sens ?

La science permet non seulement aux paraplégiques de remarcher, ou aux personnes amputées de retrouver leur membre disparu, mais elle permet aussi à ceux qui ont perdu l’un de leurs sens, de le recouvrer.

Restaurer le sens du toucher

Les prothèses intelligentes sont “intelligentes” parce qu’elles peuvent être commandées par la pensée, mais aussi parce que, désormais, elles permettent de retrouver le sens du toucher. L’italien Pierpaolo Petruzziello et le danois Dennis Aabo Sørensen bénéficient ainsi d’une main robotique, conçue par une équipe de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne, qui leur permettent de ressentir ce qu’ils touchent.

Connectée au système nerveux par des fils et des électrodes implantés dans les nerfs, contrôlable par l’esprit, la prothèse, baptisée “LifeHand”, permet de saisir des objets, mais aussi de sentir les objets tenus. Concrètement, des capteurs sont reliés aux tendons de chaque doigt et aux nerfs du bras, où des électrodes ont été implantés. Des ordinateurs convertissent le signal des capteurs en une forme capable d’être détectée par les nerfs. Les électrodes envoient ainsi une sorte de “feedback sensoriel”, ou “feedback tactile”.

La DARPA, agence de recherche de l’armée américaine, veut aller plus loin en permettant aux personnes amputées de ressentir la position et le tonus de leurs membres artificiels. Cette forme de sensibilité profonde, la proprioception, nous permet notamment de savoir comment sont positionnés nos bras et nos jambes, même sans les voir.

Le programme Haptix (Hand Proprioception and Touch Interfaces) consiste à développer des interfaces permettant de mesurer et de décoder les signaux moteurs envoyés par les nerfs et les muscles. La prothèse conçue par la DARPA a été testé avec succès, procurant à son utilisateur (un patient paralysé depuis 10 ans suite à une blessure à la moelle épinière) des sensations tactiles.

“Au lieu d’appuyer sur un seul doigt, un membre de l’équipe a appuyé sur deux doigts sans le dire au patient. Ce dernier a répondu en plaisantant qu’on essayait de le piéger. Là, nous avons compris que les sensations qu’il percevait à travers la prothèse étaient proches des sensations naturelles”, indique Justin Sanchez, qui dirige les recherches à la DARPA.

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Autre sens, mais même principe, avec les “yeux bioniques”, qui permettent de donner, ou de redonner, la vue aux aveugles. Fruit de 20 ans de recherche, Argus II, conçu par le laboratoire Second Sight, est actuellement en cours de test. Cette rétine artificielle se compose d’une paire de lunettes qui enregistre l’image, et d’électrodes implantés sur la rétine, qui reçoivent l’information visuelle par impulsions électriques.

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L’oeil bionique de Second Sight a permis de redonner une vision, même partielle, à des aveugles ou à des personnes souffrant de maladies dégénératives. Des patients sont allés jusqu’à percevoir des mouvements, s’orienter et se déplacer, reconnaître des objets, et lire des caractères. Seul bémol : cet implant oculaire reste cher. Il faut ainsi débourser 115 000 euros pour un tel appareil.

Implants cochléaires et “nez électroniques”

Pour les sourds et malentendants, cela fait déjà vingt ans que l’implant cochléaire existe. Porté par plus de 200 000 personnes à travers le monde, cet implant est divisé en deux : un microphone placé derrière l’oreille, et des électrodes implantés sous la peau. Grâce à ce système, qui coûte environ 45 000 euros (couvert par la Sécurité sociale en France), un sourd, même de naissance, peut recouvrer l’ouïe.

En ce qui concerne l’odorat, sens très important pour l’être humain (notamment pour des questions de sécurité), les recherches n’en sont par contre, encore à leurs balbutiements. Mais des prototypes de “nez électroniques” sont en cours de conception. En France, la startup Aryballe Technologies, issue du CEA-CNRS, met ainsi au point un prototype, composé de nano-capteurs d’odeurs. Ceux-ci imitent les récepteurs olfactifs humains. Un espoir pour les patients qui souffrent d’anosmie (perte de l’odorat).

Pour l’instant, le prototype d’Aryballe Technologies, NeOse, ne capte qu’une trentaine d’odeurs, contre 10 000 pour le nez humain, mais la startup ne compte pas s’arrêter là. Son idée est de développer un véritable dispositif d’intelligence artificielle, basé sur les réseaux de neurones (le “deep learning” cher à Google et AlphaGo), capable de reconnaître les odeurs (les composés organiques volatils, ou COV) et d’apprendre de ses erreurs.

De l’homme réparé à l’homme augmenté

De la réparation à l’augmentation, il n’y a qu’un pas. Les dispositifs permettant de recouvrer nos sens, ne pourraient-ils pas aussi nous servir à les décupler ? Par exemple, en nous permettant de voir plus loin ? Ce sera l’objet de l’épisode suivant de ce dossier, consacré à l’homme augmenté.

Par Fabien Soyez

Homme augmenté : où en sont les recherches ?

Les NBIC ouvrent la voie à l’“human enhancement” dont rêvent les transhumanistes. Bientôt, l’Homme réussira-t-il à vaincre les maladies… jusqu’à devenir immortel ? Revue des pistes les plus futuristes.

Exosquelettes et génétique : les pistes les plus concrètes

Demain, tous des “Iron Man” ? Au MIT, des chercheurs conçoivent des exosquelettes qui apportent 2 membres robotisés à leurs utilisateurs, en plus de leurs bras réels. Ces “membres robotiques surnuméraires » “suppléent” leurs porteurs, notamment lors d’un travail pénible.

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Crédit : MIT d’Arbeloff Laboratory

De son côté, la DARPA conçoit une armure de combat futuriste, Talos. Cette “Iron Man Suit” résistera aux balles, aux chocs, au feu… et augmentera la force physique de son porteur.

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Crédit : DARPA

“Tuer la mort” grâce à l’ADN

Plus forts, plus longtemps ? L’allongement de la durée de vie mobilise des centaines de projets scientifiques. Dans son labo (Calico), Google effectue des recherches sur l’ADN, le vieillissement et les maladies, afin de “tuer la mort”. Des généticiens essaient notamment d’agir sur la télomérase, enzyme responsable de l’espérance de vie des cellules.

La biologie de synthèse permet de son côté de transformer des micro-organismes en “usines cellulaires” – produisant des molécules thérapeutiques. Certaines entreprises, comme Eligo Bioscience, conçoivent des “antibiotiques intelligents” et des virus synthétiques, qui détruisent des bactéries ou des tumeurs de façon localisée.

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Crédit : Adimab

Adimab conçoit des anticorps thérapeutiques, ou immunoglobulines. Ces molécules sont conçues par les globules blancs, mais la société les fabrique à partir de souches de levures et d’ADN. Ses spécialistes en biologie structurale créent des “systèmes immunitaires synthétiques”, qui stimulent les antigènes liés à des maladies infectieuses ou au cancer.

A noter que le monde génétique intéresse aussi les “body hackers”, ou “bio hackers”, qui tentent de modifier la couleur de leurs yeux ou leur formule sanguine par des traitements génétiques.

Nanotechnologies : l’aventure intérieure

Les nanotechnologies sont au coeur des espoirs transhumanistes – toujours pour “tuer la mort”. Grâce à l’infiniment petit, nous devrions pouvoir faire entrer dans notre corps des robots (“nanorobots”) et de petites capsules (“nanomédicaments”) capables de réaliser des opérations chirurgicales, dans des zones du corps difficiles d’accès, ou encore d’analyser notre état de santé.

A Zurich, des chercheurs conçoivent des robots microscopiques, qui se déplacent grâce à des électroaimants. La technologie n’est pas opérationnelle, mais des tests ont déjà été menés dans l’oeil d’un patient. Ces nanorobots devraient permettre de réparer les cornées des malvoyants.

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Crédit : Multi-Scale Robotics Lab (Zurich)

Côté nanomédicaments, des chercheurs du MIT conçoivent une “insuline intelligente”. Cette pilule délivrera aux diabétiques la bonne dose d’insuline, au bon moment. En France, le chercheur Patrick Couvreur a inventé des “nanocapsules”, contenant des médicaments, qui sont envoyées vers une “cible” précise, afin de lutter contre le cancer.

Cerveau : les rêves les plus fous des transhumanistes

Le “mind uploading” fait partie des projets les plus fous menés par des chercheurs transhumanistes. Un milliardaire russe, Dmitri Itskov, a réuni une trentaine de scientifiques, qui tentent de créer un “cerveau artificiel”. Il prévoit de réaliser, d’ici à 2045, un “robot-copie” de son corps. A la fin de sa vie, il espère pouvoir transférer sa conscience dans cet “avatar”, et accéder à l’immortalité. Son “corps”, robotique puis sous forme d’hologramme, serait indestructible.

Ce projet n’en est qu’à ces balbutiements. Mais nombre de scientifiques estiment que ce qui définit un humain (pensées, souvenirs) est inclus dans son « connectome » (la façon dont sont connectées entre elles les cellules du cerveau). Si nous parvenions à cartographier un connectome, rien n’exclut, pour les chercheurs, la possibilité de modéliser l’ensemble de ses informations en un ensemble numérique fonctionnel. Dès lors, il serait possible de “transférer” cet ensemble sur un support de stockage.

Et déjà, des neuroscientifiques tentent de décrypter et de “cartographier” le cerveau. Le “Human Brain Project” vise à modéliser un cerveau humain, afin de combattre les maladies neurologiques. Ce projet, basé en Suisse, a été choisi comme projet scientifique phare de l’UE.

Mémoire artificielle et superintelligence

La neurostimulation nous rendra-t-elle plus intelligents ? La Darpa planche sur un implant cérébral permettant aux victimes de lésions cérébrales de retrouver leur souvenirs… mais qui pourrait aussi être utilisé pour implanter de nouveaux souvenirs à des personnes valides, afin de leur procurer un “apprentissage accéléré”.

En Californie, des scientifiques du HRL Laboratories tentent de concevoir une technologie nous permettant de « charger » notre cerveau avec des informations. Grâce à la neurostimulation, il serait ainsi possible d’accélérer l’apprentissage et d’améliorer la mémoire.

Par Fabien Soyez

Génie génétique : les dérives possibles continuent de CRISPeR le débat

« CRISPR-Cas9 », à prononcer « crispeur casse 9 », a été élue innovation scientifique de l’année 2015 par le magazine Science. Évidemment. Depuis 2012, cet outil de génie génétique a ouvert la porte à des manipulations de l’ADN faciles, rapides, efficaces et peu coûteuses. Faisant entrer le génie génétique sur l’homme dans une ère pré-industrielle. Mais qu’importe les techniques, nos sociétés ne savent toujours pas comment affronter les espoirs transhumanistes que la manipulation du génome porte en elle. Et encore moins comment encadrer d’éventuelles dérives eugénistes.

Pourquoi CRISPR-Cas9 est-elle révolutionnaire ?

Sur le principe l’outil CRISPR-Cas9 n’a rien de réellement nouveau. Il s’agit ni plus, ni moins qu’une enzyme de restriction (enzyme découpeuse d’ADN) comme le génie génétique en utilisait déjà (telles que les nucléases à doigts de zinc -ZFN- ou les nucléases TALEN – Transcription activator-like effector nucleases). Ce qui est révolutionnaire, c’est la simplicité d’utilisation : là où il fallait fabriquer des protéines spécifiques pour chaque gène ciblé avec les autres nucléases, il faut avec Cas9, juste fabriquer de l’ARN (il est transporté sur la partie CRISPR). Et ça on sait le faire dans les labos du monde entier. Du coup, le temps de travail est divisé par 4 et les coûts divisés par 10.

Du génome des bactéries aux embryons humains

Avec autant d’avantages, la technique s’est disséminée à la vitesse de l’éclair. Dès le début 2013, plusieurs équipes ont réussi à supprimer des gènes choisis dans des cellules humaines. En outre, Cas9 a été amélioré pour pouvoir non seulement couper, mais aussi remplacer l’ADN coupé par un autre, ou encore booster son expression, voire l’inhiber. CRISPR-Cas9 est devenu le « couteau suisse de la génétique ». En trois ans, la technique est testée dans le monde entier sur des bactéries, des animaux, des végétaux. En 2014, elle est utilisée avec succès sur des souris atteintes de tyrosinémie (maladie génétique du foie) et sur des embryons de souris atteints de la myopathie de Duchenne. En 2015, plusieurs équipes balayent le tabou de la manipulation d’embryon humain. Notamment une équipe chinoise qui publie ses résultats en avril 2015. Relançant le débat éthique autour du génie génétique.

Sur l’homme, la technique balbutie !

En réalité, si CRISPR-Cas9 a permis de produire des vaches sans cornes ou des moustiques résistants au paludisme (non encore relâchés mais déjà au cœur d’un débat écologique et éthique de grande ampleur), en ce qui concerne l’homme, la technique ne semble pas faire beaucoup mieux que ses consœurs avec un taux  d’échecs encore très important. Notamment des effets « hors cibles » c’est-à-dire des changements induits sur d’autres parties que celles ciblées, avec des effets secondaires que l’on ne sait pas évaluer mais souvent délétères voire mortels. En effet, les thérapies géniques, qu’elles soient effectuées sur des cellules somatiques ou germinales sont encore balbutiantes du point de vue de la sécurité et de la fiabilité d’emploi : en Europe, un seul médicament a été autorisé en 2012 et dans le monde, un autre est utilisé en Chine depuis 2004. Avant de pouvoir proposer des traitements de masse, il reste beaucoup de chemin à parcourir.

Manipuler l’homme, faire évoluer l’espèce

En Europe, la recherche sur les embryons humains est strictement encadrée. Elle ne doit pas avoir pour finalité un traitement par exemple. Ces précautions louables sont cependant vaines face à notre monde globalisé : rien qu’au Japon, en Chine ou en Inde, cela n’est pas illégal. Et aux États-Unis seule la recherche sur fond public est limitée. Les scientifiques continueront de chercher et de trouver. Dans un premier temps, les barrières éthiques risquent de tomber facilement : qui dira non à la manipulation, y compris transmissible, quand il s’agira de prévenir des maladies graves comme la mucoviscidose ou les myopathies ? Dès lors, on pourra s’habituer au fait de changer notre génome, d’influer sur l’évolution de l’espèce. Et même si la complexité de notre génome fait que le fantasme transhumaniste du « bébé à la carte » est encore irréaliste, les manipulations déjà possibles aujourd’hui n’en questionnent pas moins notre humanité.

« Rester l’auteur de sa propre vie »

Pour le philosophe allemand Jürgen Habermas, il est essentiel de limiter les possibilités d’eugénisme des parents sur l’enfant à naître. Sous peine de créer des hommes qui, prenant connaissance des manipulations dont ils ont fait l’objet, se sentent limité dans leur liberté, dans le sentiment d’être l’auteur de leur propre vie. Ouvrant aussi par là la porte à des conflits familiaux prévisibles entre ce que les parents voulaient pour leur enfant, ce qu’ils ont prévu pour lui et ce qu’il voudra lui, dans le contexte imprévisible de son propre environnement et de sa propre biographie.

Les limites culturelles de l’eugénisme positif

Pour se défendre des dérives eugénistes des régimes fascistes du Xxe siècle, certains penseurs ont développé l’idée d’un eugénisme positif : une amélioration des hommes via la reproduction contrôlée mais en n’enlevant que les « traits négatifs », en encourageant ceux « souhaitables » et bien sûr en laissant le choix et la vie à ceux qui ne les possèdent pas. Mais sur quels critères définir ces caractéristiques « négatives ou souhaitables » ? Certains handicaps doivent-ils forcément être éliminés ? Il semblerait que les intéressés n’y soient eux-mêmes pas favorables, comme l’illustre un article de Nature qui donnent, pour une fois, la parole aux malades. Il s’agirait dès lors de réussir à faire évoluer les mentalités humaines vers plus d’acceptation de la différence, de la diversité. A la source même de la vie et de la créativité. Plutôt que d’essayer de tout normaliser, contrôler, maîtriser.

Par Sophie Hoguin

Urine, le nouvel or vert ?

Dans la plupart des pays développés pourvus de W.C, nous tirons la chasse d’eau et nos urines se diluent dans un ensemble pollué de rejets ménagers, qu’il faut ensuite retraiter (avec force produits chimiques et dépenses énergétiques) avant de rejeter tout cela dans les cours d’eau.

Aujourd’hui, des solutions sont envisagées pour limiter au maximum l’utilisation d’eau et d’énergie pour le traitements de ces déchets.

Source : Universcience.tv

Revue du web #89 : les vidéos les plus étonnantes de mars 2016

La roue du futur sera sphérique

 0190000008371636-photo-pneu-concept-goodyear-eagle-360Vous détestez effectuer des demi-tours ou des créneaux ? Le fabricant américain Goodyear a ce qu’il vous faut. Un pneu en forme de… boule.

Les roues Eagle-360 pourraient tourner dans tous les sens, ce qui faciliterait considérablement les manœuvres. Pour effectuer un demi-tour par exemple, une simple rotation de la roue serait nécessaire.

Si ce concept facilite de nombreuses manœuvres, il pourrait également avoir tendance à complexifier la conduite et serait donc réservé aux voitures autonomes et intelligentes.

Mieux dormir… grâce à un bandeau connecté

Dream, le bandeau connecté, passe du concept à la réalité. Il sera bientôt possible de l’acquérir pour la modique somme de 349 euros.

Sa promesse ? Vous faire mieux dormir. Ce bandeau souple doté d’électrodes se porte la nuit. Il surveille l’activité cérébrale afin de détecter les différentes phases de sommeil. Dès qu’il détecte une phase de sommeil profond, il l’accompagne en envoyant des sons via conduction osseuse. Des recherches ont montré que certains sons pouvaient prolonger cette phase particulièrement réparatrice.

Même si son efficacité reste à prouver, le projet a de quoi faire rêver.

Des circuits électroniques élastiques

 L’électronique rigide, c’est fini ! Vêtements connectés, peaux artificielles pour robots, capteurs épousant les mouvements… Les circuits électroniques souples mis au point par l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne pourraient permettre de donner naissance à de nombreux objets connectés.

Capables d’être étirés jusqu’à quatre fois leur longueur sans perdre leurs propriétés, ces circuits électroniques souples ont un secret : le matériau employé, un film métallique en partie liquide à base d’or et de gallium.

Assister à une course de drones

La saison 2016 des championnats de courses de drones a déjà commencé, mais voici une chance de vous rattraper !

La DLR (Drones Racing League) organise une série de 6 courses en 2016. La prochaine course aura lieu à Los Angeles. La date n’a pas encore été arrêtée, donc pas d’inquiétude, vous avez le temps d’acheter votre billet d’avion.

Le principe ? Des obstacles, un espace en trois dimensions, une supervitesse et des machines volantes dotées de caméras.

Un robot très expressif

Tout le monde n’a eu d’yeux que pour elle au festival SXSW (South by Southwest), à Austin.

Sophia, un robot très réaliste, fascine autant qu’il dérange tant ses expressions faciales se rapprochent de l’être humain.

Impression 3D : une nouvelle résine prometteuse

Ultrarésistante, ultraflexible… Cette nouvelle résine mise au point par l’entreprise Formlabs pourrait bientôt rivaliser avec l’ABS.

Capable de résister à de fortes contraintes mécanique, la Tough Resin ouvre de nombreuses perspectives dans le domaine de l’impression 3D.

Insolite : une oeuvre d’art avec un peu de mathématiques et quelques graines de semoule

Steve Mould, présentateur pour la radio BBC4 et youtubeur scientifique, a eu l’idée d’expliquer les mathématiques à l’aide d’un peu de semoule et d’un archet.

Pour reproduire l’expérience, vous aurez besoin d’une plaque de métal carrée, de graines de semoule et bien sûr d’un archet. Si vous faites vibrer la plaque avec ce dernier, vous observerez que la semoule forme des figures, les figures de Chladni !

Par Iris. T

La numérisation du poste de travail pour lutter contre les TMS

Selon l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS), les troubles musculosquelettiques (TMS) indemnisés ont entraîné en 2012 la perte de quelque 10 millions de journées de travail en France. C’est pour lutter contre ce phénomène que la société HRV a mis au point un simulateur ergonomique du poste de travail, ErgDesign.

realite-virtuelle-caveCe simulateur est constitué de 4 écrans de 2×2 mètres sur lesquels est projetée une maquette numérique à l’échelle 1:1 de l’usine. Muni d’un système de capture de mouvement et d’un casque de réalité virtuelle, l’opérateur interagit avec cette maquette numérique et reproduit les mêmes gestes qu’il accomplira en temps normal sur son poste de travail. Tous ces mouvements sont analysés et modélisés par un logiciel. «Les bonnes postures apparaissent en vert, les mauvaises en rouge» précise Arnaud Cosson, le PDG de HRV.

Ce logiciel réalise ensuite une cotation RULA (Rapid Upper Limb Assessment), dont les ergonomes se servent dans les milieux industriels et tertiaires pour identifier les risques de type TMS. Ce simulateur a donc un double intérêt : celui d’impliquer l’opérateur dans la conception de son futur poste de travail, et celui d’anticiper les possibles anomalies menant à l’apparition d’un TMS. «Grâce à ce système, on valide l’ergonomie du poste de travail avant même sa conception» explique Arnaud Cosson. ErgDesign a été testé chez UPSA de manière concluante, à en croire HRV.

Par Frédéric Monflier

La réalité virtuelle prête à l’emploi à l’assaut des PME

Les salles immersives, ou «caves», sont loin d’être généralisées car la réalité virtuelle et la réalité augmentée, bien qu’elles gagnent en notoriété, ont la réputation d’être des technologies contraignantes.
«La démocratisation est le principal enjeu, confirme Christophe Chartier, président d’Immersion, une PME bordelaise spécialisée dans ce secteur d’activité. Et c’est vrai tant pour les grands industriels qui nous font confiance depuis 20 ans, et qui souhaitent installer et utiliser ces solutions plus facilement, que pour les ETI et les PME.»

immersion1Ces clients potentiels expriment notamment le souhait de ne plus mobiliser une pièce complète pour la transformer en salle immersive. La réponse à cette problématique s’est concrétisée il y a un an par la commercialisation de la «VR in a case», que l’on pourrait qualifier de réalité virtuelle «on the go». «Case » est un terme approprié car il s’agit d’un caisson transportable contenant tout l’équipement nécessaire à la mise en œuvre de la réalité virtuelle. «Ce caisson contient un vidéoprojecteur à ultra-courte focale, des lunettes stéréoscopiques, un dispositif de suivi des mouvements de tête et un PC, qui sert de calculateur graphique 3D en temps réel, décrit Gabriel Soubies, directeur Intégration chez Immersion.
immersion3Les fichiers natifs de CAO de la PME, provenant de Catia, Solidworks, etc, sont convertis instantanément. Notre volonté, c’était de concevoir un produit qui peut être déployé en moins d’un quart d’heure. Tout est préconfiguré et précalibré.»

La même problématique est à l’origine du Cubtiiile Mobile, présenté pour la première fois au public. «C’est un petit système multitouch combiné à un vidéoprojecteur qui démarre en appuyant sur un seul bouton, explique Christophe Chartier. Il n’est pas question d’immersivité cette fois, mais de manipulation d’objets en 3D, qui intéresse davantage les designers et les départements marketing. immersion2C’est une phase de validation de matériaux, de couleurs, où il est nécessaire d’observer une image détaillée.» Point commun de ces deux produits : ils sont disponibles à l’achat, ce qui est classique, et en location évolutive, ce qui l’est moins. La prochaine étape sera peut être de proposer la réalité virtuelle «as a service», ce qui va dans le sens actuel des nouvelles technologies de l’information.

Par Frédéric Monflier

L’Idome veut impulser le divertissement et l’enseignement interactifs

Dressé dans les locaux d’Eon Reality, à Laval, l’Idome est une grande voile blanche qui emporte le spectateur vers des aventures immersives plus spectaculaires que la moyenne. Ceci même quand il n’est pas en service…

IdomepublicCet écran d’aspect toroïdal, fabriqué d’une seule pièce, mesure en effet 13,5 mètres de large sur 7 mètres de hauteur, pour une profondeur de 4,5 mètres. «L’angle de 140° qui en résulte correspond mieux à la vision utile de l’oeil humain, explique Yann Froger, président de Eon Reality France. L’effet stéréoscopique s’en trouve aussi amélioré.»

La vidéo enveloppante est produite par quatre vidéoprojecteurs de marque Barco, les images distinctes étant ensuite assemblées grâce à une technique de «edge blending». Les spectateurs sont alors amenés à porter des lunettes actives pour observer le relief 3D. Mais la vision n’est pas le seul sens sollicité. «La plateforme audio est complète et couvre tout le spectre à partir des infrasons » précise Yann Froger. Quant aux sièges, ils accompagnent subtilement le mouvement simulé à l’écran et renforcent les sensations.

Ce qui est toutefois unique au monde, ce sont les possibilités d’interaction à plusieurs. «Jusqu’à 24 spectateurs peuvent intervenir indépendamment et simultanément sur le déroulement de l’action à l’écran, ajoute Yann Froger. De cette manière, on peut former des équipes, challenger les utilisateurs à l’aide d’un divertissement interactif.» Ces spectateurs sont équipés d’une télécommande dont le repérage dans l’espace est assuré par infrarouge. Pour sauver les dauphins du méchant requin ou détruire les astéroïdes menaçants, ils appuient sur la gâchette.

Le contenu est le principal enjeu

Dragons-01Ce dispositif à vocation essentiellement ludique est une manière de promouvoir la réalité virtuelle et augmentée auprès d’un jeune public, des écoles de la région étant régulièrement invitées. Il permet aussi de tester des contenus de réalité virtuelle et, enfin, sert de support de formation à la VR and Innovation Academy, une école où des stagiaires de divers horizons apprennent les métiers de la réalité virtuelle. Il s’agit d’instaurer un cercle vertueux qui, notamment, fournira de la matière à des équipements tels que l’Idome.

Confondateur de Eon Reality, Dan Lejerskar ne dit pas autre chose : «l’enjeu, c’est le contenu. Nous recrutons même des game designers pour le créer.» Mais tout le monde ne pourra pas installer un Idome chez soi, c’est une évidence. «Tout ce qu’on voit sur cet écran, on doit pouvoir le voir sur celui de son smartphone» poursuit-il. C’est une phase de démocratisation qui requiert en parallèle de faciliter l’accès aux contenus RV/RA et leur création.

La plateforme de téléchargement Eon Experience répond à la première problématique et propose des applications toutes faites. Eon Creator AVR, pour sa part, permet de créer du contenu RV/RA à partir de bibliothèques de composants 3D et se destine particulièrement au marché de l’éducation. C’est peut-être l’occasion de rendre certains cours plus stimulants. Reste que la transition vers le numérique interactif en simple 2D, si l’on prend le cas des écoles françaises, n’est pas encore achevée, loin s’en faut.

Par Frédéric Monflier

Les compagnies pétrolières s’éloignent de l’Algérie

Cette attaque n’est pas la première. Déjà en 2013, le site gazier d’In Amenas avait été l’objet d’une prise d’otage de groupes terroristes venus de Libye qui a duré 3 jours et fait 37 morts. Les compagnies pétrolières avaient alors annoncé un renforcement drastique des mesures de sécurité, déjà importantes pour leur personnel expatrié.

Cette nouvelle agression a poussé les compagnies BP et Statoil à rapatrier leurs employés, considérant que la situation sécuritaire n’est plus acceptable. Une annonce qui ne va pas améliorer l’image du pays, qui éprouve toutes les difficultés du monde à attirer les investisseurs.

Sécurité

La sécurité de l’Algérie inquiète les compagnies qui projettent d’y investir en raison de l’instabilité qui règne dans la région, et notamment chez le voisin libyen dont la situation intérieure est un chaos depuis l’intervention militaire menée par la France pour écarter l’ancien dirigeant, Mouammar Kadhafi. L’armée algérienne n’a pas les moyens de contrôler les quelques 1 000 kilomètres de frontière entre les deux pays, et des groupes terroristes parviennent à passer pour perpétrer leurs actions sur les installations gazières algériennes, poumon économique du pays.

Dépendance

Attaquer le gaz, c’est viser la ressource fondamentale de l’économie algérienne. Les hydrocarbures pèsent 95% des exportations, 60% du budget national, et 25% du PIB algérien selon le Fonds Monétaire International (FMI). Avec la chute des cours, les revenus de l’export sont passés de 60,3 à 35,7 milliards de dollars en l’espace d’une seule année. De fait, le pays subit de plein fouet la crise pétrolière, d’autant plus que les investisseurs boudent le pays en raison de sa législation contraignante.

Dirigisme

Surfant sur un prix du baril qui atteignait des sommets, Alger a durci en 2006 sa loi réglementant les hydrocarbures. Il est ainsi institué que la compagnie nationale, la Sonatrach, détienne au moins 51% des parts dans tous les projets du pays. De fait, le groupe public algérien produit 80% du gaz algérien. Une taxe additionnelle sur les profits a également été introduite, ce qui a réduit l’attractivité du secteur pour certains investisseurs. D’autres problématiques liées à l’administration et au système bancaire ont fini de rendre le pays non-attractif. Un état de fait symbolisé par l’échec de l’appel d’offres de 2014, pour des concessions pétrolières et gazières. Seuls 4 des 31 blocs proposés ont trouvé acquéreur. Un autre appel d’offres, prévu lui fin 2015, a été annulé.

Pour contourner cette difficulté, la Sonatrach a confirmé entretenir des négociations bilatérales avec d’autres compagnies pour développer ces blocs. Une approche moins transparente, qui avait dans le passé conduit à des scandales de corruption.

Avenir incertain

Premier producteur africain de gaz, deuxième fournisseur européen derrière la Russie, l’Algérie tient un rôle important dans la région.

Avec 4 500 milliards de mètres cube de réserves, dont 2 400 mds m³ situés dans le méga champ de Hassi R’mel, l’Algérie détient la 11ème place mondiale en termes des réserves de gaz naturel conventionnel, et occupe aussi la 3ème place mondiale en termes des réserves du gaz de schiste techniquement récupérables qui avoisinent les 20 000 mds m³, selon l’EIA. Pour autant, le pays va devoir continuer à faire face à une situation de faible cours du pétrole, et ce, alors qu’il devra également relever deux défis majeurs : l’avènement de l’ère post-Bouteflika et la menace terroriste.

Romain Chicheportiche

Total lorgnerait les actifs E&P d’Engie

Si les intéressés n’ont pas souhaité faire de commentaires, Engie avait confirmé en février dernier, lors de ses résultats annuels, un grand plan de cession de 15 milliards d’euros avec notamment la mise sous revue de son activité E&P, détenue à 70% aux côtés d’un partenaire chinois : CIC.

Cette filiale compte 1 875 employés dans le monde, des réserves estimées à 758, 8 millions de barils (Mb) pour une production annuelle de 55,5 Mb. Le groupe, dirigé par Gérard Mestrallet, a mandaté Bank of America (BAML) pour vendre ses activités essentiellement situées en Mer du nord, en Afrique du nord et en Asie du sud-est. A noter en France, une participation de 40% dans le permis de recherche d’hydrocarbures « Pays de Saulnois » situé en Lorraine. La Major française aurait déposé deux offres, toutes deux refusées car jugées insuffisantes. Le groupe, dirigé par Patrick Pouyanné, cherche à profiter de la crise pour réaliser d’intéressantes opérations afin de préparer un futur plus favorable. « Fondamentalement, j’en suis persuadé, le prix du brut va remonter », affirme le pdg de Total.

Par Romain Chicheportiche

Les huîtres menacées par les micro-plastiques dans les océans

Les micro-plastiques (moins de 5 millimètres de diamètre) menacent les huîtres. Ils proviennent de morceaux de plastiques déversés dans les océans (sacs, bouteilles, mégots, emballages) qui sont fragmentés sous l’effet des courants et des UV. Les microplastiques sont également issus de rejets industriels du secteur cosmétique (exfoliants, dentifrices) et vestimentaire (fibres synthétiques) qui en utilisent en grande quantité.

« Pendant deux mois, dans des bassins expérimentaux, nous avons exposé des huîtres à des microparticules de polystyrène. Nous avons utilisé des micro-plastiques de la même taille que le plancton dont se nourrissent les huîtres habituellement » souligne Rossana Sussarellu, biologiste à l’Ifremer, membre du LEMAR pendant la réalisation de l’étude. « Après deux mois d’exposition à cette pollution, les huîtres produisaient moins d’ovules et ceux-ci étaient de plus petite taille. De même, leurs spermatozoïdes étaient nettement moins mobiles comparés à ceux des huîtres mises dans des bassins sans microplastique », explique Marc Suquet, biologiste au Laboratoire Physiologie des Invertébrés, Centre Ifremer Bretagne à Brest, membre du LEMAR.

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Gros plan sur l’huître creuse (à gauche) @ Ifremer/Jocelyne Oheix. Une huître pendant l’expérimentation, au site expérimental de l’Ifremer à Argenton (Finistère). @Ifremer / Rossana Sussarellu

« La fécondité était en forte baisse avec des conséquences sur la génération suivante », relève Arnaud Huvet, biologiste au Laboratoire Physiologie des Invertébrés, Centre Ifremer Bretagne à Brest, membre du LEMAR. « Le taux de fécondation par rapport à des huîtres non exposées était inférieur de 41%. Les larves produites accusaient un retard de croissance d’environ 20%. »

4 à 12 millions de tonnes de plastique se déversent chaque année dans l’océan. D’ici 2025, la production de plastique va être multipliée par dix. Les solutions proposées par les chercheurs ? « Il faut améliorer le recyclage du plastique » souligne Arnaud Huvet. Il est également essentiel que les consommateurs modifient leurs comportements en choisissant moins de produits plastiques jetables. Les normes de traitement de l’eau devraient également évoluer. L’interdiction des sacs plastiques est un premier pas dans la bonne direction. »

Source : cnrs

L’enceinte qui plonge l’ouïe dans la réalité augmentée

Il est très majoritairement question de vision dans les applications de réalité virtuelle ou augmentée. La start-up parisienne Akoustic Arts s’est pour sa part  intéressée à un autre des cinq sens recensés chez l’être humain : l’ouïe. Elle a conçu une enceinte, nommée sobrement «A», qui a la particularité de produire un faisceau sonore ultra-directif. Ainsi faut-il s’immobiliser à un endroit très précis pour entendre le signal sonore émis, que ce soit une voix, une musique ou tout autre information utile en fonction du contexte. Un pas de côté ? Le signal sonore disparaît.

salon-laval-virtual.la-vitrine-des-produits-high-tech_0Point de membrane souple ou autre bobine électrique ici, autrement dit les composants typiques d’un haut-parleur ordinaire. La surface de l’enceinte «A» est en effet constellée de 200 éléments miniatures – pour le modèle le plus grand – de nature piézoélectrique : excités par un courant électrique, ceux-ci émettent une onde ultra-sonique. «C’est en se propageant dans l’air que ces ultra-sons se démodulent et que le signal devient alors audible » explique Morgan Hett, responsable technique et commercial chez Akoustic Arts. Ce même principe avait déjà été exploité par Sennheiser notamment avec l’Audiobeam, haut-parleur qui n’est aujourd’hui plus commercialisé. Dans l’enceinte «A», c’est la manière dont le signal est envoyé aux transducteurs qui a fait l’objet d’un brevet. La bande passante annoncée se situe entre 20 Hz et 10 kHz. Le raccordement au système audio s’opère à l’aide d’une prise mini-jack standard.

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L’enceinte «A » existe en deux tailles (20×20 et 9×9 cm), qui coûtent respectivement 800 et 500 € HT. Pour la production à grande échelle, une campagne de financement a été initiée sur la plateforme Indiegogo. Plusieurs cas d’usage sont envisagés : à la maison, cette enceinte pourrait permettre de se réveiller au petit matin, sans déranger le conjoint, où d’écouter seul de la musique dans une pièce, sans qu’il soit nécessaire de se coiffer d’un casque. Dans un cadre professionnel cette fois, elle pourrait trouver des débouchés dans les magasins – diffusion d’information spécifique à un rayon, à un produit – et les musées, où un visiteur recevrait un message auditif approprié en face d’une œuvre d’art.

Par Frédéric Monflier

L’objet augmenté, autre facette de la réalité augmentée

Spectaculaire quand il est bien exécuté, le mapping vidéo est en vogue dans le spectacle événementiel, la muséographie et le commerce de luxe. Cette technique consiste à appliquer une image ou une vidéo sur un objet, voire la façade d’un monument, à l’aide d’un ou plusieurs vidéoprojecteurs. Elle fabrique donc une illusion et à ce titre, mérite de s’inscrire dans le périmètre de la réalité augmentée. Ou de l’objet augmenté, selon la définition de la jeune pousse SmartPixels, née en mai 2015.

L’expression définitive devrait même être «l’objet augmenté qui peut bouger». Car c’est le principal intérêt de la solution développée par cette start-up : l’objet, dans ce cas une chaussure de sport, peut être manipulé, réorienté et le mapping vidéo s’adapte dynamiquement et instantanément, maintenant l’illusion du raccord entre l’image projetée – motif, couleur… – et la surface de l’objet elle-même.

L’équipement comprend une caméra, un mini-projecteur LED de 1400 lumens et un mini-PC Intel NUC. La caméra détecte le mouvement de repères solidaires de l’objet ; ce mouvement est analysé par les algorithmes mis au point par SmartPixels ; et l’image recalculée est projetée en tenant compte de la nouvelle position de l’objet.

Les commerces seraient amateurs d’un tel procédé. «Notre solution enrichit l’expérience client et contribue à la digitalisation des points de vente, confie Samuel Burlac, en charge du développement des affaires. C’est une solution qui fait vivre l’emblème de la marque.» Une valorisation ludique qui pourrait attirer le chaland, et peut-être l’inciter à mettre la main au porte-monnaie. L’enseigne Bouton Noir, appartenant à Auchan et confectionnant des vêtements sur mesure, a déjà été séduite par les possibilités de personnalisation rapide d’un produit. Autre application : le prototypage rapide, dont s’est déjà servi l’Oréal. «L’idée est de limiter le nombre de maquettes et notre solution, qui permet de changer très vite de motif ou de couleur, répond à ce besoin» conclut Samuel Burlac.

Par Frédéric Monflier

Une table à dessin 3D pour stimuler les idées

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Nombre de grands artistes auraient probablement rêvé de plonger dans leurs œuvres pour mieux explorer les confins de leur imagination. C’est en quelque sorte la proposition faite par le 3DExperience Lab de Dassault Systèmes, un accélérateur de start-ups. L’utilisateur se coiffe d’un casque de réalité virtuelle, empoigne deux manettes et, une fois son avatar « photographié » et inséré dans la scène, le voici qui se met à peindre, à dessiner, à concevoir autour des objets, avec une palette de couleurs et un pinceau fictifs dans les mains.

«C’est un prototype qui permet à n’importe qui d’exprimer des idées, de la créativité » explique David Nahon, directeur du 3DExperience Lab. Et pas uniquement les designers et autres concepteurs 3D… c’est-à-dire les habitués. «On peut créer un concept à plusieurs, impliquer le client ou l’utilisateur final dans le projet, poursuit David Nahon. C’est une véritable pâte à modeler 3D.»

On connaissait les ébauches et les croquis jetés sur le papier. Peut-être qu’à l’avenir la démarche sera identique mais emploiera des outils plus sophistiqués.dassaut1

En l’occurrence, le dispositif matériel mis en œuvre par Dassault Systèmes est perfectionné, il est vrai, mais somme toute banal, sans vouloir être péjoratif. A deux extrémités de la scène de quelques mètres-carrés se trouvent ainsi deux systèmes Kinect de Microsoft, dédiés à la console Xbox 360, utilisés pour détecter et modéliser les mouvements. Quant au casque de réalité virtuelle et aux manettes, il s’agit du Vive de HTC, dont les pré-commandes sont ouvertes en France, les premières livraisons étant attendues en mai. Son prix ? 899 € TTC. Kinect est quant à lui vendu à 150 € TTC et le PC chargé de réaliser les calculs et l’affichage n’a rien d’un supercalculateur.

En résumé, l’objet de cette démonstration était aussi de prouver que la réalité virtuelle n’est plus inaccessible, que ce soit pour les particuliers ou les petites entreprises.

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Par Frédéric Monflier

Les écologistes demandent un moratoire sur les OGM

En janvier 2016, le CRIIGEN publie une étude présentant le maïs OGM Bt 176 comme « nocif pour l’alimentation animale ». Ce maïs n’est pas un inconnu puisqu’il est le premier à avoir reçu une autorisation de commercialisation de l’Union Européenne en 1997. L’autorisation n’a cependant pas été renouvelée en 2007 et aucune bête n’est nourrie de cette façon depuis cette date. En fait, cette étude est présentée par José Bové et Michèle Rivasi comme une preuve obligeant les institutions européennes à « mettre en œuvre un protocole d’évaluation de long terme pour les OGM ».

Cette étude est pourtant sujette à caution selon Bernard Salles, directeur de l’unité de recherche Toxalim de Toulouse. « Ce que publie le CRIIGEN ne montre pas que le problème vient des OGM » explique le chercheur de l’Inra.

Pour comprendre cette affirmation il faut se plonger dans la façon dont l’étude est réalisée. Pendant 4 ans, de 1998 à 2002, 40% de l’alimentation de 70 vaches laitières est composée de maïs OGM. « Cette valeur est élevée. Habituellement, ces bêtes sont nourries à base de fourrage » pointe Bernard Salles. Plus important, un seul groupe de vache est étudié : celui nourri aux OGM. « Apporter des résultats comparés à un groupe témoin nourri dans les mêmes conditions mais sans maïs transgénique aurait été la base d’une étude scientifique. »

Ne pas avoir de groupe témoin fausse particulièrement les résultats de cette étude. En effet, la conclusion rendue par Michèle Rivasi révèle que la quantité de bêtes saines est passée de 70% à 40%. Cette chute est incriminée aux seuls OGM mais le chercheur de l’Inra signale une forte incertitude : « Normalement, un cheptel de cette race affiche un taux de bonne santé proche de 95%. Ce sont des bêtes fragiles mais avoir autant de vaches malades au début de l’étude laisse à penser que l’élevage est réalisé dans de mauvaises conditions. »

L’expert en toxicologie ne s’arrête pas là et s’attaque à ce qui concerne le plus sa spécialité. « Ce papier ne contient pas de rapport anatomo-pathologique, l’équivalent d’une autopsie. Si les OGM étaient responsables de la mauvaise santé des vaches laitières, c’est à cause de la protéine qu’ils produisent pour se protéger des insectes. Mais cette protéine se dégrade lors de la digestion et de nombreuses études ont déjà affirmé qu’elle n’est pas létale. »

L’étude présentée par le CRIIGEN n’a tout simplement pas de valeur scientifique. « C’est dommage, tempère le chercheur de l’Inra. Les questions soulevées par le CRIIGEN ont le mérite d’être posées. La contamination de l’écosystème par les cultures OGM est un point qui mérite plus d’études. » On observe par exemple des mauvaises herbes qui copient les gènes résistants au fameux Roundup de Monsanto. Forçant ainsi les agriculteurs à augmenter les doses d’herbicide. Jusqu’à quand ?

L’homogénéisation des forêts diminue la diversité de leurs services écosystémiques

Au cours des dernières décennies, les activités humaines ont conduit à l’extinction de nombreuses espèces au niveau local et mondial. Parallèlement, ces activités, comme les plantations agricoles et forestières, ainsi que les introductions et l’expansion d’espèces exotiques, ont également généré une homogénéisation croissante des écosystèmes à l’échelle mondiale, du point de vue de leur composition en espèces végétales et animales.

Ce phénomène d’homogénéisation biotique est parfois qualifié d’« Effet MacDonald’s », par analogie avec les grands centres commerciaux dominés de manière croissante par un petit nombre d’enseignes franchisées, ce qui conduit à standardiser l’offre et à la réduire qualitativement. Dans les forêts européennes, le déclin de la diversité des arbres et l’homogénéisation biotique sont deux phénomènes très répandus. Cependant, alors que de nombreux travaux scientifiques ont étudié les conséquences de la disparition des espèces sur le bien- être humain, aucune recherche n’avait encore montré les conséquences de l’homogénéisation biotique sur la diversité des services écosystémiques, bénéfices générés pour les sociétés humaines par les écosystèmes.

Au travers d’un vaste projet collaboratif européen impliquant 29 équipes de recherche (FunDivEUROPE), les chercheurs ont combiné des données provenant de forêts de six pays (Allemagne, Espagne, Finlande, Italie, Pologne et Roumanie). Ils ont d’abord collecté une grande quantité de données sur différentes fonctions et différents services remplis par les écosystèmes forestiers. Ils ont ensuite utilisé des simulations informatiques pour tester les conséquences de l’homogénéisation biotique et du déclin de la diversité des arbres sur la capacité des écosystèmes forestiers à assurer seize fonctions essentielles telles que la production de bois d’œuvre, le stockage de carbone, la résistance aux bioagresseurs ou le maintien de la diversité des oiseaux.

L’étude montre que les effets du déclin des espèces d’arbres sont très variables alors que, dans presque tous les scénarios étudiés, l’homogénéisation biotique a un impact négatif sur la capacité des forêts à fournir des services écosystémiques multiples. Cela s’explique par le fait que toutes les espèces d’arbres ne fournissent pas les mêmes services avec la même intensité. Par exemple, dans les forêts polonaises, l’épicéa commun permet d’obtenir un bois d’œuvre de très bonne qualité, tandis que les forêts de charmes favorisent la présence d’une diversité de plantes favorable, par exemple, au développement d’un tourisme vert. Les paysages composés d’une diversité de forêts sont donc plus à même de fournir une gamme diversifiée de services écosystémiques que des paysages où les forêts sont dominées par les mêmes espèces d’arbres.

Ces résultats suggèrent que minimiser « l’Effet MacDonald’s », par exemple en prévenant l’invasion par des espèces exotiques ou en ayant recours à une plus grande diversité d’arbres pour les forêts de plantation, pourrait favoriser la multifonctionnalité des forêts, permettant ainsi de répondre à une triple exigence environnementale, économique, et sociale.

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A gauche : Un mélange de quatre essences en Italie ; à droite : inventaire d’insectes dans un mélange de pins et d’épicéas en Finlande

Référence : Van der Plas et al. (2016) Biotic homogenization can decrease landscape-scale forest multifunctionality, PNAS, 16 mars 2016, doi: 10.1073/pnas.1517903113

Le Projet FunDivEUROPE
FunDivEUROPE (Functional Significance of Forest Biodiversity in Europe) est un projet collaboratif européen qui vise à quantifier le rôle de la biodiversité forestière dans le fonctionnement des écosystèmes et la fourniture de biens et services dans les principaux types de forêts européennes. Le consortium a rassemblé 24 institutions partenaires de 15 pays sous la coordination de l’Université de Freiburg (Allemagne). Le projet initié en 2010 a été financé par le 7e programme-cadre de l’Union Européenne (FP7).

Source : cnrs

Israël joue la diplomatie du gaz

Potentiel à exploiter

Historiquement importateur net d’énergie, Israël a mené dès les années 90 ses premières campagnes d’exploration offshore pour confirmer ce que certains géologues pressentaient déjà. Selon certaines estimations, le potentiel gazier du pays pourrait s’élever à 1 500 milliards de mètres cubes (Gm³). En 1999, le premier gisement de gaz en mer, dénommé Noah, est exploité pour alimenter les centrales électriques du pays. Il est aujourd’hui épuisé mais d’autres ont pris le relai, notamment l’important gisement de Tamar qui atteint aujourd’hui une production de 7,6 milliards de m³ par an, un chiffre qui devrait doubler d’ici 2 ans.

Cette montée en puissance a été permise par une politique agressive des deux principales compagnies pétrolières du pays : Noble Energy et Avner Oil (Delek). Si le marché domestique est logiquement le premier débouché de ce gaz, la capacité de production du pays devrait se situer autour de 16 milliards de m³ par an en 2020.

Un chiffre théorique car l’utilisation de la manne gazière est sujette à débat au sein de la société israélienne.

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Stratégie gazière

S’il n’est jamais aisé pour une nation de faire bon usage des importants revenus issus de l’extraction de ses ressources, le cas israélien n’en reste pas moins particulier. Le pays est jeune (1948) mais a dû rapidement apprendre à composer avec un voisinage pour le moins hostile. De fait, la politique énergétique du pays est principalement dédiée à la sécurité de ses approvisionnements, et nombreux sont les Israéliens qui comptent sur ce gaz pour atteindre l’indépendance énergétique. Une position qui s’entend notamment au regard des divers embargos de pétrole et gaz subis par l’Etat hébreu lors de pics de tension dans la région (guerre de Kippour, 2010-2011). Pour autant, centrer la politique énergétique sur le gaz naturel peut s’avérer dangereux et contre-productif car ces installations deviendraient de facto des cibles de choix.

Un autre courant de pensée appelle également à l’usage massif du gaz, mais estime qu’il devrait avant tout bénéficier à la population au travers d’un tarif régulé qui soutiendrait le pouvoir d’achat des plus précaires et renforcerait la compétitivité de l’industrie nationale. Enfin, un troisième courant estime que le gaz devrait servir des ambitions plus grandes : la paix. Selon le principe que l’on fait moins volontiers la guerre à ses partenaires commerciaux, un certain nombre d’intellectuels issus du cercle de pensée de Shimon Perez estiment que l’intégration économique par le gaz (comme l’Europe l’a fait en son temps avec l’acier et le charbon) des pays riverains (Egypte, Jordanie, Liban, Territoires Palestiniens) pourrait conduire à un nouvel ordre régional. Si cette dernière stratégie semble être privilégiée, la montée en puissance au Parlement de groupes politiques hostiles à toute entente avec les pays de la région reste un obstacle. Signe de cette instabilité politique, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, élu en 2013, a dû dissoudre la Knesset deux ans plus tard pour reconstituer une coalition à la majorité très fragile. Dans ces conditions, il est compliqué pour le gouvernement d’affirmer un réel leadership sur ce sujet fondamental, avec le risque de dissuader les investisseurs.

Le cas Woodside

Initialement très incitatif, surtout dans l’exploration, le cadre réglementaire israélien s’est peu à peu rapproché des standards mondiaux en termes de réglementation et de taxes. Une évolution que n’ont guère appréciée les investisseurs qui s’intéressaient au potentiel du pays malgré les importantes incertitudes géopolitiques. C’était notamment le cas de la compagnie australienne Woodside, qui avait prévu de prendre 30% de Léviathan, le plus important gisement gazier offshore actuellement découvert en Israël, pour 2,7 milliards de dollars, avant de jeter l’éponge en raison de nouvelles contraintes (quotas d’exportation revus à 40%, taxes sur les profits) et de tensions politiques. « Le retrait de Woodside a eu un impact négatif sur le climat d’investissement et a orienté le consortium vers des options d’exportations régionales, tributaires de garanties souveraines et plus sensibles au contexte géopolitique régional », explique Maïté de Boncourt, chercheuse à l’IFRI, dans une étude intitulée « Risque politiques et géopolitiques : la gouvernance du gaz en Israël ». Les grandes compagnies internationales sont par ailleurs très réticentes à investir dans le pays en raison des importants contrats qu’ils ont signés avec les grandes nations pétrolières arabes.

Approche régionale

Le cas de Woodside n’est pas seulement lié au cadre réglementaire israélien. La chute vertigineuse des cours du brut, et avec lui du gaz naturel, a mis du plomb dans l’aile aux projets de terminaux de liquéfaction qui devaient permettre d’acheminer le gaz vers des marchés attractifs comme l’Asie. Las, ces investissements ne sont plus du tout rentables aux prix de marché actuels. De fait, le modèle d’exportation régionale par gazoduc devient le plus indiqué. Trois grands marchés s’offrent à Israël : l’Union européenne, l’Egypte et la Turquie. Le premier est favorable mais reste à construire les infrastructures de transport, ou à relier les gisements israéliens à d’autres tubes existants. Pour Israël, l’Egypte est redevenu un partenaire acceptable depuis l’arrivée au pouvoir du colonel Al-Sissi. Malgré des tensions persistantes, le marché égyptien est prometteur : une consommation de 50 Gm³, en hausse de 12% depuis 2007. Mais les retards dans l’exploitation des champs israéliens pourraient bénéficier au Caire qui compte également développer ses propres ressources, notamment le champs offshore de Zohr, découvert en août 2015 par la compagnie italienne Eni, et qui recèlerait l’équivalent du gaz de Tamar et Leviathan réunis. Si l’Egypte met en œuvre ses ambitions, il s’agira d’un changement de paradigme majeur car le pays paraissait logiquement être le premier débouché du gaz israélien.

La Turquie aussi est un marché très attractif. Sa consommation de gaz naturel pourrait passer de 48 Gm³ aujourd’hui, à 80 Gm³ en 2030. Mais la situation géopolitique dans la région empêche pour l’instant d’imaginer toute avancée sur ce dossier. Israël négocie par ailleurs des accords gaziers avec Chypre, le Liban, l’autorité palestinienne, ou la Jordanie. Si leur envergure est moindre, ils pourraient en revanche être l’esquisse d’une potentielle intégration régionale. Mais force est de constater que les résultats de ces négociations sont pour l’instant décevants, la situation syrienne, la levée progressive des sanctions iraniennes et les cours du pétrole ne poussant guère à l’optimisme.

Romain Chicheportiche