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Stellantis révise sa trajectoire sur le « tout électrique » à l’horizon 2030

Posté le par Aliye Karasu dans Entreprises et marchés

Mesure phare du Green Deal européen, l’interdiction des ventes de voitures neuves thermiques prévue dès 2035 fait face à la réticence des industriels qui redoutent les coûts liés au tout électrique. Contournant cette bascule totale, Stellantis corrige ses ambitions et préfère miser sur un mix de technologies avec l’hybride occupant un rôle central.

Jean-Philippe Imparato, chef de Stellantis Europe, a finalement officialisé ce qui était pressenti depuis plusieurs mois. Le groupe a décidé de revenir sur l’objectif de proposer une gamme 100 % électrique en Europe d’ici 2030 : « Nous affirmons très clairement le fait que les objectifs sont inatteignables », a expliqué le dirigeant. L’annonce a été faite en marge du Salon automobile de Munich 2025 alors que le plan de route du groupe automobile pour les années à venir était dévoilé.

Le groupe mise désormais sur une approche où les hybrides tiendront une place centrale comme technologies de transition. Il s’agit donc d’un assouplissement du plan « Dare Forward 2030 », présenté en 2022 par l’ancien PDG Carlos Tavares et qui prévoyait 50 milliards d’euros d’investissements pour proposer une gamme européenne entièrement électrique avant la fin de la décennie. Cette réorientation stratégique illustre la nouvelle politique menée depuis l’arrivée du nouveau directeur général, Antonio Filosa en juin dernier. Dans la droite ligne des propos tenus par Jean-Philippe Imparato, celui-ci affirme, dans un entretien accordé aux Échos, que « les objectifs de baisse de 55 % des émissions d’ici à 2030 et d’interdiction des ventes de voitures thermiques en 2035 ne sont pas réalistes ».

Une décision pragmatique

Jean-Philippe Imparato a le mérite d’être franc pour justifier le réajustement de la stratégie du groupe : « Le contexte économique n’est pas là, les stations de recharge ne sont pas là et les prix ne sont pas compétitifs ».

Prenons le cas des infrastructures de recharge insuffisantes. Même si le parc des bornes de recharge électriques sur le continent approche le million, non seulement la répartition demeure inégale selon les territoires[1], mais la dépendance est toujours trop forte à l’égard des batteries chinoises. La récente faillite de Northvolt, le fabricant suédois de batteries, souligne la difficulté à atteindre une souveraineté européenne dans ce domaine.

L’instabilité du coût de l’électricité explique également la marche arrière amorcée par le groupe.

En outre, le ralentissement de la demande des véhicules électriques est réel : au premier semestre, la part d’électriques et d’hybrides rechargeables dans les immatriculations d’utilitaires légers n’atteignait que 9,4 % en Europe.

Ce ralentissement touche aussi les pick-up électriques en Amérique du Nord. Inquiet des ventes décevantes des modèles concurrents (Chevrolet Silverado EV, Ford F-150 Lightning et Tesla Cybertruck), Stellantis a annoncé, dans un communiqué de presse datant du 12 septembre dernier, l’annulation de son pick-up RAM 1500 100 % électrique. Rebaptisé « Ramcharger », le véhicule sera finalement un modèle à autonomie prolongée c’est-à-dire qu’il associera au moteur électrique une batterie couplée à un moteur à essence pour assurer la recharge.

Miser sur la flexibilité pour faire face aux défis du secteur

Stellantis ne renonce pas aux véhicules électriques, mais mise désormais sur une stratégie multi-énergies pour garantir sa rentabilité. L’entreprise continuera de déployer des véhicules électriques, mais développera en parallèle des motorisations hybrides. Cette solution de compromis offre de la flexibilité pour faire face au déclin actuel de l’industrie automobile européenne. celle-ci doit affronter un marché dominé par la Chine et des normes réglementaires européennes trop rigides.

Quant aux exigences de la Commission européenne en matière environnementale, Antonio Filosa y répond en proposant de renouveler le parc automobile grâce à des primes à la casse accélérant la sortie des modèles les plus émetteurs. Il propose aussi des supercrédits pour favoriser des petits modèles électriques aux prix plus abordables.


[1] Précisons aussi que deux bornes sur cinq sont installées dans trois pays : les Pays-Bas, l’Allemagne et la France

Pour aller plus loin

Posté le par Aliye Karasu


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