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Décryptage

Vous n’échapperez pas au Big Data !

Posté le par Matthieu Combe dans Informatique et Numérique

Les décideurs s’intéressent particulièrement au Big Data. Suite à la 2e édition du congrès BIG DATA PARIS, apprenez-en plus sur ce secteur d’avenir qui promet de nombreux avantages compétitifs.

Le traitement massif des données (Big data) doit permettre aux entreprises d’accroître ses marges grâce, par exemple, à une meilleure connaissance client, un ajustement des flux physiques ou la détection d’erreurs. IDC, spécialiste des marchés des Technologies de l’Information, des Télécommunications et des Technologies Grand Public estime que la vente de solutions Big Data devrait passer de 3,2 milliards de dollars en 2010 à 16,9 milliards en 2015. C’est un taux de croissance annuelle de près de 40 % ! Le Big data devrait notamment se développer dans les secteurs financiers, la vente, les services de santé, les télécom et le secteur public.

De quelles données parle-t-on ?

Le Big data est la résultante de la numérisation de l’économie. Ce terme englobe l’ensemble des données numériques volumineuses (Internet, RFID, mobile) qu’il n’est plus possible d’exploiter avec des outils classiques de gestion de base de données. Ces données sont beaucoup moins structurées que les données traditionnelles : elles comprennent des messages, des opinions et des vidéos. La donnée peut être davantage qualitative, « de contenu », issue des réseaux sociaux et des forums de discussion. 

La donnée brute, directement extraite de l’activité ou de l’opinion de l’internaute apporte une information qui, si elle est bien traitée, promet à son détenteur de suivre pas à pas les comportements des clients et des opérations de l’entreprise. C’est le rôle des analystes spécialisés, les « data scientists » qui interprètent les données, les croisent, les remettent en perspective et proposent des représentations directement compréhensibles pour les niveaux décisionnels. Par exemple, l’analyse des tweets est très appréciée par les émissions de télévisions pour comprendre ce qui intéresse le plus les téléspectateurs !

Les acteurs du Big Data sont multiples sur la chaîne de valeur. Ils concernent la source des données, la gestion et le stock des données, ainsi que l’analyse des données à très grande vitesse et leur exploitation. Toutefois, peu d’acteurs communiquent aujourd’hui sur la source et la façon dont ils exploitent les données.

Place au marketing et à la logistique

Le Big Data est particulièrement plébiscité dans le domaine du marketing. Les données partagées sur internet constituent un gisement inépuisable pour les entreprises qui cherchent à mieux connaître leurs clients et à communiquer avec eux de façon plus ciblée. Grâce à l’analyse de leurs données clients sur internet, elles peuvent, par exemple, segmenter leur clientèle, adresser des messages personnalisés et faire de la publicité en temps-réel.

Dans les magasins de la grande distribution, l’objectif sera d’analyser les tickets de caisse et géolocaliser les préférences des clients pour comprendre les chiffres de vente, voir quels produits il convient de mettre en avant et détecter les ruptures de stocks avant qu’elles ne se produisent. Une fonction en cours de développement est l’analyse du parcours client afin de le relancer du point de vue commercial. La carte de fidélité est pour cela un outil redoutable !Le Big Data a également des usages internes à l’entreprise, notamment dans le suivi de l’activité et la détection des erreurs.

Ces dispositifs sont particulièrement actifs dans le domaine des télécoms, des transports, de la logistique ou de la production industrielle, où le suivi au plus près des flux et des équipements est un facteur clé d’efficacité.

Le flou sur l’usage des données personnelles

La question de la gouvernance des données et notamment des données personnelles se pose. Stéphane Grumbach, directeur de recherche à l’Institut national en recherches informatiques avancées (INRIA) rappelle que si les données du web 2.0 sont produites par les utilisateurs partout dans le monde, elles sont accumulées par des entreprises le plus souvent à l’étranger. En effet, si l’on regarde les 25 sites les plus utilisés aux Etats-Unis, en Chine et en Russie, on s’aperçoit qu’ils sont respectivement à 100 %, 92 % et 68 % nationaux. En revanche, en France, seulement 36 % des sites les plus utilisés sont français et les sites nationaux sont ceux qui récoltent le moins de données. Encore plus fort : le top 50 des sites mondiaux regroupe 72 % de sites américains et 16 % de sites chinois !

Les données personnelles circulent donc en sens unique de l’Europe vers les Etats-Unis ; les données américaines ne viennent pas sur notre continent. « On a un peu perdu pied sur qui possède les données » confie également Matteo Pacca, spécialiste Big Data chez McKinsey. Ce décalage engendre des retombées économiques et politiques importantes. La France est très en retard dans ce secteur par rapport aux autres pays européens et l’Europe est, elle-même, très en retard par rapport aux Etats-Unis et aux pays asiatiques. 

En Europe, l’usage des données doit être cantonné à ce qui est prévu dans les conditions d’utilisations. Seules les données nécessaires à l’objectif que l’on souhaite atteindre doivent être enregistrées. À l’opposé, des modèles américains comme Facebook sont très ouverts. « Facebook a un milliard d’utilisateurs et des millions d’industriels qui exploitent les données des personnes avec leur consentement », rappelle Stéphane Grumbach. « La position européenne défend un certain modèle, mais comme l’industrie n’existe pas en Europe, les européens reposent sur l’industrie européenne et donc sur le modèle ouvert américain », remarque-t-il. Pour Jean-Baptsite Dézard, expert d’IBM, si vous regardez les autorisations que vous donnez aux prestataires qui proposent des applications tierces sur Facebook « vous pouvez dire quand même qu’il y a un abus ». Généralement vous pouvez vous dire que « si c’est gratuit, c’est que la marchandise c’est vous », insiste-t-il.

Un Projet de règlement européen sur la protection des données personnelles a pour objectif de remplacer la Directive européenne de 1995. « Le projet de règlement vient renforcer la protection du consommateur et de l’utilisateur ; en contrepartie il vient alléger les charges administratives pour les entreprises », affirme Thierry Dor, avocat spécialisé dans les activités de nouvelles technologies et de sécurité des données au cabinet Gide Loyrette Nouel. 3 000 amendements ont été déposés. Le texte devrait être voté par le Parlement d’ici fin de l’année et adopté en 2014, pour une application dès 2016. 

Pour tenter de rattraper le retard français en matière de Big Data, le gouvernement a annoncé début avril 2013 un soutien de 11,5 millions d’euros à 7 projets sélectionnés dans le cadre de l’appel à projets Big Data du volet numérique des Investissements d’avenir. L’investissement total en R&D s’élève à 21,5 M€. Cet appel à projets vise à favoriser l’émergence d’une filière française, par le développement de solutions innovantes et leur utilisation par des acteurs industriels variés. Quatre autres projets sont en cours d’instruction dans le cadre de cet appel à projets. Une nouvelle action de soutien à la filière émergente du Big Data est prévue dans le courant de l’année.

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique

Posté le par Matthieu Combe


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