Le sol est la couche superficielle de l’écorce terrestre. Cette mince couche de terre que nous foulons sans y penser est essentielle au bon fonctionnement de notre planète. Les sols remplissent des services écosystémiques majeurs, notamment pour la croissance des végétaux et la production agricole en général. Chaque sol est unique, tant la diversité de leurs caractéristiques physico-chimiques et biotiques est grande. L’environnement biotique du sol est particulièrement riche et complexe. Sa fraction microscopique renferme des animaux microscopiques (la microfaune), des bactéries, des archées, des protozoaires, des mycètes et des virus (le microbiote). Parmi l’extraordinaire diversité des micro-organismes hébergés dans les sols, certains peuvent être pathogènes pour les humains. Leur présence, transitoire ou sur de très longues durées, peut se révéler une source de contamination directe ou indirecte. Cet article traite des micro-organismes pathogènes humains dans les sols. Du point de vue du microbiologiste, le sol est considéré comme un des nombreux habitats où, dans certaines conditions, peuvent séjourner des micro-organismes pathogènes. L’article se limitera au cas des sols agricoles définis quant à leur nature ou à leurs qualités productives. De même, la description fine des mécanismes de virulence et des pathologies associées sont en dehors du périmètre thématique de cet article. Le terme de « pathogène » s’entendra comme pathogène des humains. Enfin, cet article se limitera à la zone géographique de l’Europe. Après une description des divers types et espèces d’agents pathogènes susceptibles d’être présents dans les sols, les liens entre leur persistance et les caractéristiques édaphiques seront discutés. Par ailleurs, le devenir des pathogènes dépend également des pratiques agricoles appliquées à la parcelle ainsi que des conditions climatiques et de la période de l’année. Enfin, le sol est une plaque tournante parmi les voies de transmission des pathogènes dans les agroenvironnements. La présence de ces micro-organismes indésirables dans le sol peut potentiellement aboutir à leur transfert vers les végétaux et les animaux. La contamination des matières premières agricoles en cours de production constitue alors une voie d’entrée potentielle vers la filière alimentaire.
À la croisée de la microbiologie environnementale et de l’épidémiologie, une meilleure compréhension de l’écologie des pathogènes dans les agroenvironnements est nécessaire pour une approche globale de la maîtrise des risques sanitaires.