Avant de présenter les biostimulants, il faut se demander pourquoi une plante aurait besoin de biostimulants pour se développer. Et pour répondre à cette question il faut se rappeler quels sont les besoins nutritifs d’une plante. Pour assurer sa croissance et son développement, la plante a besoin d’oxygène pour assurer sa respiration, de gaz carbonique et d’énergie solaire pour réaliser la photosynthèse qui lui procure le carbone, d'eau et d'éléments nutritifs qu’elle se procure dans le sol. On distingue classiquement des éléments nutritifs majeurs : azote, phosphore, potassium, indispensables à la synthèse des constituants de la cellule végétale et des oligo-éléments : cuivre, fer, magnésium, manganèse, soufre, zinc, etc., qui participent au bon fonctionnement physiologique de la plante. Dans le milieu naturel, c’est le sol qui procure ces éléments nutritifs, mais il convient de souligner ici le rôle fondamental joué par l’action des organismes vivants et en particulier des micro-organismes. Ces derniers contribuent à la dégradation de la matière organique et à la mise à disposition d’éléments nutritifs nécessaires à la plante. Les interactions sol, plante, micro-organismes sont particulièrement importantes dans la rhizosphère des plantes. Celle-ci correspond au volume de sol soumis à l’influence des racines de la plante ; c’est le lieu des interactions principales entre la plante et les micro-organismes telluriques d’une part et, d'autre part, des interactions entre micro-organismes eux-mêmes. La distance à laquelle la racine d’une plante affecte les activités microbiennes est extrêmement variable ; elle dépend du type de sol, de l’espèce végétale et des activités microbiennes considérées. La racine de la plante modifie très largement certaines caractéristiques du sol telles que le pH, le potentiel hydrique, le potentiel d’oxydo-réduction, et apporte, via les exsudats racinaires, de nombreux éléments, en particulier des sucres et des acides organiques, qui stimulent les activités microbiennes et leurs interactions.
Dans les sols agricoles, les ressources en éléments nutritifs disponibles pour les plantes sont le plus souvent insuffisantes pour atteindre les objectifs de production et l’agriculteur doit recourir à la fertilisation. C’est particulièrement le cas depuis les années 50, lorsque, à l’issue de la seconde guerre mondiale, l’objectif était d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. L’agriculture s’est spécialisée et intensifiée grâce à la mise au point de variétés hybrides à haut rendement potentiel, à l’usage intensif de pesticides organiques de synthèse, à la généralisation de l’usage des engrais et fertilisants chimiques, et à l’expansion de la mécanisation et de la motorisation. Cette intensification des pratiques, l’abandon des systèmes de polyculture-élevage sont à l’origine d’une diminution de la « qualité » des sols qui se traduit en particulier par une baisse globale de la teneur en matière organique des sols de grande culture et une diminution de la biodiversité microbienne. Face à ce constat, pour pallier les effets néfastes engendrés par ce type de pratiques, il a été proposé d’apporter aux sols des amendements organiques et, plus récemment, des « produits biostimulants » de nature extrêmement variée. Ces biostimulants sont composés d’extraits d’algues ou de plantes, de composts ou de thés de compost, de mélanges d’acides aminés, de micro-organismes, bactéries ou champignons vivants ou morts, parfois réduits à l’état de parois et dénommés « écorces de levures », etc. En aucun cas ce ne sont des engrais, ils n’apportent pas d’éléments nutritifs contribuant directement à la nutrition de la plante (cf. définition ci-dessous). L’idée qui sous-tend cet apport d’amendements organiques et de biostimulants est de régénérer la fertilité biologique du sol mise à mal par des pratiques agricoles intensives, trop peu respectueuses des communautés microbiennes dont l’activité est indispensable au bon développement des plantes.
Jusqu’à un passé récent, ces produits étaient majoritairement proposés par de petites sociétés et ne bénéficiaient d’aucune autorisation de mise sur le marché. Leurs modes d’action n’étaient pas connus et trop souvent la revendication de stimulation de la croissance des plantes n’était pas démontrée. Depuis les années 2010, cette situation s’est très nettement améliorée car, d’une part, des chercheurs s’intéressent aujourd’hui aux mécanismes par lesquels ces produits stimulent la croissance ou le développement des plantes et d’autre part, en Europe, puis en France, des industriels sérieux se sont regroupés dans des associations [European Biostimulant Industry Council (EBIC) et Académie des biostimulants] visant à organiser la profession et à promouvoir les biostimulants.