Les changements climatiques et l’érosion de la biodiversité induits par les activités humaines (artificialisation croissante des territoires, émissions de gaz à effets de serre, pratiques agricoles et sylvicoles non durables, etc.) perturbent l’équilibre des écosystèmes et les multiples services qu’ils rendent à nos sociétés. Ces changements globaux induisent de nombreux défis pour le bien-être humain et pour nos sociétés, comme la réduction des risques naturels, des maladies et épidémies, la sécurité alimentaire et l’approvisionnement en eau. Ces défis interconnectés se déclinent de façon différente en fonction des territoires et les changements climatiques peuvent avoir un rôle amplificateur de leurs effets.
À l’heure actuelle, les solutions proposées pour répondre à ces enjeux relèvent principalement de l’ingénierie classique (également appelées solutions « grises »). Pourtant, les liens entre climat et biodiversité sont caractérisés par leur interdépendance et leur rétroactivité. Qu’ils soient terrestres, littoraux ou marins, des écosystèmes sains, résilients et fonctionnels permettent d’atteindre la plupart des objectifs de développement durable adoptés en 2015, dans le prolongement d’engagements issus d’accords internationaux tels que l’accord de Paris sur le climat, et de contribuer à d’autres défis sociétaux comme la réduction des risques naturels.
À côté de ces solutions conventionnelles, il existe des solutions plus « vertes » qui peuvent apporter une réponse pertinente, économiquement viable et à bénéfices multiples, que l’on regroupe communément sous le terme de « Solutions fondées sur la Nature ». Les Solutions fondées sur la Nature sont définies par l’UICN comme « des actions visant à protéger, gérer de manière durable et restaurer des écosystèmes naturels ou modifiés pour relever directement les défis de société de manière efficace et adaptative, tout en assurant le bien-être humain et en produisant des bénéfices pour la biodiversité » (WCC-2016-Res-069-FR). Par leur caractère transversal, les Solutions fondées sur la Nature permettent d’adapter les projets aux défis sociétaux propres à chaque territoire tout en intégrant l’objectif de bénéfices nets pour la biodiversité dès leur conception. Elles peuvent permettre d’accéder à des sources de financement diverses (climat, biodiversité, risques naturels, gestion de l’eau, etc.) et de différentes formes (appels à projets, programmes de recherche, etc.) sur un même territoire. Elles peuvent également fournir d’autres cobénéfices qui peuvent être économiques (activités agricoles et halieutiques durables, écotourisme, réduction des coûts des catastrophes naturelles, etc.), sociaux (partenariat entre différents organismes et acteurs, implication de la population locale, amélioration de la santé et du bien-être, etc.) ou patrimoniaux (maintien de la qualité des paysages, amélioration du cadre de vie, maintien et création de nouvelles activités économiques durables, etc.).
Depuis l’émergence du concept dans les années 2010, de nombreux travaux de recherche et développement sont menés pour démontrer le rôle des écosystèmes dans la lutte contre les changements globaux. La mobilisation de divers acteurs à travers des programmes de financement, des projets concrets et des évènements variés contribue à la démonstration par l’exemple de leurs pertinence et efficacité, mais aussi des facteurs clés de réussite à leur mise en œuvre. Ces travaux et témoignages mettent cependant en évidence la persistance de nombreux obstacles qui entravent l’intégration des Solutions fondées sur la Nature dans l’aménagement du territoire.
Cet article revient sur l’origine et la définition du concept, les principaux enjeux et le cadre pour leur mise œuvre, puis explore les outils d’application existants et propose des leviers permettant de lever les freins majeurs, ainsi qu’un panorama de retours d’expérience issus de différents écosystèmes.