Cet article présente les métriques et indicateurs de performance utilisés dans les différents secteurs industriels pour évaluer et/ou contribuer à réduire la criticité des conséquences des défaillances des équipements.
Les responsables des entreprises et les organismes chargés d'établir et de faire appliquer les réglementations doivent impérativement disposer de tableaux de bord pour contrôler l'efficacité des dispositions mises en place pour prévenir ou minimiser les conséquences des défaillances des équipements.
Le terme métrique utilisé dans cet article vient de l'anglicisme du mot « metrics » et se réfère aux méthodes de mesure par laquelle l'efficacité d'un processus ou d'un produit peut être évaluée.
La grande majorité de ces moyens de suivi a été définie pour quantifier et qualifier les impacts des défaillances critiques sur la rentabilité économique des investissements, la sécurité des biens et des personnes, la disponibilité opérationnelle, le respect des contraintes réglementaires pour les installations dangereuses et l'environnement. Compte tenu du foisonnement des métriques et des indicateurs de performance, un utilisateur non averti a toujours du mal à sélectionner le jeu d'indicateurs le plus pertinent, et cet article a pour but de lui servir de guide.
L'analyse approfondie de leurs définitions permet de séparer leurs domaines d'application en deux catégories : d'une part le domaine des secteurs d'activités classiques et non dangereuses pour le législateur, et d'autre part le secteur des activités dangereuses et classées.
Deux familles d'indicateurs de performance ont été définies pour chacune de ces catégories.
La première famille est conçue pour évaluer les performances calculées à partir des données collectées sur les installations : elle permet d'avoir des informations sur les conséquences des décisions du management prises en amont. Ces indicateurs de performance sont appelés « lagging indicators » dans la terminologie anglo-saxonne et appelés dans cet article « indicateurs d'impact ».
La seconde famille concerne des indicateurs liés à des dispositions techniques ou organisationnelles contribuant à terme à réduire la criticité d'une défaillance. Qualifiés de « leading indicators » dans la terminologie anglo-saxonne, ils seront appelés par la suite« indicateurs d'activités ».
La notion de criticité d'un équipement a de multiples interprétations, souvent ambigües ; la première partie en proposera une définition. Les défaillances n'ayant pas nécessairement les mêmes conséquences en fonction des secteurs d'activités, une classification des secteurs d'activités conventionnelles et des secteurs d'activités classées dangereuses sera présentée avec les réglementations associées pour cette dernière catégorie. Ensuite, une typologie des défaillances identifiera trois classes de défaillances : organisationnelles, humaines et techniques. Les défaillances organisationnelles et humaines étant prépondérantes, le modèle « Swiss cheese » de James Reason sera développé. Deux méthodes d'amélioration seront brièvement exposées : les méthodes Tripod et ALARM. Ensuite, l'inventaire des impacts des défaillances sera détaillé ; il concerne les impacts sur la sécurité des personnes, l'environnement, la disponibilité, les conséquences financières, l'image de marque et l'intégrité des biens. Enfin, pour les défaillances techniques des équipements, une analyse des causes est proposée : conception, exploitation, maintenance, facteurs organisationnels et humains (FOH) et les facteurs externes.
La deuxième partie explique le rôle fondamental des indicateurs de performance pour les dirigeants et les différents responsables d'une entreprise. Les sept étapes de processus d'élaboration d'un indicateur de performance sont décrites dans la seconde partie. Elles concernent la définition des objectifs recherchés à l'aide d'un indicateur, la sélection de l'indicateur de performance, le choix des métriques, la collecte des données brutes, le calcul des valeurs des indicateurs, la définition des actions correctives suite aux valeurs obtenues et sa redéfinition s'il s'avère non pertinent. La troisième partie est consacrée aux applications dans le secteur des activités conventionnelles. Dans la mesure où des normes internationales ont été rédigées pour la maintenance et pour la sûreté de fonctionnement, les indicateurs de performance associés seront proposés. La quatrième partie sera dédiée aux activités classées dangereuses. Après un rappel sur les différentes définitions relatives aux dangers et aux risques, le cas des installations classées ICPE en France sera traité. Le cas de la réglementation internationale de l'OACI pour les transports aériens fera l'objet d'un paragraphe particulier, ainsi que le cas des secteurs du transport ferroviaire. Pour les industries chimiques et pétrolières, les pays anglo-saxons se basent sur des recommandations et normes particulières. Les principes de la norme API 754 – Process Safety Performance Indicators de l'American Petroleum Institute seront succinctement décrits. Pour les industries chimiques, les recommandations de l'American Institute of Chemical Engineers (AIChE) feront l'objet de développements.
La conclusion énoncera des recommandations pour la mise en place d'indicateurs et de leurs métriques avec également une vue perspective sur les développements en cours.