La criticité de certains équipements d'installations industrielles doit impérativement être évaluée ; la défaillance de ces équipements peut avoir des conséquences graves sur le personnel, l'environnement, le respect de la réglementation, sans parler des conséquences d'arrêts de production.
Cependant, la détermination de la criticité des équipements en cours de conception, ou déjà en phase d'exploitation, pose de nombreuses difficultés si l'on ne dispose pas de données réelles de retour d'expérience archivées dans les banques de données spécialisées. Cette situation se rencontre très fréquemment dans de nombreuses entreprises où la connaissance est mémorisée par les différents experts qui conçoivent, exploitent ou maintiennent ces équipements. On notera cependant que souvent la qualité d'expert est ambiguë, voire contestée. Pour pallier cette difficulté, il devient nécessaire de faire appel à des méthodes qui reposent sur les connaissances d'un panel d'experts en comportement des équipements. Pour obtenir un consensus d'experts, la majorité de ces techniques repose sur les votes des experts en utilisant des questionnaires où chaque réponse est codée suivant une échelle prédéfinie ou un codage par couleur.
La première méthode présentée dans cet article, le Brainstorming d'Osborn, est un outil de créativité libre et ordonné qui permet de rechercher en groupe et en toute liberté un maximum d'idées sur un sujet donné ou d'inventer des solutions pour résoudre un problème. Cette méthode s'adapte à la recherche de la criticité des équipements, en demandant à chacun des membres du panel d'experts de donner leur avis sur la criticité du même équipement dont ils connaissent parfaitement le fonctionnement en toute liberté et indépendamment des autres experts.
La seconde méthode Delphi a été mise au point dans les années 1950 par Olaf Helmer à la Rand Corporation. La méthode implique un groupe d'experts qui, sous la direction d'un animateur, répondent anonymement et de façon individuelle aux questionnaires et reçoivent ensuite de la part de l'animateur la synthèse des informations sous la forme d'une représentation statistique de la réponse collective. Ensuite, l'animateur renvoie une autre série de questionnaires et assure le dépouillement et la synthèse, éventuellement sous forme statistique, des réponses. Après quoi le processus se répète. L'objectif est de réduire l'éventail des réponses pour obtenir un consensus. On présente également les versions apparues avec Internet.
La troisième méthode correspond à celle de l'Abaque de Régnier®. Le groupe d'experts se voit proposer une liste de questions (items) à laquelle chaque expert doit répondre de façon non verbale en utilisant un code de sept couleurs. Ensuite, en affectant une valeur numérique à chaque avis, on construit plusieurs tableaux colorés pour définir des entités spécifiques à la méthode. Leurs interprétations visuelles permettent de déterminer les items qui font l'objet d'un consensus et d'identifier les experts minoritaires qui envoient des « signaux faibles » définis par cette méthode.
La quatrième méthode décrit la méthode Pieu (pannes, importance de l'équipement, état de l'équipement, utilisation). Avec cette méthode, la criticité des équipements peut être définie avec précision par notation. Suivant le domaine et les avis des experts, il est possible de choisir des grilles d'évaluation avec différents poids associés à des critères définis de façon interne. La méthode Méride (méthode d'évaluation des risques industriels) est succinctement décrite.
La cinquième méthode présente succinctement les concepts de la maintenance basée sur la fiabilité (MBF) qui a pour objectifs de définir un programme de maintenance préventive uniquement sur les équipements critiques. On y présente les critères recommandés dans les normes internationales sur la RCM (reliability centered maintenance).
Finalement, la sixième méthode décrite est celle d'Ishikiwa, également appelée le diagramme de causes-effet. Après une description de la méthode formelle, on présente le diagramme d'Ishikawa pondérée et une adaptation pour la détermination de la criticité des équipements.
Pour chacune de ces méthodes, les avantages et inconvénients sont présentés en insistant sur la robustesse des résultats compte tenu du fait que l'on fait appel aux jugements d'experts et aux aspects psychologiques qui y sont liés.