Tous les jours, nos sociétés utilisent des modes de transports pour les personnes et les marchandises pour accomplir des activités. Il s'agit de réaliser une fonction vitale : la rencontre. Soit entre plusieurs personnes, soit entre des personnes et des marchandises, la rencontre restera nécessaire pour permettre à chacun de se développer.
Pour autant, les contraintes augmentent dans de nombreux domaines : économiques, sociales, énergétiques, environnementales et industrielles. Nos modes de transports actuels, et les usages que l'on en fait, ne sont plus compatibles avec ce champ de contraintes. Les choix réalisés au cours de notre histoire doivent donc être reconsidérés, nous devrons opérer cette rencontre différemment.
Pour trouver des alternatives, seule une approche globale, intégrant l'ensemble des paramètres et des acteurs, est envisageable. En effet, les performances de nos modes de transports ont été telles qu'ils ont structuré nos territoires, nos organisations, nos emplois du temps, et donc nos habitudes. Et ces dernières ont, à leur tour, accéléré notre dépendance à ces choix de mobilité. Pour sortir de cette impasse, il faut absolument avoir un point de vue global des systèmes pour comprendre et analyser les boucles rétroactives, les liens et rétroliens, et les intérêts individuels des différents acteurs en présence, afin de pouvoir esquisser, par la suite, les intérêts collectifs et proposer de nouvelles approches.
Dès lors de nombreux domaines et compétences sont nécessaires pour comprendre les mécanismes en jeux, notamment les technologies des transports, les technologies de l'information, les sciences sociales, les sciences cognitives, le marketing, les modèles économiques, les politiques territoriales, l'économie de la fonctionnalité et l'intelligence collective.
À la solution « unique », le véhicule individuel pour les personnes et le camion pour les marchandises, s'ajoute le développement en France mais également en Europe d'une multitude de services de mobilité et de transports, avec par exemple les projets ELTIS et EPOMM dans le monde. Certains d'entre eux commencent à se grouper pour former des suites servicielles de plus en plus performantes. Progressivement, portés par des outils numériques puissants, des services de mobilités et de transports vont entrer en concurrence avec la possession exclusive d'un véhicule. Ce saut aura des conséquences pour les usagers mais aussi pour les autorités organisatrices et pour les acteurs économiques, bien sûr, pour lesquels cela pourrait être une formidable opportunité.
Cette approche, dite intégrée, est également supportée par la Commission européenne à travers la directive ITS (Intelligent Transport System) (§ 2.1), ou encore par le Massachusetts Institut of Technology (MIT) aux USA dans son laboratoire Senseable City Lab qui expérimente de nouvelles mobilités portées par le numérique. Elle se concrétise actuellement avec de nouvelles alliances comme celle de Veolia Transdev et IBM pour la mobilité urbaine, celle de Citroën et Zilok pour combiner véhicule électrique et partage entre particuliers, permettant ainsi un meilleur amortissement de l'investissement et une meilleure rentabilité du véhicule.
Bien que la mobilité des personnes et que le transport de marchandises impliquent des acteurs et des modèles d'affaires différents, nous verrons qu'une approche systémique intégrée de ces deux domaines présente l'intérêt que des données et des méthodes peuvent être mutualisées. En outre certains acteurs comme les autorités organisatrices territoriales devront arbitrer et organiser simultanément les deux secteurs.