L’assemblage vissé est très largement utilisé dans les secteurs de la mécanique car cette solution répond à des exigences de tenue en service, en termes de résistance et de rigidité, et autorise des contraintes opérationnelles telles que la possibilité du démontage. Le domaine de l’assemblage vissé est vaste et relativement complexe car il mêle de nombreux éléments technologiques : différentes géométries de filet, classes d’acier, revêtements, tolérances, dimensionnement et conditions de montage. La réalisation d’assemblages vissés nécessite la fabrication de filets intérieurs et il convient de considérer les éléments cités précédemment pour leur obtention. L’entité d’usinage qu’est le filet n’est donc pas une surface comme les autres, puisque sa fonction, l’assemblage, est clairement définie, et sa réalisation doit répondre à de nombreuses spécifications.
Plus de 80 % des filets intérieurs sont actuellement fabriqués en ayant recours à une technique de taraudage qui peut être le taraudage par coupe ou le taraudage par déformation. La maîtrise d’une technique de taraudage est donc incontournable pour la fabrication de pièces mécaniques. De plus, cette opération intervient en général en fin de gamme d’usinage, voire même de fabrication. Par conséquent, une défaillance lors de sa réalisation entraîne une perte liée à la fois à la valeur de la pièce brute elle-même, ainsi qu’à la valeur ajoutée par toutes les opérations précédentes. Pour les pièces à très forte valeur ajoutée, qu’il n’est donc pas acceptable de rebuter, il convient donc d’apporter les reprises nécessaires à la suite d’une opération de taraudage manquée. Ces reprises sont délicates et coûteuses, et c’est pourquoi des précautions sont généralement prises lors de la réalisation de taraudage, notamment en atténuant la criticité de l’opération par diminution des paramètres opérationnels tels que la vitesse de coupe.
À plusieurs égards, les techniques de taraudage sont délicates à maîtriser. D’une part, la cinématique du procédé n’est pas simple, et il existe de nombreux types d’outils qui diffèrent ne serait-ce que par leur géométrie. D’autre part, l’étude du taraudage nécessite la prise en compte de paramètres technologiques autres que l’outil et ses conditions d’utilisation, à savoir : l’avant-trou, l’attachement, la machine et sa programmation, ainsi que la prise de pièce.
Cet article se focalise sur les moyens de taraudage et les différentes pratiques de taraudage qui existent. Il pose les bases nécessaires à l’analyse qui sera faite, dans la seconde partie , sur les techniques de taraudage au niveau de la pointe de l’outil.