L'or est un des premiers métaux que l'homme ait mis en forme, car il existe à l'état natif ; sa grande ductilité permet de le déformer plastiquement avec des moyens sommaires. Il a d'abord servi à fabriquer des objets ornementaux ou culturels, voire cultuels, dès le V e millénaire, mais très vite l'idée est venue d'utiliser ce métal inaltérable, extrêmement ductile et précieux, pour sublimer la matière en la recouvrant et lui donner, à moindre prix, un caractère luxueux et divin.
C'est à la dorure, c'est-à-dire l'obtention sur des objets ou des œuvres d'art d'une surface dorée par application d'une feuille, d'un traitement ou d'un revêtement, qu'est consacré cet article. Il trace dans une première partie les principales étapes d'apparition et de développement historique des procédés. La dorure à la feuille, la première apparue dès la Haute Antiquité, a nécessité très tôt la mise au point et le perfectionnement d'une technique très élaborée, le battage, dont les aspects mécaniques sont ici modélisés et discutés. Est détaillée ensuite la succession des étapes technologiques des procédés qui se sont développés postérieurement à la dorure à la feuille : dorure par diffusion, par amalgame de mercure, par appauvrissement superficiel et par voie électrochimique. Les autres procédés, appliqués sur de nombreux et différents substrats, sont décrits, comme la dorure en poudre, et beaucoup plus récemment la dorure à l'or liquide et la dorure par dépôts physiques sous vide, sans oublier de mentionner les recettes couramment développées de fausses dorures. Le sujet encore en évolution de la connaissance des propriétés physico-chimiques et mécaniques de l'interface or-substrat est discuté : variété et propriétés des adhésifs en dorure à la feuille, modes d'adhésion des autres types de dorures. Pour conclure, les aspects de la dégradation et de la restauration des dorures sont abordés.