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Décryptage

Déchets et développement durable : un virage nécessaire et total

Posté le par La rédaction dans Environnement

La notion de déchet durable implique, au niveau des acteurs industriels comme des citoyens, un changement drastique aussi bien au niveau des pratiques que des mentalités. Considérer les déchets comme une activité à part entière est un premier pas nécessaire, mais pas suffisant. Explications. 

La notion de déchet durable implique, au niveau des acteurs industriels comme des citoyens, un changement drastique aussi bien au niveau des pratiques que des mentalités. Considérer les déchets comme une activité à part entière est un premier pas nécessaire, mais pas suffisant. La route vers une gestion des déchets plus raisonnée et efficace est longue. Et elle passe par un changement au niveau des mentalités. Énormément de choses ont été dites et écrites sur cet aspect du problème des déchets.Cela s’explique simplement par le fait qu’en terme d’économie les déchets ont été et sont encore pour partie associés à des pertes et à de la non-valeur et que les coûts engendrés l’ont surtout été pour assurer l’hygiène et la salubrité. Déclassé économiquement, cet envers du décor que constituent les déchets l’est tout autant au plan social.Tout d’abord, comme le précise Alain Navarro directeur scientifique du réseau coopératif de recherche sur les déchets,  » il est important de se détacher des notions préétablies du sale et de l’impur. Créer du propre crée également du déchet. « 

Prendre conscience de la valeur économique des déchets

Ensuite, et cela est en train de rentrer dans la conscience collective depuis quelques années, tout ce qui est constitué de matière enferme de l’énergie. Aussi, l’énergie a de la valeur, de plus en plus même. Partant de là, il convient de considérer les déchets comme ayant une valeur à exploiter. Enormément de choses ont été dites et écrites sur cet aspect du problème des déchets.Cela s’explique simplement par le fait qu’en terme d’économie les déchets ont été et sont encore pour partie associés à des pertes et à de la non-valeur et que les coûts engendrés l’ont surtout été pour assurer l’hygiène et la salubrité. Déclassé économiquement, cet envers du décor que constituent les déchets l’est tout autant au plan social. » Tant qu’on continuera à penser que les métiers du déchet ne sont pas une activité spécifique à part entière, il y aura des lacunes importantes.  » Comme le dit Alain Navarro, le traitement des déchets doit être considéré comme une activité à part entière. Il y a quelques années encore, les métiers de collecte des déchets étaient souvent des professions exercées par du personnel non qualifié, voire socialement ou physiquement en difficulté. Du chemin a été parcouru depuis, mais tout n’est pas encore gagné, loin de là.

Dissocier information et communication

Ensuite, plus concrètement, la hausse de la production industriels et les progrès technologiques sont aussi à l’origine de l’augmentation des déchets, et même de la création de nouveaux types de déchets. Par exemple, le problème du jetable et du réparable est très important.Il y a clairement un problème considérable de perception du problème des déchets, quand on voit que l’on vend actuellement, en masse, des produits éco conçus, mais qui sont jetables et que l’on doit donc racheter régulièrement. « Ce type d’incohérence montre encore que le chemin vers une gestion durable des déchets d’un bout à l’autre de la chaîne de production et de consommation, est semé d’embuches », conclut le directeur scientifique du réseau coopératif de recherche sur les déchets.Le passage du statut de propriétaire vers celui de locataire, comme c’est le cas pour les Vélib et bientôt les Autolib, est peut être une solution d’avenir, puisqu’il favorise l’échange standard d’une pièce défectueuse sur le produit, plutôt que l’échange du produit dans son ensemble.

Un nouveau choix de société

Il faudra veiller aussi à quelque chose auquel l’homme n’a pas l’habitude de penser. Car il faut bien savoir que les choix à faire en matière de traitement de déchets sont drastiques. Ils impliquent notamment la construction d’usines, mais aussi la fermeture d’autres, créant et supprimant des milliers d’emplois. Le choix n’est donc pas uniquement d’ordre écologique, il s’agit clairement d’un choix citoyen.Il faut progressivement que l’implantation des systèmes de recyclage des déchets, partout, soit soumise au choix des citoyens. Il paraît incohérent d’installer une usine d’incinération géante en pleine campagne pour traiter les déchets des grandes villes situées beaucoup plus loin !Autre problématique, celle du recyclage des déchets. L’inconscient collectif à tendance à considérer la réutilisation des déchets comme une activité douteuse, voire dangereuse. Ainsi, l’introduction d’un matériau de substitution dans le monde économique soulève des obstacles autres que techniques. Le premier d’entre eux est la suspicion. Un produit qui a un passé est suspect : il subira ainsi des batteries de tests que l’on ne soumet pas à d’autres produits n’ayant pas de « passé ».

Le nucléaire et les nanotechnologies, un nouveau défi en termes de déchets

De plus, avant d’adopter des pratiques nouvelles en termes de recyclage, comme l’utilisation d’un nouveau matériau dans un process par exemple (en remplacement d’un matériau polluant par exemple), Il faut également qu’il y ait adéquation entre le marché et le gisement. Il faut qu’un deal soit passé entre le secteur qui traditionnellement fourni le marché en question et le nouvel arrivant qui prend le marché. Aujourd’hui, ces deux acteurs ne sont souvent qu’une seule et même société, ce qui facilite grandement les choses.Comme on le voit, la problématique des déchets lance un défi autant technique que sociétal. Mais comme le rappelle Alain Navarro, l’important est de commencer à faire évoluer nos pratiques :  » collectons au mieux, trions au mieux et traitons au mieux en n’oubliant pas qu’il y a suffisamment de possibilités offertes pour que chaque collectivité adopte la stratégie la mieux adaptée à son cas. Si le  » débat citoyen  » consistait à choisir entre plusieurs solutions possibles, il serait certainement plus riche que lorsqu’il est réduit à un simple oui ou non face à une proposition déjà élaborée. »Au-delà, dans une société en mutation permanente, les défis futurs se posent déjà. Un de ces grands défis est le démantèlement des centrales nucléaires. Recycler les millions de tonnes de béton, en contact plus ou moins prononcé avec des matières nucléaires va se révéler être un véritable casse-tête. D’un autre côté, les nanotechnologies, qui produisent des déchets infiniment petits, vont également constituer un défi, puisqu’on ne sait pour l’instant pas du tout comment traiter ces déchets. Bientôt, il faudra savoir.Par Pierre Thouverez

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