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Un guide de l’ADEME pour réduire l’impact des centrales solaires sur les sols et la biodiversité

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Energie durable versus énergie renouvelable

Posté le par La rédaction dans Environnement

[Tribune] Geoffrey Styles

Cliquez « énergie durable » sur le moteur de recherche de Google, et vous trouverez beaucoup de liens. Mais utiliser « durable » comme synonyme de «renouvelable», n'est-ce pas faire un raccourci dangereux ? Explications.

La définition de l’énergie durable varie selon les personnes. Même Wikipedia renvoie principalement aux critères des énergies renouvelables. Trop souvent cependant, ces définitions mettent l’accent sur la consommation d’énergies fossiles et les émissions de CO2 qui en découlent, au détriment de l’utilisation d’autres ressources rares comme l’eau, notamment.

Ainsi, l’éthanol de maïs consomme de grandes quantités d’eau alors que ce carburant est communément considéré comme indéfiniment renouvelable et donc bien plus durable que le pétrole auquel il doit se substituer. De façon ironique, la production et le raffinage de pétrole consomment en moyenne beaucoup moins d’eau par gallon ou BTU (British thermal unit) de carburant que la plupart des biocarburants. L’écart est moins flagrant si on prend en compte la production de biocarburant d’origine non alimentaire qui demande peu ou pas d’irrigation.

Les biocarburants ne sont pas les seuls composants de notre mix énergétique à consommer beaucoup d’eau. La production d’électricité en utilise également en grande quantité, bien que la majeure partie retourne en aval sans dégradation. La plupart des centrales thermiques consomment de l’eau pour le refroidissement et la production de vapeur. Cela comprend à la fois les centrales fossiles et nucléaires.

L’eau n’est pas la seule donnée à prendre en compte

Certaines sources d’énergie renouvelables sont également soumises à cette contrainte dont l’énergie thermique solaire, comme l’a souligné un article récent dans le Washington Post. La géothermie profonde, qui a un fort potentiel en tant que source d’énergie à faibles émissions de CO2, requière d’injecter de grands volumes d’eau sous terre afin de créer des réservoirs hydrothermaux artificiels, ainsi que pour transférer la chaleur à la surface comme source d’énergie. En réalité, au moins 80% de la production d’électricité aux Etats-Unis l’an dernier a nécessité des quantités d’eau plus ou moins importantes, une dépendance qui a soulevé des critiques lors de la sécheresse de 2007 dans le sud-est du pays.

L’eau n’est pas la seule donnée à prendre en compte dès lors que nous élargissons notre vision de l’énergie durable. La consommation de terres et de métaux rares dans la production de panneaux solaires fins, de batteries évoluées ou encore de générateurs d’éoliennes, ainsi que d’autres aspects de l’économie verte en plein boom, commencent à inquiéter certains experts. Sans avoir creusé la question, je serais surpris que ces facteurs se révèlent une limite à court terme.

Le gaz et le charbon ne sont pas les seules substances à se trouver en quantité limitée dans la croûte terrestre

Après tout, nous parlons de technologies qui n’ont pas plus de quelques années et il n’y a pas eu beaucoup de temps pour développer la production de ces composants exotiques afin d’adapter l’offre à la demande croissante. La question de l’échelle est toutefois à double tranchant. Par exemple, si la part de l’énergie solaire passait de moins de 1% des énergies renouvelables aux Etats-Unis aujourd’hui à 10%, il faudrait des dizaines de milliers de tonnes d’un composant utilisé à hauteur de 100 grammes par KW. Dans le cas du Tellurium, utilisé dans les cellules solaires à Cadmium telluride, la production devrait être multipliée par au moins 10 en l’espace d’une ou deux décennies. Cela peut se révéler impossible, du moins d’un point de vue économique.

Il ne s’agit pas de nous lamenter sur une dynamique déprimante où des conséquences inattendues se présenteraient chaque fois que nous cherchons une alternative aux énergies conventionnelles. Au lieu de cela, il faut garder en mémoire que le pétrole, le gaz et le charbon ne sont pas les seules substances à se trouver en quantité limitée dans la croûte terrestre. Nous devons considérer toutes les options énergétiques en termes de compromis, sans nous en tenir à l’aspect esthétique des éoliennes ou des panneaux solaires dans notre cour. Les choix que nous faisons imposent une analyse de leur cycle de vie. Ce ne sera pas facile, encore moins pour les secteurs qui ont tiré bénéfice jusqu’ici d’une vision étroite de la question.

Par Geoffrey Styles, gérant de GSW Strategy Group, LLC, une firme de consultants sur l’énergie et les stratégies environnementales. Il a également un blog : Energy Outlook.

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