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Feu vert pour l’exploration d’hydrogène blanc en France

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Feu vert pour l’exploration d’hydrogène blanc en France

Posté le par Aliye Karasu dans Énergie

Le premier permis de recherche d'hydrogène dit « blanc » vient d'être délivré par le gouvernement à la société TBH2 Aquitaine. Ce combustible, qui suscite l’engouement des industriels, est au centre des convoitises dans une France en quête d’une souveraineté énergétique.

Ce 3 décembre, le Journal officiel a fait paraître un arrêté qui autorise la recherche d’hydrogène naturel, aussi surnommé « hydrogène[1] blanc » dans le sous-sol français. Cette autorisation, inédite en France, aboutit à l’octroi d’un permis exclusif de recherche (PER) à la société TBH2 Aquitaine installée à Pau. Pour une durée de cinq ans, celle-ci pourra effectuer des forages et explorer une superficie de 225 km² dans le département des Pyrénées-Atlantiques. Cette première fait suite à l’amendement du Code minier français qui a ajouté l’hydrogène naturel à la liste des ressources minières en avril 2022.

De nouveaux permis devraient suivre concernant cinq autres demandes qui sont actuellement « à l’instruction », selon le ministère de la Transition énergétique et parmi elles une demande conjointe des start-up 45-8 Energy[2] et Storengy[3].

En mai dernier, l’exploitant gazier Française de l’Énergie (FDE) avait également déposé une demande d’octroi d’un PER à la suite de la découverte fortuite par des chercheurs d’un potentiel gisement d’hydrogène blanc dans le bassin minier lorrain.

Une source d’énergie décarbonée et potentiellement renouvelable

Alors qu’on le pensait rare à l’état pur sur Terre, la découverte d’importants gisements d’hydrogène naturel fait entrevoir une alternative aux hydrocarbures.

Pour produire de l’hydrogène, il faut dissocier le dihydrogène des autres composants qui sont l’oxygène dans l’eau (H2O) et le carbone dans le méthane. Aujourd’hui, 95 % de l’hydrogène exploité provient des énergies fossiles dont pour près de la moitié est issu du « reformage » du gaz naturel. Dans ce cas, l’hydrogène est dit « gris », le distinguant ainsi de l’hydrogène dit « noir » réalisé à partir du charbon.

L’hydrogène est dit « vert » s’il est issu de l’électrolyse de la molécule d’eau, à condition que la source d’électricité utilisée soit renouvelable (éolienne, solaire, hydraulique). Une solution écologique mais peu compétitive car le procédé est très onéreux.

D’autres formes d’hydrogènes existent : « jaune » s’il est produit par électrolyse de l’eau en utilisant une électricité d’origine nucléaire ou « bleu » si le CO2 émis lors de la fabrication est capté pour être réutilisé ou stocké.

L’hydrogène blanc, lui, étant directement présent dans des gisements souterrains, n’a pas besoin de l’appui d’autres sources d’énergie pour être généré. Il est le fruit, entre autres, des interactions entre les roches riches en fer ou radioactives et les molécules d’eau.

Cette source d’énergie décarbonée présente aussi l’avantage d’être peu coûteuse. Dans le village de Bourakébougou au Mali, l’unique gisement exploité dans le monde, l’hydrogène blanc est produit pour moins d’un euro le kilogramme. À titre de comparaison, le coût de l’hydrogène gris est estimé[4] entre 0,9 et 3 € par kilogramme.

Autre atout : l’écorce terrestre produirait en continu de l’hydrogène blanc. Ce renouvellement, qui reste hypothétique, s’effectuerait sur quelques années contre plusieurs centaines de millions d’années pour le pétrole.

Cependant que l’hydrogène industriel est utilisé principalement dans la pétrochimie pour la fabrication des engrais agricoles et dans le raffinage pétrolier, les usages pourraient être multiples si cette manne tenait ses promesses : stockage des énergies renouvelables ou alimentation du secteur des transports pour les véhicules équipés d’une pile à combustible. Néanmoins, le potentiel de dispersion de l’hydrogène lié à sa légèreté augmente le risque de fuite à travers les parois du réservoir.

Au moment où d’autres pays comme l’Australie ou les États-Unis sont déjà lancés dans la course à l’or blanc, le président de la République a lancé ce lundi un appel aux industriels pour positionner la France à la pointe de ce nouvel eldorado.


[1] Abus de langage ; en réalité, il s’agit du dihydrogène H2

[2] Entreprise dédiée à l’exploration et à la production de gaz industriels écoresponsables

[3] Filiale d’Engie spécialisée dans le stockage souterrain de gaz naturel

[4] Le coût a doublé (6 €/kg) en raison des augmentations des prix du gaz découlant du conflit russo-ukrainien.

 

Pour aller plus loin

Posté le par Aliye Karasu


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