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La cyberguerre redoutée

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Guerre en Ukraine : la cyberguerre redoutée, mais absente !

Posté le par Philippe RICHARD dans Informatique et Numérique

Les chars russes sont entrés en Ukraine. Les bombardements se multiplient. Mais toujours pas de cyberattaque de grande ampleur. Pour l’instant, ce conflit déjoue tous les scenarii avancés par de nombreux experts.

Le scénario ressemble aux films hollywoodiens : des réseaux informatiques et télécoms, militaires et civils, mis hors service, des virus saboteraient des centrales électriques et bloqueraient l’accès aux distributeurs de billets de banque… Une série d’attaques propices au chaos.

Mais pour l’instant, point de chaos dû à des cyberattaques de grande ampleur ! Pourtant les médias français multiplient les titres accrocheurs comme le Figaro qui indique que « La cyberguerre fait rage entre la Russie et l’Ukraine ». L’Obs affirme qu’il s’agit d’une « cyberguerre tous azimuts, l’autre dangereuse offensive russe contre l’Ukraine ».

La réalité est plus banale. « Nous imaginions ce déchaînement orchestré de violence dans le cyberespace, ce ballet d’attaques frappant l’Ukraine par vagues, et au lieu de cela, nous avons une bagarre. Et même pas une bagarre très importante, pour l’instant », a déclaré Jason Healey, ancien membre du personnel de la Maison-Blanche chargé de la protection des infrastructures et du renseignement, qui est aujourd’hui chercheur sur les cyberconflits à l’université Columbia.

Guerre de l’information

Un constat partagé par les quelques experts français que nous avons rencontrés. Sous couvert d’anonymat, un spécialiste militaire note que « beaucoup de personnes parlent et s’agitent, comme les Anonymous, mais rien de particulièrement visible sur cette fameuse cyberguerre. Côté russe, leur internet est plus cloisonné que l’on pense. Pour le moment, c’est juste la guerre ».

Hervé Debar, directeur de la recherche à Télécom SudParis, souligne aussi le calme plat côté cyberattaque : « En 2015 et 2016, des compagnies d’électricité régionales ukrainiennes avaient été victimes de cyberattaques. Ces opérations avaient notamment entraîné une panne de courant affectant certains quartiers de Kiev et de sa région. Mais aujourd’hui, c’est pour l’instant une guerre de l’information sur les réseaux sociaux ».

De nombreux experts en cybersécurité pensent que le Kremlin, du moins pour l’instant, préfère garder les communications de l’Ukraine ouvertes pour les services de renseignement. « Soit les Russes sont en train d’écouter ce qui se passe, ce qui explique que les réseaux télécoms ne sont pas touchés car ils sont une source d’information, soit ils ont comme objectif d’occuper le pays et ils auront donc besoin d’infrastructures opérationnelles », explique Hervé Debar.

Une armée informatique d’Ukraine

Avant l’invasion, des pirates informatiques ont mis hors ligne ou défiguré les sites Web du gouvernement ukrainien et effacé certains serveurs à l’aide de logiciels malveillants. Un expert du ministère de la Défense nous a précisé que « certains codes malveillants avaient été activés fin 2021, ce qui montre que la Russie avait programmé cette opération depuis un certain temps ». Des virus « dormants » pourraient donc être activés à des moments opportuns.

En face, une armée de pirates informatiques, dont certains ont été rassemblés en ligne par le service de sécurité ukrainien SBU, annonce avoir « défiguré » des sites gouvernementaux et médiatiques russes.

Un groupe de volontaires, qui se fait appeler l’Armée informatique d’Ukraine, compte plus de 230 000 adeptes sur un canal Telegram et ne cesse de dresser la liste des cibles à atteindre par les pirates, comme les banques russes et les bourses de cryptomonnaies. Mais on ne s’improvise pas hacker du jour au lendemain, c’est un métier qui exige plusieurs années de pratique.

Et si finalement la cyberguerre était une arme de dissuasion qui ne serait pas utilisée car trop destructrice ? « Il y aurait à la fois des problèmes techniques, juridiques et éthiques qui pourraient se poser. Quid en effet des conséquences d’une cyberattaque touchant les populations civiles ? », souligne Hervé Debar.

Pour aller plus loin

Posté le par Philippe RICHARD


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