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Les volcans islandais à la conquête de l’Angleterre

Posté le par La rédaction dans Environnement

Les gouvernements britannique et islandais ont décidé de mettre en place un câble électrique HVDC (courant continu haute tension) sous-marin entre les deux îles. Un levier stratégique dans la perspective du verdissement du mix électrique britannique.

Mesurant entre 1000 et 1500 kilomètres, et partant d’Ecosse ou alors directement du littoral de l’Angleterre plus au sud, il sera le plus long câble sous-marin du monde, volant ainsi la vedette à NorNed 1 (480 km) qui relie les Pays-Bas et la Norvège. La technologie HVDC permet d’acheminer l’électricité sur de très grandes distances avec moins de 3% de perte pour 1000 km de transfert.

Cette interconnexion anglo-islandaise facilitera la concrétisation de l’objectif britannique de parvenir à un mix électrique à haute teneur en énergies renouvelables fortement fluctuantes comme l’éolien maritime et l’énergie houlomotrice, deux filières qui sont actuellement activement développées outre-manche.

Ile de glace et de feu, 100% de l’électricité est d’origine renouvelable en Islande, ce qui constitue le record absolu à l’échelle mondiale: 81% provient de l’hydroélectricité et 19% de la géothermie. Les lacs, alimentés par des précipitations 30% plus abondantes qu’en France, représentent 2,7% de la surface insulaire. Située sur la dorsale médio-océanique Atlantique, l’Islande possède 200 cratères dont 130 volcans actifs, dont certains perturbent le trafic aérien entre l’Europe et l’Amérique de temps en temps.

100% de l’électricité est d’origine renouvelable en Islande

Les lacs de barrage et les centrales géothermiques permettent de moduler à volonté la production et ainsi une adaptation parfaite à la demande. Lors d’un déficit de la production éolienne par rapport à la demande des consommateurs, le Royaume-Uni pourra grâce au câble HVDC importer de l’électricité islandaise. A l’inverse, lors de surproduction éolienne, les électrons pourront voyager en sens inverse et alimenter les islandais ainsi que les industries implantées sur place, notamment dans le domaine de la production d’Aluminium. Ou alors être dirigés vers les autres pays avec lesquels la Grande-Bretagne est déjà reliée – France, Belgique, Pays-Bas et Irlande – ou envisage d’être reliée dans un futur proche : une liaison anglo-norvégienne (900Km) va par exemple être mise en service dès 2019, ce qui permettra à la Grande-Bretagne de jouir de l’énorme réservoir hydro modulable scandinave (84 TWh). Ce dernier a permis au Danemark de passer à 26% d’éolien dans son mix électrique en 2011, et va permettre au royaume de la petite sirène de franchir le seuil symbolique des 50% d’éolien dès 2020.

Au total, pas moins de neuf nouvelles interconnexions HVDC sont en projet entre la Grande-Bretagne et ses voisins européens. « Les interconnexions électriques constituent une manière incroyablement efficace pour contrer l’argument selon lequel il serait nécessaire d’installer un GW de centrale à gaz en back up pour chaque GW d’éolien installé » a déclaré au quotidien The Guardian le ministre de l’énergie britannique Charles Hendry, qui va se rendre en Islande en mai 2012 pour boucler l’accord anglo-islandais.

Le projet anglo-islandais s’inscrit dans la perspective de la mise en place d’une supergrid paneuropéenne (super réseau électrique), projet soutenu par le premier ministre britannique et qui permettra notamment de libéraliser le marché de l’électricité à l’échelle européenne en plus de faciliter la pénétration des énergies renouvelables fluctuantes et de mutualiser les outils de stockage de l’énergie électrique.

Vers une supergrid paneuropéenne

Les câbles HVDC sous-marins peuvent être déployés à la vitesse de 30 km par jour avec des bateaux spécialisés. Les investisseurs sont très attirés par les projets de connexions électriques, car il s’agit d’un business très fiable. L’obtention d’un accord politique bilatéral, qui semble en très bonne voie entre la Grande-Bretagne et l’Islande, est en général l’étape la plus consommatrice de temps dans ces projets d’interconnexions. L’obtention des autorisations, d’une part pour installer les stations de conversion du courant continu en courant alternatif à terre, et d’autre part pour installer les lignes électriques terrestres afin de distribuer l’énorme quantité d’électricité véhiculée par les câbles sous-marins constitue un autre défi.

La France est reliée à la Grande-Bretagne par un câble de 2 GW, auquel va s’ajouter FABLink (4 GW), une nouvelle interconnexion sous-marine passant par les eaux territoriales de l’île anglo-normande d’Aurigny où vont être installées plusieurs GW d’hydroliennes tirant profit des importants courants de marée du secteur. Par effet de domino, les volcans islandais pourront ainsi potentiellement réchauffer les français durant les hivers très froids.

Par Olivier Danielo

Posté le par La rédaction


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