Place de l’humain dans la prévention
Culture de la prévention - Théorie et pratique des comportements face aux risques

Beaucoup de professionnels dans le domaine de la prévention considèrent le facteur humain comme l’un des trois facteurs qui peuvent être à l’origine d’un accident. En effet, lors de la réalisation de l’arbre des causes pour déterminer les causes racines d’un dommage, il est courant d’entendre parler de causes :

• techniques ;

• organisationnelles ;

• humaines.

Ainsi, on continue à entendre que la grande majorité des accidents sont directement causés par une défaillance humaine, une idée devenue populaire suite à certaines études datant des années 1930  quantifiant très précisément à 88 % la proportion des accidents provoqués par des « actes dangereux ». Même si les recherches à l’origine de ces conclusions sont aujourd’hui remises en question, cette notion est encore bien ancrée dans le discours sur la prévention.

Afin de promouvoir une culture de la prévention, il convient de prendre le problème à l’inverse, car présenter le facteur humain de cette façon n’est pas seulement incorrect, mais c’est également contre-productif, et cela pour trois raisons.

En premier lieu, ce postulat considère implicitement ces trois facteurs, dont l’humain, comme des causes de problèmes. Il est plus pertinent et plus intéressant de parler de ces trois facteurs en tant que moyens de prévention et de protection. On verra par la suite que, loin d’être une question de sémantique, parler de la prévention en général et du facteur humain en particulier en positif est important pour renforcer leur valeur.

En deuxième lieu, cette affirmation présuppose qu’un seul facteur peut causer un accident, ce qui est faux. Tout accident est provoqué par l’alignement d’un faisceau de faiblesses et de défaillances dans les moyens de prévention et de protection cités ci-dessus à un moment donné. C’est la philosophie derrière le fameux « modèle du fromage à trous » de J. Reason ...