La démarche ergonomique se veut être une action a priori, à mettre en œuvre le plus en amont possible de tout projet de conception d'équipements ou d'aménagement des situations de travail. Elle repose à cet effet sur une analyse préalable du travail qui vise à mieux prendre en compte l'activité future dans les décisions de conception et, en conséquence, la prévention des accidents et des maladies professionnelles. Les notions de confort et de bien-être au travail, ou relatives à l'organisation du travail, ne sont pas ignorées. Elles sont traitées en établissant les croisements utiles avec les autres déterminants de la prévention.
La nécessité d'intégrer très précocement la prévention dans la démarche de conception des lieux, des équipements et des situations de travail tient à ce que certaines décisions ont un caractère quasiment irréversible. La méthode proposée par l'ergonomie et les connaissances qu'elle contribue à produire sur le travail réel, avec la participation des utilisateurs concernés, viennent ainsi arbitrer le dialogue établi entre la volonté du demandeur (maître d'ouvrage, chef d'entreprise, concepteur...) et la faisabilité technique ou organisationnelle pour intégrer au coup par coup les données n'ayant pas été formulées au départ. Ce qui est recherché, c'est le questionnement et l'intégration de la réalité d'usage afin d'apporter une meilleure qualité de vie aux utilisateurs tout en améliorant la performance globale de l'entreprise.
En complément des apports en matière de fiabilité industrielle et de sociologie industrielle, la démarche ergonomique est de plus en plus couramment proposée comme matière d'enseignement dans les écoles d'ingénieurs. Elle demande aujourd'hui à être appréhendée comme une technique de base de l'ingénierie.
Nota
l'action INRS « Enseignement de la prévention dans l'enseignement supérieur », projet soutenu par la Commission des accidents du travail et des maladies professionnelles (CAT/MP), contribue à cet objectif.