Selon la disponibilité et la qualité des ressources, les eaux brutes destinées à produire des eaux de consommation sont prélevées dans les nappes souterraines ou dans les milieux aquatiques de surface (rivières, canaux, lacs naturels ou de retenue...). Bien que 95 % des ressources utilisées soient d'origine souterraine, elles ne concernent que 66 % des volumes captés. Inversement, les eaux d'origine superficielle représentent 4,6 % du total des ressources, mais concernent plus du tiers des volumes captés (34 %).
La réglementation actuelle s'appuie sur le décret no 2003-461 du 21 mai 2003 relatif à certaines dispositions réglementaires du Code de la santé publique (titre II, chapitre 1er), notamment sur la section « Eaux destinées à la consommation humaine à l'exclusion des eaux minérales naturelles ».
Ce décret définit les eaux destinées à la consommation humaine comme devant :
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(1) ne pas contenir un nombre ou une concentration de micro-organismes, de parasites ou de toutes autres substances constituant un danger potentiel pour la santé des personnes ;
(2) être conformes à un certain nombre de limites et de références de qualité fixées par le décret [W 1 700].
Dans les années 1960-1970, les eaux souterraines étaient simplement pompées, chlorées et distribuées. Toutes les filières de traitement d'eaux superficielles étaient conçues selon le schéma classique « coagulation, floculation, décantation, filtration en profondeur, désinfection » avec une pré-chloration quasiment systématique, permettant aux différents procédés de travailler en ambiance chlorée sans qu'aucun phénomène biologique ne puisse y prendre place.
Le développement considérable des connaissances en chimie analytique et en toxicologie, la publication de nouvelles réglementations et les exigences du consommateur permettent de comprendre pourquoi les filières ont considérablement évolué à partir des années 1970-1980 (suppression de la pré-chloration, optimisation de l'élimination des matières organiques, introduction de traitement d'affinage de type ozonation/filtration sur charbon actif en grains). Ces filières sont désignées comme « conventionnelles » dans cet article.
Les filières conventionnelles de traitement peuvent parfois – et cela sera encore plus le cas dans l'avenir – présenter des limites en termes d'efficacité et/ou de fiabilité. Depuis la fin des années 1980, et beaucoup plus fréquemment aujourd'hui, les membranes apportent des solutions nouvelles, qui, bien qu'elles ne soient pas universelles et généralisées, permettent indéniablement d'alléger le dimensionnement et la conduite de la filière et d'améliorer la qualité du produit. La microfiltration, l'ultrafiltration et, à moindre effet, la nanofiltration sont de plus en plus utilisées dans les filières que nous qualifierons de « filières avancées ».
Les conseils qui suivent sur le choix de la meilleure filière de traitement dans le domaine de l'eau potable doivent être considérés comme un guide et non comme une règle infaillible, chaque eau constituant souvent un cas unique. Par ailleurs, aucun procédé n'est décrit dans cette partie ; le lecteur pourra se reporter à la base documentaire « Technologies de l'eau » et notamment à la rubrique dédiée aux opérations unitaires de traitement (volume W2).
Quelques chiffres sur les eaux potables en France
• 30 000 captages (soit ≈ 95 % en eau souterraine et ≈ 5 % en eau superficielle), mais 90 % des captages ne produisent que 21 % des volumes.
• 18 millions de m3 par jour sont captés (soit ≈ 34 % en eau superficielle et ≈ 66 % en eau souterraine).
• 80 % des ressources en eaux superficielles pour l'AEP sont des eaux courantes (rivières, canaux) et 20 % des eaux stagnantes (dont 13 % de barrages et réservoirs).
• 3 000 usines et stations, 560 000 km de canalisations et plus de 10 millions de m3 de capacité de réservoirs (soit ≈ 1 journée de consommation).
• 150 litres d'eau potable consommée par habitant et par jour, avec un rendement (volume consommé/volume mis en distribution) de 70 à 75 %.• Les pertes (30 à 25 % en moyenne) comprennent les volumes soutirés hors comptage (détournés et gaspillés), les fuites en réseau (cassure ou rupture de canalisation, fuites sur vannes, pertes sur branchements) et les défauts d'enregistrement des compteurs.