Dans le souci de transformer l’activité humaine de manière à ce qu’elle devienne plus favorable à l’environnement naturel et qu’elle corresponde à un développement durable, plusieurs approches essayant de systématiser les actions de protection environnementale se sont développées au cours des années. Ces approches visent d’abord la bonne compréhension des problèmes environnementaux afin que l’on puisse les limiter à travers différents outils et stratégies.
Nous présenterons ici une de ces approches, la « dématérialisation », qui a comme point de départ une idée simple : le système industriel repose sur l’entrée de matières extraites de la sphère naturelle telles que l’eau, le pétrole, le bois ou l’air. Au sein du système industriel, ces ressources sont transformées en produits et services ayant une valeur économique, mais aussi en émissions, déchets, eaux usées etc. Or, chaque mouvement de matière dans l’économie a, tôt ou tard, un impact sur l’environnement. Autrement dit, n’importe quel problème environnemental a comme source un flux matériel venant de la nature. La dématérialisation vise donc la réduction de ces flux, afin d’en réduire l’impact sur l’environnement.
Nous présentons d’abord les racines de la pensée en termes de flux de matière et nous décrivons l’évolution de cette pensée depuis les années 1960, ce qui facilite la compréhension de l’approche de la dématérialisation. Ensuite, nous donnons une définition du concept et expliquons brièvement sa mise en œuvre. Les deux dernières parties sont enfin consacrées à la concrétisation de la dématérialisation, au niveau macroéconomique et au niveau du produit. Nous présentons, essentiellement, deux outils de mesure de flux de matière, dont l’indicateur MIPS (« Material Input Per Unit of Service ») développé à l’Institut de Wuppertal en Allemagne, et nous discuterons quelques pistes pour la mise en œuvre, aux niveaux national et du produit.