Selon les défaillances auxquelles elle s'oppose, la maintenance peut apparaître de deux manières différentes : soit comme une parade contre des événements redoutés, soit comme un levier pour accroître les performances et la compétitivité d'un équipement ou d'une installation. Dans certains cas, elle est un moyen de défense contre des pannes aux conséquences graves vis-à-vis des personnes, des biens ou de l'environnement. Mais elle est aussi un instrument privilégié et essentiel pour améliorer la disponibilité, le rendement, la qualité, la maîtrise des coûts et la durée d'exploitation d'un équipement ou d'une installation. Son implication, à la fois dans la gestion des risques et dans l'optimisation des performances, fait qu'elle entretient des rapports étroits avec deux autres domaines, chacun plus particulièrement concerné par l'un de ces aspects : la sûreté de fonctionnement qui s'intéresse aux risques et le management des actifs de production (ou Asset Management) qui vise à optimiser les performances.
Ces domaines font appel à différentes compétences : les métiers de la maintenance, la fiabilité, et l'aide à la décision en lien avec les sciences économiques. Bien qu'ayant les mêmes buts, leurs points de vue et leurs préoccupations présentent des différences. Les fiabilistes perçoivent généralement la maintenance comme une composante de la sûreté de fonctionnement ; le management des actifs de production, pour sa part, apparaît comme un élargissement des problématiques de maintenance ; enfin, les responsables de maintenance, en prise directe avec le terrain, réclament des approches pragmatiques et efficaces parfois éloignées des considérations plus conceptuelles et théoriques des deux autres domaines. Où sont les différences ? Quels sont les périmètres, les influences et les objectifs communs ? Nous tâcherons de répondre à ces questions en distinguant les deux facettes de la maintenance : bouclier et fer de lance. Nous montrerons ainsi que, selon les situations, les responsables de maintenance adoptent une attitude « défensive » pour s'opposer à des risques graves et rares, ou une attitude que l'on pourra qualifier « d'offensive » pour créer de la valeur en améliorant la compétitivité de leur installation.
L'horizon d'exploitation considéré constitue une dimension supplémentaire, source de différents enjeux. Il peut en effet conduire à séparer les responsabilités entre, d'une part, la gestion des performances à court terme qui est le rôle de l'exploitant, et d'autre part, la gestion des actifs de production sur le long terme qui incombe au propriétaire.
Nous nous intéresserons ainsi aux missions des acteurs de la maintenance qui sont amenés à gérer les compromis nécessaires entre la protection et la création de valeur et entre le court et le long terme.