C et article concerne l’évolution actuelle de l’organisation des systèmes comptables.
Jadis, cette question de l’organisation comptable relevait d’une discipline bien identifiée (comme la comptabilité analytique ou la comptabilité des sociétés) et faisait l’objet d’un enseignement structuré dans les cursus de formation à la comptabilité. On y traitait, dans le cadre d’une organisation manuelle (non informatisée), du « système classique », du « système centralisateur », des « comptabilités auxiliaires », etc., c’est-à-dire de la façon concrète d’organiser et de mettre en œuvre une comptabilité, notamment avec, comme enjeu principal, la nécessité de diviser le travail au sein des services comptables.
Cet enseignement est devenu en grande partie désuet du fait du développement de l’informatique, a disparu progressivement des programmes, et a été supplanté par d’autres problématiques (comme celle des normes d’évaluation internationales de type IFRS par exemple). La comptabilité est dorénavant enseignée de façon plus conceptuelle, sans grande référence aux procédures pratiques de mise en œuvre, dévolues aux progiciels informatiques.
Les anglo-saxons ont deux termes pour traduire comptabilité : « book-keeping » et « accountancy ». Le book-keeping, la tenue concrète, s’efface devant les aspects plus théoriques et normatifs de l’accountancy. La comptabilité était une simple technique, elle tend à accéder au statut de discipline scientifique et académique.
Par ailleurs, la tenue des comptabilités est maintenant pratiquement totalement informatisée, mais l’informatique est souvent enseignée par des informaticiens qui connaissent peu la comptabilité, et qui vont souvent chercher leurs exemples dans d’autres fonctions de l’entreprise, le marketing ou la gestion de production par exemple. Les étudiants et les professionnels de la comptabilité sont supposés faire la synthèse par eux-mêmes. L’organisation des systèmes comptables n’est plus enseignée en tant que telle.
Notons qu’il existe dans les pays anglo-saxons un cours de niveau « graduate » généralement intitulé « Accounting Information System » (AIS), ainsi qu’un grand nombre de manuels traitant de ces questions. Mais les exemples développés sont souvent difficilement transposables dans le contexte français et, par ailleurs, ces ouvrages ne sont pas traduits. En France, rares sont les ouvrages qui abordent ces problèmes.
Or, il se trouve que la comptabilité connaît actuellement une véritable révolution, comparable à ce qui s’est passé il y a quelques siècles avec l’invention et la généralisation progressive des systèmes en « partie double ». La conjonction des nécessités économiques et des possibilités offertes par les technologies informatiques entraîne l’apparition de systèmes « multidimensionnels » caractérisés par un dépassement du principe de la partie double. Ces systèmes, dont la mise en œuvre repose essentiellement sur l’utilisation de progiciels « intégrés », exigent des professionnels de la comptabilité une approche interdisciplinaire articulant comptabilité, informatique et organisation.