Toitures et façades végétalisées, noues, jardins d’orage, bassin de rétention... Les infrastructures bleues et vertes tendent à fleurir de plus en plus dans nos espaces urbains. Leur mise en place s’est fortement démocratisée ces dernières années avec le développement des zones d’aménagement concerté (ZAC) et l’émergence des écoquartiers. Initialement implantées sur des critères esthétiques ou pour des questions relatives à la gestion de l’eau, ce sont désormais les multiples services écosystémiques de ces infrastructures (isolation thermique et acoustique, réduction des îlots de chaleur urbains, préservation de la biodiversité) qui sont mis en avant pour favoriser leur généralisation. S’inscrivant dans une démarche de renaturation de la ville, elles peuvent représenter des outils performants pour combattre les effets du changement climatique tout en développant une ville durable et plus agréable pour ses habitants.
Bien que ces services écosystémiques soient avérés, ils sont encore mal maîtrisés et mal évalués. De plus, les nombreuses règles et législations en vigueur pouvant favoriser leur mise en œuvre ne leur font souvent pas explicitement référence. Elles se limitent la plupart du temps à présenter des objectifs à atteindre sans détailler la manière d’y parvenir. Dans ce contexte, cet article a donc pour objectif de dresser un large panorama des connaissances actuelles concernant les infrastructures bleues et vertes. Se voulant pratique, il présente les outils réglementaires ou techniques existants – ainsi que leurs limites – pour faciliter l’implantation de ces ouvrages et en évaluer les services écosystémiques dès la conception du projet d’aménagement. Ce document se veut pluridisciplinaire et est donc destiné à un large public englobant ingénieurs, architectes, aménageurs, collectivités territoriales, enseignants et étudiants.
À cette fin, l’article est structuré de la manière suivante. Dans un premier temps, il rappelle le contexte actuel dans lequel s’opère cette renaturation de l’espace urbain. Il présente les différents types d’infrastructures bleues et vertes que l’on peut retrouver aujourd’hui dans les projets d’aménagement, en soulignant pour chacun leurs avantages et inconvénients. Il dresse ensuite un état des lieux des normes, contraintes réglementaires ou certifications qui peuvent faciliter l’implantation de ces ouvrages. Puis, il énumère les différents services écosystémiques que peuvent rendre ces infrastructures en détaillant les processus physiques mis en jeu, et la manière dont ils peuvent être représentés et modélisés. Enfin, cet article se termine par la présentation des outils opérationnels existants qui peuvent être utilisés pour évaluer quantitativement ces services.