La chromatographie en phase liquide (CPL) est devenue la technique analytique de référence dans de nombreux domaines requérant la séparation et la quantification de composés présents dans différentes matrices (environnementales, biologiques, chimiques, etc.). Cette technique est basée sur la différence de distribution des composés entre deux phases non miscibles : une phase mobile constituée d’un solvant et une phase stationnaire contenue dans une colonne. Les interactions mises en jeu, qui doivent avoir une cinétique rapide et être réversibles, peuvent être de différentes natures telles que de l’adsorption, du partage ou de l’échange d’ions par exemple. À la sortie de la colonne chromatographique, les composés séparés sont révélés en ligne au moyen d’un détecteur approprié. De nombreux détecteurs peuvent être utilisés et leur choix est fonction de la nature des composés séparés et des sensibilités requises. Les deux détecteurs les plus répandus aujourd’hui sont le spectrophotomètre UV-visible et le spectromètre de masse. Ce dernier a révolutionné l’usage de la CPL depuis le début du XXIe siècle de par ses extraordinaires propriétés en termes de sensibilité, de quasi-universalité, de sélectivité et d’informations structurelles pouvant être obtenues. La chromatographie en phase liquide a désormais largement remplacé la chromatographie en phase gazeuse, qui demeure toutefois la technique de choix pour l’analyse des composés volatils dans différents domaines tels que les produits pétroliers.
À partir du XXIe siècle, la CPL a également connu une importante évolution en termes d’instrumentation avec des systèmes de pompes pouvant délivrer la phase mobile à de très hautes pressions (jusqu’à 1 500 bar aujourd’hui), des volumes extra-colonne très réduits et des phases stationnaires de petite taille permettant de réaliser des séparations très rapides (moins d’une minute) ou/et avec une très grande capacité de pics. Cette technologie connue sous le nom de chromatographie liquide à ultra haute performance UHPLC (Ultra High Performance Liquid Chromatography) permet de répondre aux exigences requises par les autorités en termes de rapidité, de sensibilité et de coût d’analyse et elle est désormais répandue dans tous les domaines allant de l’analyse des fluides biologiques à celle des matrices environnementales.
Cet article se propose de faire le point sur cette nouvelle technologie en discutant la nature des phases stationnaires, l’amélioration de l’instrumentation, les types de séparation développés pour de nouvelles applications ainsi que le traitement des données en termes de logiciels d’optimisation de méthode et de critères de validation.