Bien connaître l’état d’adhérence d’une chaussée est une étape indispensable pour les enjeux de sécurité et économiques d’un gestionnaire d’infrastructures de transport. Élément fonctionnel vital pour un aéroport, la piste aéronautique doit permettre d’assurer l’atterrissage et le freinage des avions en toute sécurité, notamment par mauvais temps. Pour aider le gestionnaire d’aérodrome dans sa prise de décision en matière d’actions correctives, il est nécessaire de lui fournir des données régulières et fiables s’appuyant sur des processus de mesures robustes.
Utilisées comme levier d’amélioration des pratiques et de la qualité des mesures, l'évaluation et la maîtrise des incertitudes de mesure sont des éléments incontournables pour de nombreux secteurs d’activité. En France, dans le domaine de l’adhérence, le laboratoire d’auscultation des chaussées du Service technique de l’aviation civile (STAC) a procédé à une évaluation de ses incertitudes de mesure pour mieux maîtriser son processus de mesure d’adhérence fonctionnelle, qui a été inscrit dans une démarche volontaire d’accréditation selon la norme EN ISO/CEI 17025, établissant les exigences générales concernant la compétence des laboratoires d'étalonnages et d'essais.
Compte tenu de la spécificité de l’essai d’adhérence et d’un manque de retours d’expérience, les initiatives d'accréditation dans le domaine de la mesure de l’adhérence sont rares et plus difficiles à mettre en œuvre que pour d’autres disciplines en raison notamment de la problématique liée à la multiplication de méthodes et des moyens de mesure mais aussi, compte tenu du manque d’information disponible dans la littérature scientifique spécialisée sur la mise en œuvre d’une telle démarche spécifique au domaine de l'adhérence. À ce constat peut également s’ajouter le manque de prise de conscience collective sur la nécessité de maîtriser son processus de mesure et l’absence au niveau supranational d'un cadre réglementaire suffisamment contraignant.
Si de plus en plus de laboratoires d’auscultation des chaussées s’engagent, à travers notamment la recherche d’une certification ISO 9001 (norme qui établit les exigences relatives à un système de management de la qualité), vers une meilleure maîtrise de l’organisation de leur assurance qualité, il n’en demeure pas moins qu’il faille poursuivre cet effort en franchissant un autre palier, à savoir l’obtention d’une accréditation selon la norme EN ISO/CEI 17025, c’est-à-dire la vérification de la compétence et l’aptitude d’un laboratoire à réaliser des mesures.
Parce qu’une démarche d’accréditation selon la norme EN ISO/CEI 17025 peut devenir contraignante et coûteuse pour un laboratoire, notamment si celle-ci est mal appréhendée, il est proposé à travers cet article de partager les enseignements tirés d'une expérience d’accréditation. Nous apporterons les éléments de réponse aux questions suivantes :
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comment procéder pour mettre sous gestion métrologique les instruments de mesure « critiques » pour l’essai ?
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quelles sont les sources d’influence qui impactent la qualité de la mesure ? comment les identifier/appréhender ?
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comment améliorer en continu la qualité des mesures ?
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comment maîtriser la compétence des personnels agissant sur des étapes critiques du processus ?
Enfin, parce qu’il est nécessaire de garantir également le bon fonctionnement du système de management de la qualité d’un laboratoire, cet article aborde aussi un retour d’expérience des pratiques d'un laboratoire en matière de reporting, d’audit interne, de gestion et de veille documentaire.
Nota
le lecteur trouvera en fin d'article un glossaire des termes et expressions importants de l'article ainsi qu'un tableau des abréviations utilisées tout au long de l'article.