L’industrie pharmaceutique moderne dispose de différentes routes d’administration et formes pharmaceutiques dans le but de délivrer les principes actifs au site d’action. Parmi ces routes, la voie orale est la plus employée avec en particulier l’usage des formes comprimé et gélule. À ses côtés, on trouve les voies topique, parentérale, et rectale. Cette dernière est l’une des plus anciennes routes d’administration avec comme principales formes pharmaceutiques, les lavements et les suppositoires.
La Pharmacopée Européenne (PE) définit le suppositoire comme étant une préparation unitaire solide dont la forme, le volume et la consistance sont adaptés à l’administration rectale.
Les suppositoires peuvent contenir une ou plusieurs substances actives dispersées ou dissoutes dans la masse suppositoire. Ces masses sont soit hydrophiles et se dissolvent ou se dispersent au contact de l’eau de l’ampoule rectale, soit lipophiles et fondent à la température rectale. Les masses pour suppositoire référencées dans la PE sont les macrogols et les mélanges gélatineux, pour les masses hydrophiles, et les glycérides hémisynthétiques et le beurre de cacao, pour les masses lipophiles. Les Pharmacopées Américaine (USP) et Japonaise (JP) définissent également le suppositoire comme une forme pharmaceutique adaptée à l’administration dans le rectum ou la cavité vaginale. Les masses pour suppositoires utilisables sont identiques à celles décrites par la PE avec, en outre, les huiles végétales hydrogénées et les esters d’acides gras et de polyéthylène-glycols (PEG).
Les suppositoires sont classiquement produits par moulage soit dans des moules métalliques à l’échelle laboratoire, soit directement dans des blisters en plastique ou en aluminium à l’échelle industrielle. La PE décrit également de nombreux tests pharmacotechniques pour vérifier la qualité et la fonctionnalité de ces formulations.
Si le suppositoire n’est pas la forme galénique préférée des patients, il n’en demeure pas moins qu’il est incontournable lorsque le patient n’est pas en état d’avaler un comprimé (nourrisson, personne âgée ayant des problèmes de déglutition, adulte présentant des vomissements…). Les populations pédiatrique et gériatrique sont particulièrement ciblées par cette forme galénique.
Les principaux actifs vendus sous forme de suppositoires pour un effet local sont la glycérine ou le bisacodyl contre la constipation ou encore la mesalazine pour le syndrome du côlon irritable. Pour un effet systémique, on retrouve principalement paracétamol, ibuprofen, diclofénac et l’oxycodone contre la douleur et la fièvre .
Le marché des suppositoires reste cependant un marché de niche avec une faible croissance. Le taux de croissance annuel des bases pour suppositoire est estimé à 2,7 % au niveau mondial et 3,2 % en Europe (source : https://www.researchdive.com/406/fatty-bases-for-suppositories-market).
La croissance repose sur les efforts faits pour une meilleure formulation des suppositoires afin d’augmenter la biodisponibilité des actifs ouvrant de nouvelles perspectives, l’augmentation significative de la population gériatrique mondiale d’ici 2050 et la mise sur le marché de spécialité pédiatrique ciblant les populations en développement (par exemple pour le traitement de la malaria).
Dans cet article, nous présentons tout d’abord les matières premières utilisées dans les suppositoires lipophiles et hydrophiles ainsi que les critères de choix de ces excipients. Puis nous détaillons les méthodes pharmacotechniques de formulation, de fabrication et de contrôle de la qualité des suppositoires par des méthodes pharmacotechniques. Enfin, nous évoquons la physiologie de la voie rectale, les modes d’action et les avantages thérapeutiques des suppositoires.